Mehdi Nebbou gagne à être reconnu
Cet acteur bien trop discret dans le cinéma français a déjà une belle carrière internationale. Touchant dans RueMandar, on aimerait le voir plus souvent à l’écran. Depuis New York où il était en tournage, Mehdi Nebbou nous répond sans tabou.
Puisque c’est le début de l’année et que la base line de RueMandar est Pour que l’année soit douce, que peut-on vous souhaiter ?
Oh et bien… une année heureuse, créative, drôle, sereine, pleine d’amour, de chance et de santé !
Vous avez beaucoup tourné et habité à l’étranger, quel est votre port d’attache ?
Berlin et Paris sont les deux villes où je vis. J’aime Berlin parce que les gens y sont détendus, les classes sociales se mélangent entre elles, la vie y est douce, plus sereine. Paris est une ville plus dure, mais sa beauté est aussi plus envoûtante. Mais, sur le long terme, ce qui fait que je retourne dans une ville plus que dans une autre, ce sont les amis chers qui vivent dans cet endroit.
Quel est le trait du personnage de Simon dans RueMandar qui vous ressemble le plus ?
De croire en l’amour encore et toujours. Et d’éprouver une certaine fascination pour le passé.
Le public français ne vous connaît pas encore très bien, pourtant vous avez tourné avec les plus grands, ça vous agace d’être un très bon second rôle ?
Non pas du tout au contraire, je suis très heureux de vivre mon rêve de gosse, de pouvoir faire un métier que j’aime. Je voulais être Jean-Paul Belmondo quand j’étais petit. Et trente ans plus tard je suis comédien. En plus, j’ai la chance de pouvoir travailler avec des artistes que j’admire, pour certains depuis longtemps et de continuer à apprendre aussi grâce à eux. C’est un cadeau. Ce qui m’agacerait ce serait que ça s’arrête !
Vous avez joué dans Munich de Spielberg et Mensongesd’Etat de Ridley Scott, qu’est-ce qui vous a marqué chez eux ?
L’enthousiasme immense qu’ils ont à faire leur métier. C’est impressionnant de voir à quel point, chacun à sa façon, ils sont heureux sur un plateau. On pourrait se dire qu’après toutes ces années, une certaine routine ait pu prendre le dessus… Et bien pas du tout, c’est tout le contraire. Les années ne semblent avoir rien enlevé au plaisir qu’ils prennent à faire leur métier. Cette passion se dégage d’eux et toute l’équipe en profite. De toute façon, je crois que, quelque soit le métier qu’on fasse, il y a quelque chose de très généreux et communicatif chez les gens passionnés.
Pour vous, c’est quoi cette « exception culturelle française » dont on parle tant ?
Vous parlez de « l’exception culturelle » qui se veut défendre les différences face à la globalisation culturelle ou bien celle qui stigmatise un certain orgueil ? Parce que, la première me parait nécessaire, la deuxième moins. Après, si vous parlez des fonds de soutien en France qui sont alimentés par les plus gros succès dans le cinéma et qui permettent de financer des projets plus confidentiels, je trouve que c’est fondamental et il faut que ça reste ainsi. Mais, je trouve quand même que le terme « diversité culturelle » est plus classe qu’ « exception culturelle».
Quel est le film que vous avez regretté d’avoir refusé ?
LaDolceVita de Fellini… j’étais trop impressionné !
Un temps devant, puis derrière la caméra, puis de nouveau à l’écran, où vous plaisez-vous le mieux ?
Je trouve les deux passionnants, complémentaires. Mais en vrai, c’est dans les bras de la femme que j’aime, pas loin d’une cheminée si c’est l’hiver, où je me plais le mieux.
Qu’est-ce qui vous fait sourire dans le milieu du cinéma ?
Les sourires et les gens souriants ! C’est vrai quand on me sourit en général, ça me fait sourire. Pareil quand quelqu’un baille, ça me fait bailler.
Trois films de votre « DVDthèque » que vous repassez en boucle ?
Huitetdemi de Fel l ini, Opening night de Cassavettes et Requiempour unmassacre de Klimov.
La dernière déception qui vous a fait quitter une salle de projection ?
Argo, le film de Ben Affleck. On dirait une version pseudo intellectuelle de RamboII.
Enfin pour quel réalisateur diriezvous « oui » sans condition ?
David Lynch.