Infrarouge

Simon Horwitz

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Toute son enfance fut imprégnée des plats mijotés de sa grandmère et des viandes grillées de son père. Simon Horwitz a donc rapidement su quelle serait sa voie. Après un petit boulot d’été dans un restaurant, il entre à l’École Ferrandi : « je ne voyais pas le temps passer, je trouvais la cuisine géniale, ce fut une évidence » . Il se forme auprès de grands chefs dans de belles maisons où il apprend les produits et la technique : l’Oustau de Beaumanièr­e auprès de Sylvestre Wahid, le Balzac à Paris chez Pierre Gagnaire. Il a cependant un projet en tête depuis de nombreuses années. « En démarrant dans ce métier, je savais que l’aboutissem­ent ne serait pas d’être chef dans un restaurant ou un hôtel. Je voulais ma propre affaire. » Volontaire et décidé, par deux fois il prend part à des projets d’ouverture aux États- Unis, qui n’aboutiront malheureus­ement pas. Déçu mais jamais abattu, il passe huit mois chez son ami Bertrand Grébaut chez Septime, après sa première déconvenue : « Bertrand m’a apporté une vision différente. J’ai compris que l’on pouvait faire du gastro à moindre prix en cassant les codes. » Après le second échec américain, il assouvit ses rêves de voyage et part prendre l’air.

LE GOÛT DU VOYAGE

Pendant un an, Simon Horwitz parcourt une dizaine de pays et s’arrête plus longuement au Mexique, au Pérou, au Japon et en Australie pour y travailler. Il y découvre des cuisines de terroirs différents, des produits, fait des rencontres et s’adapte aux cultures variées : « j’avais besoin de cette ouverture sur le monde, j’étais loin de mesurer à quel point ce voyage forgerait ma personnali­té et ma vision de la cuisine » . Particuliè­rement marqué par son passage au Pérou, où il trouve un dynamisme communicat­if et de très bons produits qu’il ne connaissai­t pas, et par le Japon, où il s’initie à la cuisine traditionn­elle nipponne avant d’enchaîner avec des tables étoilées, il mûrit son projet et remplit son carnet de saveurs. Ces expérience­s ont renforcé son goût pour l’authentici­té des produits, la conviviali­té des grandes tablées et les plats à partager. Aujourd’hui, chez Elmer, il prodigue une cuisine française créative et marquante, par l’intégratio­n de quelques saveurs d’ailleurs et des associatio­ns surprenant­es, à l’instar de son tartare de veau, rhubarbe, kimchi et jaune d’oeuf fumé ou encore de son cabillaud de petit bateau, ortie, céleri et guindillas ( piments rouges).

LA CUISINE PARTAGEUSE

Les deux maîtres mots de son restaurant sont « partage » et « conviviali­té » . Et ce ne sont pas que des concepts : une cuisine ouverte laissant apparaître barbecue et rôtissoire­s, des pièces à partager à la carte, de grandes tables. « Je rêvais d’un lieu vaste et joyeux, le plus convivial possible. Au début, je voulais carrément avoir un barbecue géant au centre du restaurant où chacun aurait pu faire cuire sa viande, mais au vu des contrainte­s, cela n’a pas été possible ! » . Il voue un vrai culte aux cuissons qu’il a beaucoup étudiées durant ses voyages. Le barbecue lui tient à coeur et avec son équipe, il travaille sans cesse sur les jeux de chaleur et les différents bois utilisés : « cela apporte des parfums que l’on n’aurait pas autrement » . On l’aura compris, la cuisine ouverte ne répond pas à un phénomène de mode. Elle permet au client de profiter des coulisses et à la brigade d’avoir un oeil sur la salle, de se déplacer et d’aller à la rencontre des clients. Six mois après l’ouverture de son restaurant, les récompense­s et les prix tombaient. Face au succès de son lancement, Simon Horwitz garde les pieds sur terre et ne cesse de se remettre en question. Très exigeant, il met la barre haute et cherche à améliorer le moindre détail. « On a des choses à peaufiner pour que tout soit fluide. Je n’aurai de sentiment d’accompliss­ement qu’après des années de maison, si mon restaurant est rempli et que les clients reviennent. » C’est tout ce qu’on lui souhaite.

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