Infrarouge

Louis Garrel

Mystérieux, sensuel, viril, troublant… Les adjectifs s’amoncellen­t autour du fatal séducteur Louis Garrel. Retour sur son cas, alors que sort sur les écrans Mal de pierres, de Nicole Garcia.

- Par Olivier De Bruyn

À force de séduire et séduire encore, il fallait bien que Louis Garrel finisse un jour par interpréte­r un pur fantasme. Une sorte d’homme idéal qui, comme il se doit, jongle avec les antonymes : puissance et fragilité, délicatess­e et virilité, évidence et mystère, on en passe… Le tout sans jamais donner l’impression d’obéir à une quelconque stratégie. Garrel ou le genre séducteur qui fait mine de ne pas s’en apercevoir. De quoi aimanter les filles, même si le genre les énerve. Et assurément de quoi exaspérer le mâle lambda, irrité par ce mec couvert de femmes dans ses films et dans sa vie ( Valeria Bruni Tedeschi, Golshifteh Farahani, Laetitia Casta).

OBJET RÊVÉ

Louis Garrel, pur fantasme ? C’est chose faite dans

Mal de pierres, de Nicole Garcia. Un film dans lequel la cinéaste dirige l’acteur dans la peau délicate d’André Sauvage, qui traîne ses blessures et son vague à l’âme dans une clinique de la France des années cinquante. En ces lieux, Sauvage suscite la pâmoison d’une jeune femme, Gabrielle, agitée par une sensualité que les autres jugent « débordante » . Gabrielle brûle son esprit ( et pas que) auprès de ce Sauvage qui est à la fois homme de chair et merveilleu­x objet rêvé. Si le personnage n’est peut- être pas celui qu’on croit, Louis Garrel, lui, maîtrise de toute évidence la gamme complète du séducteur : rebelle et dandy, intelligen­t et animal, érotique et cérébral, doux et dur. Avec ce soupçon de perversité qui laisse augurer de sulfureuse­s étreintes sous la couette. Ou dessus… Et ça marche !

EXQUISE DÉSINVOLTU­RE

Depuis une décennie, l’acteur séduit les spectatric­es en promenant son exquise désinvoltu­re dans les films les plus tendance de l’époque. Des films dans lesquels il fait tomber comme des mouches les héroïnes qui frôlent sa singulière personne. Les comédienne­s se bousculent au portillon pour tomber : Eva Green dans Les Innocents, de Bernardo Bertolucci, Ludivine Sagnier et Clotilde Hesme dans Les Chansons

d’amour, de Christophe Honoré, Marion Cotillard dans Mal de pierres.

SURPRENDRE, C’EST PLAIRE

Avec sa belle gueule, son beau mètre 83 et sa belle filmograph­ie 100 % auteuriste, Louis Garrel, trente- trois ans, aurait pu sombrer dans la caricature exaspérant­e du beau gosse arrogant, parisien et vain. Il a parfois frôlé la ligne rouge mais a échappé au pire : devenir l’icône d’une saison puis lasser. Surprendre, c’est ( souvent) plaire. Lucide, l’homme, avec distance et humour, a emprunté les chemins de traverse en cultivant le secret – il s’exprime peu dans les médias –, a joué habilement avec son image ( sa prestation hilarante dans Mon roi, de Maïwenn, le prouve) et, surtout, a accompli des choix qui prouvent qu’il ne mise pas que sur sa mine de ténébreux irrésistib­le.

BIENTÔT GODARD

L’ an passé, il a ainsi signé ses débuts de réalisateu­r avec Les Deux Amis, une comédie aérienne qui prohibe l’esprit de sérieux. L’ an prochain, on le retrouvera à l’affiche du Redoutable de Michel Hazanavici­us ( The

Artist). Il y incarnera un certain Jean- Luc Godard, en 1966, alors que le cinéaste de la Nouvelle Vague navigue amoureusem­ent entre Anna Karina et Anne Wiazemsky, deux actrices, deux muses, deux beautés. Le film s’annonce comme charmeur et stylé, joli à regarder et un poil mystérieux. Garrellien, en quelque sorte.

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