Books en stock
Parce que les livres ne servent pas qu’à caler les armoires, voici notre sélection de nouveautés littéraires pour frissonner, voyager, rêver et faire le plein d’émotions fortes.
Africa dreams
Tracy, une ancienne infirmière militaire, Russel, un chasseur de fauve sur le retour, et Diolo, leur boy aux allures de sorcier, sont engagés par la fille d’un milliardaire pour retrouver l’avion de papa, qui se serait écrasé dans la canopée, non loin du fleuve Congo. Et qu’allait-il fabriquer là-bas, le vieux briscard ? Faire la lumière sur une rumeur selon laquelle Hitler n’aurait pas avalé sa chique à Berlin, dans son bunker, mais se serait enfui en Afrique à bord d’un sous-marin pour monter un laboratoire secret en territoire pygmée. Ça valait la peine d’aller vérifier ! Un roman ébouriffant et jouissif. On se croirait revenu à l’époque des Bob Morane. Merci, maître Brussolo !
La Porte d’ivoire de Serge Brussolo, éditions du Masque, 8,20 €.
Sherlock à la sauce steampunk
Réutiliser des héros littéraires qui appartiennent au patrimoine culturel mondial est un pari casse-gueule. En voulant s’y frotter, certains romanciers et bédéistes ont mordu la poussière, tandis que d’autres ont pour jamais marqué les esprits : les lecteurs se souviennent avec bonheur du twist final de L’Ultime Défi de Sherlock Holmes (Michael Dibdin) ou encore de la jouissive érudition du Crime étrange de Mr Hyde (Jean-Pierre Naugrette). Si cet album de Duval et Pécau n’atteint pas les sommets de la série Holmes de Brunschwig et Cecil (Futuropolis), ils s’en tirent néanmoins avec les honneurs. Tout y est : les fumeries d’opium, un automate joueur de cartes et, surtout, un méchant très méchant. La suite au tome 2, prévu en avril prochain.
M.O.R.I.A.R.T.Y. de Fred Duval, Jean-Pierre Pécau, Stevan Subic, Scarlett, éditions Delcourt, prix 15,50 €.
Dumas vs Hugo
Quand deux monstres sacrés du polar français – les dénommés Pouy et Raynal – allient leur mordant pour livrer une histoire de vengeance, le résultat n’est pas piqué des vers. Les plus doctes auront remarqué que le nom du personnage-titre est un hommage à Hugo et son Homme qui rit, lui aussi animé par une sombre pulsion de revanche. On raconte que Gwynplaine, via l’adaptation hollywoodienne de 1928, aurait inspiré Stan Lee pour son personnage du Joker. Le pitch ? Erwan Le Dantec recouvre la liberté après quinze ans injustement passés dans un cachot en Guyane. À sa sortie, il se fait retaper la trombine – à la Monte-Cristo – et n’a plus qu’une idée en tête : éliminer un à un tous les salauds qui l’ont trahi. Pouah, c’est bon !
Lord Gwynplaine de Jean-Bernard Pouy et Patrick Raynal, éditions Albin Michel, 23,90 €.
Lazare, lève-toi !
Avouons-le : le nom de Feldrik Rivat nous était inconnu, et c’est d’abord la splendide couverture du livre qui nous a tapé dans l’oeil. Comme, en outre, nous éprouvons une tendresse particulière pour les éditions Libretto, qui fête leurs 20 ans et dont le catalogue ne souffre d’aucune faute de goût, on avait hâte de s’y plonger. Grand bien nous en a pris ! Dans les frimas de l’hiver 1888, Paris voit ses morts les plus célèbres disparaître les uns après les autres de leur sépulcre. Derrière ce mystère funèbre plane l’ombre d’une organisation du nom de « Chrysanthème noir ». Mais pas de panique, l’inspecteur Eudes Lacassagne et son adjoint Louis Bertillon veillent au grain. Une belle découverte.
La 25e Heure de Feldrik Rivat, éditions Libretto, 12,80 €.
Plat de résistance
C’est ni plus ni moins l’un des événements littéraires de cette rentrée, et pourtant le roman date de 1947… Inédit en France jusqu’à ce jour, Berlin Finale est la première oeuvre post-Seconde Guerre à retracer la vie des Berlinois et leur rapport au nazisme finissant. Tout commence le 14 avril 1945 lorsque Joachim Lassehn, déserteur de 22 ans, pénètre par hasard dans le café d’Oskar Klose. Ce qu’il ignore, c’est que le tenancier est le responsable du quartier général de la résistance et que, grâce à lui, le jeune homme va entrer en contact avec ces Allemands de l’ombre qui n’ont jamais cessé de lutter contre le nihilisme. Surtout, ne soyez pas rebuté par la grosseur du bouquin (867 pages) ! Un témoignage unique. Berlin finale de Heinz Rein, éditions Belfond, prix 23,00 €.
Le temps qui danse
Pour son cinquième roman, Zadie Smith retrace le parcours de deux métisses nées dans l’Angleterre des années 1980. À la fois semblables – peau couleur café parsemée de taches de rousseur – et tellement différentes, les deux amies, qui se sont rencontrées durant un cours de danse et entretiennent une relation quasi fusionnelle, ont une seule ambition : devenir danseuses. Leur idole étant Fred Astaire, elles passent leur temps à visionner les scènes cultes de leurs films préférés. Avec tendresse, la star des lettres d’outre-Manche, née d’un père anglais et d’une mère jamaïcaine, suit le parcours de ces deux gamines, de leurs premiers pas de danse aux premières salves d’applaudissements. Une oeuvre attachante et rafraîchissante. Allez, on danse ?
Swing Time de Zadie Smith, éditions Gallimard, 23,50 €.
“La jungle, masquant l’horizon, lui fit l’effet d’un pubis de femme en chaleur.” Serge Brussolo