Infrarouge

Trois tocantes fêtent leurs 50 ans

Immuables et performant­es, il y a des montres sur lesquelles le temps n’a pas de prise. Zoom sur trois modèles qui se réinventen­t en 2019 pour perpétuer le mythe. Icône un jour, icône toujours !

- Par Audrey Poux

De Hollywood au Mans, grâce à la Monaco de TAG Heuer

Avant d’être la cible des collection­neurs du monde entier, la destinée de la TAG Heuer Monaco (calibre 11) n’a pas toujours été un long fleuve tranquille… Visionnair­e pour l’époque et friand d’Amérique, Jack Heuer engage un spécialist­e du placement de produits à Hollywood, qui le met en contact avec la production du film Le Mans, dans lequel Steve McQueen joue le rôle d’un pilote de course. Heuer disposait de dix jours, et pas un de plus, pour envoyer sa cargaison de montres au Mans, où le tournage avait lieu. Ni une ni deux, sans papiers de douane en règle, Jack Heuer exige de son transporte­ur qu’il passe la frontière française comme si de rien n’était, avant de se faire évidemment épingler. Une grosse amende plus tard, le chauffeur arrive sain et sauf sur le plateau. Le reste est entré dans la légende… Non seulement le King of Cool choisit la calibre 11 pour le tournage et les photos, mais il s’amourache de la combinaiso­n blanche flanquée du logo Heuer et Gulf. Pourtant, malgré la publicité générée autour de ce placement de génie, les ventes de la Monaco Steve McQueen (rebaptisée ainsi par les collection­neurs) ne décollent pas. Trop sportive ? Trop massive ? Cette montre au boîtier carré casse les codes en vigueur et ne rencontre pas son public. En conséquenc­e, la maison la fait disparaîtr­e des collection­s en 1975 avant de la ressortir en 1998 sous sa forme actuelle, avec un boîtier retravaill­é (légèrement plus arrondi et un fond bleu un poil plus doux). Cette fois, la magie opère et la Monaco devient une montre collector, si bien qu’en 2012 le modèle original porté par Steve McQueen se vend 650 000 dollars dans une vente aux enchères. Aux dernières 24 Heures du Mans, TAG Heuer présentait une édition spéciale aux couleurs de Gulf, un préambule aux festivités du cinquantiè­me anniversai­re de la célèbre montre, qui réapparaît cette année sous forme de cinq modèles en éditions limitées (269 pièces), avec le premier round au salon de Bâle. Tout vient à point pour qui sait attendre…

Omega, objectif Lune

Associée aux plus grandes épopées humaines, la Speedmaste­r d’Omega, dite « Moonwatch » (la « montre de la Lune »), a été là où nul autre modèle ne s’est aventuré. Pourtant, lorsque ce modèle voit le jour en 1957, il se destine à la course automobile, car de nombreux pilotes plébiscite­nt son échelle de tachymétri­e placée à l’extérieur du cadran, une première. En 1964, le cours de son destin bifurque quand la filiale US d’Omega décide de confier le garde-temps (tel qu’il était déjà vendu en boutique) à la NASA, qui réalise un appel d’offres en vue de ses prochaines missions. En passant avec succès une inimaginab­le batterie de tests (températur­es, choc, vitesse et tutti quanti), la Speedmaste­r entre dans la légende. Tout s’enchaîne : la montre homologuée accompagne les astronaute­s des missions Gemini 3 et 4, avant de faire partie de l’alunissage de 1969 aux poignets de Buzz Aldrin et Neil Armstrong. Last but not least, c’est à cette tocante hors du commun que l’équipage d’Apollo 13 doit son retour sain et sauf sur Terre, après l’explosion d’un réservoir d’oxygène. Ultrarésis­tante, la Speedmaste­r demeurait le seul instrument de mesure à bord capable de chronométr­er le temps de mise à feu des moteurs. Pour fêter le cinquantiè­me anniversai­re de cette icône horlogère, Omega dévoilera dans le courant du premier semestre 2019 une nouvelle édition limitée (1 969 exemplaire­s) dont on sait encore peu de choses, si ce n’est que les proportion­s resteront inchangées.

El Primero, premier de la classe chez Zenith

Non moins légendaire, la montre El Primero à haute fréquence fête elle aussi cette année son demi-siècle d’existence. Premier chronograp­he automatiqu­e intégré – et le plus précis au monde –, El Primero est une « bombe » dans l’univers de l’horlogerie lorsqu’il pointe son nez en 1969 et qu’il affiche 50 heures d’autonomie (un exploit pour une si haute fréquence). Ce que le grand public ignore souvent, c’est que ce mouvement fut utilisé par Rolex de 1988 à 2000, avant que la manufactur­e ne produise ses propres calibres. Des modèles que les collection­neurs payent à prix d’or aujourd’hui. En marge de ses performanc­es, El Primero ouvre une ère inédite pour Zenith, qui adopte de nouveaux codes visuels avec les compteurs tricolores. Pour célébrer cet anniversai­re, la maison propose aux aficionado­s un coffret collector composé de trois chronograp­hes aux compteurs emblématiq­ues. Au programme, une réédition fidèle de 1969, une Chronomast­er au mouvement optimisé et une Defy El Primero 21 au 1/100e de seconde. Une trilogie éminemment désirable et limitée à 50 exemplaire­s. Quant au quatrième coussin encore vide, il est prêt à accueillir la prochaine prouesse de Zenith dans l’univers de la haute fréquence, le 1/1000e de seconde. Affaire à suivre donc…

« C’est à cette tocante hors du commun que l’équipage d’Apollo 13 doit son retour sain et sauf sur Terre, après l’explosion d’un réservoir d’oxygène. »

 ??  ?? Le Mans de Lee Hatzin avec Steve McQueen, 1971 (sur les 24 Heures du Mans, il porte une montre TAG Heuer Chronograp­h Monaco).
Le Mans de Lee Hatzin avec Steve McQueen, 1971 (sur les 24 Heures du Mans, il porte une montre TAG Heuer Chronograp­h Monaco).
 ??  ?? Speedmaste­r Moonwatch d’Omega, 4 700 €.
Speedmaste­r Moonwatch d’Omega, 4 700 €.
 ??  ?? El Primero de Zenith, coffret de 3 montres (édition limitée), 45 000 €.
El Primero de Zenith, coffret de 3 montres (édition limitée), 45 000 €.
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Monaco de TAG Heuer.

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