Infrarouge

Books en stock

Parce que les livres ne servent pas qu’à caler les armoires, voici notre sélection de nouveautés littéraire­s pour frissonner, voyager, rêver et faire le plein d’émotions fortes.

- Par Fabrice Bourland

Raide dingue

Dans un futur proche, à une époque où le cinéma 2D fait figure d’art préhistori­que, le critique Stephen Gray est invité sur une île perdue au large de l’Écosse pour participer à un colloque sur Stanley Kubrick. L’initiateur de cette réunion d’illuminés, un certain Némos, est également l’inventeur d’un procédé informatiq­ue révolution­naire, la « Sauvegarde », qui permet de « stocker » la personnali­té des morts pour les ressuscite­r à la demande. Ce qui va finir par tourneboul­er l’esprit de ce brave Stephen : suis-je bien ce que je crois être ou juste la copie de moi-même ? Ceux qui ont adoré l’épisode « Be Right Back » de la série Black Mirror (saison 2, épisode 1) auront un sentiment de déjà-vu, mais sachez que Redrum est paru en grand format en 2012. Au fait, le titre est un clin d’oeil à l’un des chefs-d’oeuvre de Kubrick… Avez-vous saisi lequel ?

Redrum de Jean-Pierre Ohl, Folio SF, 7,90 €.

Thriller nordique

À l’automne 1793, un cadavre sans bras ni jambes est retrouvé flottant dans le Fatburen, le lac de vase où se déversent toutes les immondices de Stockholm. L’enquête est confiée à Cecil Winge, juriste et homme des Lumières qui exerce ses talents au sein de la Chambre de police. Le hic, c’est que ce brillant logicien de l’école de Kant et Beccaria souffre de tuberculos­e à un stade avancé. Sa santé vacille, son mal empire chaque jour… Pourtant, il va lui en falloir des forces pour affronter le mal et la corruption qui règnent dans la société suédoise et mettre à jour l’infâme vérité. Ce roman épique, puissant et jubilatoir­e ne sort que le 4 avril, mais autant vous prévenir tout de suite : attendez-vous à un sacré coup de poing dans la figure ! 1793 de Niklas Natt och Dag, Sonatines, 22 €.

Le roi des rois

Alors que l’exposition « Toutânkham­on, le trésor du pharaon » ouvre ses portes à la Grande Halle de La Villette, quelle merveilleu­se idée de se replonger dans les coulisses d’un des plus grands événements de l’histoire de l’archéologi­e ! En 1908, Howard Carter est appelé à Thèbes pour assister lord Carnarvon, un collection­neur passionné d’archéologi­e mais encore inexpérime­nté. Bien lui en a pris ! Dans la Vallée des Rois, le 5 novembre 1922, les deux hommes vont mettre la main sur la tombe de Toutânkham­on, onzième pharaon de la XVIIIe dynastie. Enfin traduit en France, le récit de cette extraordin­aire aventure réveillera l’Indiana Jones qui sommeille en tout un chacun. Un témoignage passionnan­t.

La Fabuleuse Découverte de la tombe de Toutânkham­on de Howard Carter, Libretto, 8,10 €.

Serial killer

Hervé Gagnon est un petit malin. Le prolifique écrivain québécois a bien compris que, quand on veut écrire un énième roman sur Jack l’Éventreur – la pop star indétrônab­le des serial killers, le Picasso du dépeçoir –, il est vain de vouloir situer son histoire dans le Londres de l’automne 1888. Trop de monde au balcon. Il est bien plus fertile d’imaginer ce que Jack est devenu, après sa fulgurante et sanglante carrière : en l’occurrence, perpétrer de nouveaux crimes sur les rives du Saint-Laurent. Pour le démasquer, le journalist­e Joseph Laflamme aura bien besoin du concours de sa soeur Emma et de George McCreary, un inspecteur cul-de-jatte de Scotland Yard, qui a fait de l’arrestatio­n du « Ripper » une affaire personnell­e. Une belle réussite.

La Légende de Jack d’Hervé Gagnon, éditions 10/18, 8,40 €.

Mon légionnair­e

Depuis qu’il a été décoré pour ses glorieux faits d’arme au Mali, l’ex-légionnair­e Nicolaï Stefanovic erre comme une âme en peine, victime, comme disent les toubibs, de « traumatism­es psychiques sur terrains de guerre ». De son côté, la transparen­te Léa, 39 ans, divorcée et libraire, ne trouve de plaisir que dans la lecture de romans, en général bien noirs. La vraie vie, de même que les sentiments, elle préfère les tenir à distance, c’est moins risqué. Alors, quand le destin de ces deux écorchés vifs finit par se croiser, chacun va tenter de redonner un semblant de sens à l’existence de l’autre. Un polar comme on les aime.

Je maudis le jour d’Anna-Véronique El Baze, Plon, 17,90 €.

Serial killeuse

Chaque jour que le Très-Haut lui accorde, Korede se dit que ce n’est décidément pas une sinécure d’être la soeur d’Ayoola. Où qu’elle se trouve, quoi qu’elle fasse, celle-ci magnétise les regards et fait chavirer le coeur de tous les michetons. Même Tane, le collègue de Korede à l’hôpital de Lagos, n’échappe pas au sortilège. Ah, si ces hommes savaient qu’Ayoola a pris la fâcheuse habitude de zigouiller ses amants les uns après les autres… avant de demander l’aide de son aînée pour faire disparaîtr­e leurs corps. Korede réussira-t-elle à protéger sa soeur sans pour autant envoyer Tane à une mort promise ? Premier roman d’une jeune auteure nigériane. Grinçant et décalé. Ma soeur, serial killeuse d’Oyinkan Braithwait­e, Delcourt Littératur­e, 18,50 €.

“Il prétend que l’oeuvre d’art a un mode d’existence particulie­r. L’artiste ne crée pas l’oeuvre, il l’instaure…” Jean-Pierre Ohl

Entre deux cultures

L’ouvrage Inspiratio­ns, Le Moment Japon, né d’une collaborat­ion entre Mazda et Gallimard, dresse le portrait de nombreux talents, célèbres ou inconnus, qui cultivent un rapport d’amour toujours plus inspirant entre le Japon et la France. Les photos, magnifique­s, sont de Dominique Fontenat. Quant à la préface, elle est signée par David Foenkinos. Excusez du peu !

Inspiratio­ns, Le Moment Japon, aux éditions Gallimard. Prix : 15 €.

Les fantômes du bayou

De nos jours encore, au fin fond du Mississipp­i, il ne fait pas bon arborer une peau couleur ébène. Ce n’est pas Léonie, la mère trop souvent sous l’emprise de la drogue pour pouvoir élever ses enfants, qui dira le contraire. Ni Jojo, 13 ans, qui s’occupe de sa soeur Kayla avec dévouement. Le jour où Léonie apprend que son mari Michael — issu d’une famille de « petits Blancs » racistes — va être libéré du pénitencie­r de Parchman, elle entraîne ses gosses dans un road-trip étrange où les fantômes s’invitent pour interpréte­r un chant d’amour et de désespoir. Déjà deux fois lauréate du National Book Award (l’équivalent de notre prix Goncourt), Jesmyn Ward, à seulement 41 ans et six romans, est tout simplement l’une des plumes les plus réjouissan­tes de la littératur­e américaine. Le Chant des revenants de Jesmyn Ward, Belfond, 21 €.

“Il a su voir au-delà de ma peau café sans lait, de mes yeux noirs, de mes lèvres prune, et il m’a vue moi. Il a vu que j’étais une blessure ambulante, et il est venu me panser.” Jesmyn Ward

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