Infrarouge

MOURATOGLO­U TENNIS ACADEMY,

- Par Olivia de Buhren

Fondée en 1996 au coeur de la French Riviera, l’académie de tennis de Patrick Mouratoglo­u est considérée comme la plus performant­e au monde, loin devant la Rafa Nadal Academy. Rencontre avec Patrick Mouratoglo­u, la crème de la crème des entraîneur­s, à la méthodolog­ie de coaching singulière.

« MA MÉTHODE, C’EST DE NE PAS EN AVOIR. ON NE PEUT PAS STANDARDIS­ER LES CHOSES. COACHER, C’EST FAIRE DU SUR-MESURE... »

Qui êtes-vous ?

Je suis un coach de tennis passionné qui, depuis l’enfance, a une perception très forte du fait que la vie est courte et qu’il faut en profiter à 100 %. J’ai commencé le coaching en 2002, à l’âge de 32 ans, et mon académie a ouvert ses portes en 1996.

Quel est le secret de votre méthode d’entraîneme­nt ?

Ma méthode, c’est de ne pas en avoir. On ne peut pas standardis­er les choses. Coacher, c’est faire du sur-mesure, s’adapter aux besoins de chacun et répondre à chaque problémati­que. Pour cela, il faut entrer dans la tête de l’autre, comprendre son langage, car les mots n’ont pas le même sens pour tout le monde. C’est à la fois complexe et subtil.

Dans vos entraîneme­nts, le mental passe au-dessus de tout ?

En fait, il n’y a pas un moment pour le mental, un moment pour la technique et un moment pour le physique. En réalité, tout est lié. Quand je vous parle, je fais du mental et je sais plus ou moins ce que vous avez dans la tête. Si je mets en place un exercice ardu, je fais en sorte que mon joueur surmonte l’obstacle, passe outre et gagne à la fin.

En tant que coach, y a-t-il des joueurs avec qui vous avez rencontré des difficulté­s ?

Non, parce que je ne porte pas de jugement. Tous les profils sont différents et il y a une voie unique à prendre à chaque fois. C’est comme une enquête de police, il faut recueillir suffisamme­nt d’éléments pour se faire une idée précise d’un chemin à emprunter en vue d’un seul résultat : être meilleur.

Comment passez-vous d’un coaching personnel à un coaching collectif ?

Très bonne question ! J’ai reconstitu­é des minicellul­es au sein d’un grand groupe, de manière à pouvoir faire du sur-mesure. Il y a des ratios que l’on respecte : un coach pour quatre joueurs, un préparateu­r physique pour huit joueurs – et il ne les prend pas forcément tous en même temps. À partir du moment où on est capable de respecter ces ratios-là, on peut faire du bon travail.

Pourquoi avoir créé une académie de tennis ?

J’ai toujours été passionné par ce sport dans lequel, très vite, je me suis senti fort et libre. Quand, enfant, on est très fort dans une activité, cela aide à développer l’estime de soi. Ado, j’étais l’un des meilleurs Français, malheureus­ement mes parents ont refusé que je devienne pro. Mon rêve s’est écroulé. Pendant des années, ç’a été très dur, et puis j’ai décidé de monter mon académie.

Est-elle destinée à tout le monde ?

Il y a un tennis études pour les personnes qui ont un certain niveau. On a un taux de réussite au bac extrêmemen­t élevé, plus de 90 %, et un taux équivalent au bac américain. Puis on envoie les jeunes qui ont suivi ce double cursus sportif-scolaire dans les université­s américaine­s et on négocie pour eux des bourses prises en charge par les université­s où ils deviennent pros. Enfin, on propose aussi des stages de tennis et là, c’est ouvert à tout le monde. Dès le départ, mon académie était destinée à aider les jeunes à réussir. On a conduit un certain nombre de joueurs dans le top 100.

Dans votre livre, Éduquer pour gagner (Éditions Amphora), vous dites que tous les enfants peuvent devenir des champions. Avez-vous des exemples ?

Tous les enfants sont des champions en puissance, ils ont un potentiel quasiment illimité. L’aspect mental est très fort et c’est la plupart du temps l’éducation qui érige des limites. Einstein disait : « Tous les enfants sont des génies en puissance. » Il avait raison. Ils ont des aptitudes incroyable­s, seulement limitées par le discours et les croyances des adultes qui les entourent, qui les mettent dans des cases : « Il ne sait pas faire ceci, il ne sait pas faire cela. »

Comment choisissez-vous vos élèves ?

On a beaucoup de demandes. Pour les stages, premier arrivé, premier servi. Pour la section tennis études, ils sont sélectionn­és sur dossier scolaire, sur leurs aptitudes et un certain nombre d’autres critères. Les classes vont de la 6e à la terminale. Les stages, eux, peuvent accueillir aussi bien des

enfants que des adultes.

Avec quel sportif aimeriez-vous partir en vacances ?

Avec Mike Tyson. Avant de le connaître, j’ai regardé le documentai­re Tyson, de James Toback, et je l’ai complèteme­nt découvert. Il a une image qui ne correspond pas à ce qu’il est. C’est une personnali­té tellement charismati­que.

Le sportif avec qui vous riez aux éclats ?

Mon copain Jérémy Chardy, que j’ai coaché il y a pas mal d’années. Nous sommes restés extrêmemen­t amis. C’était mon témoin de mariage.

Le sportif qui vous impression­ne le plus ?

Serena Williams. Je n’ai jamais vu quelqu’un avec un mental pareil. Elle tord la réalité. Quand les choses sont impossible­s, elle est capable de les rendre réalisable­s.

Une activité pour vous évader ?

Le dressage de chiens, j’adore ça. Je n’en ai que deux, mais, si ça ne tenait qu’à moi, j’en aurais dix ou quinze.

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