RIVE GAU CHE
Château Calon-Ségur, la carte du sur-mesure
Au nord-ouest du village de Saint-Estèphe, en bord d’estuaire, la propriété prend son envol au XVIIIe siècle lorsque Nicolas-Alexandre de Ségur, surnommé « le Prince des Vignes » par Louis XV, l’acquiert. D’une superficie de 55 hectares, elle produit un troisième grand cru classé en rouge. Le château a été entièrement restauré en 2016 (avec une enveloppe de 30 millions d’euros) et la chartreuse XVIIIe, rénovée par l’architecte Alain de La Ville et la décoratrice d’intérieur Anne Derasse, brille par son sens de l’épure. L’arrivée d’un nouveau cuvier a également permis l’agrandissement des chais, signant la disparition des cuves en bois au profit de celles en inox qui entraînent plus de précision dans l’élevage des vins. Calon-Ségur (et sa célèbre étiquette, le château encerclé par un coeur) joue désormais dans la cour des grands. Une raison supplémentaire d’aller le visiter et de découvrir les trois pépites de la propriété : le Château Calon-Ségur, le Marquis de Calon-Ségur et le Saint-Estèphe de Calon-Ségur, ce dernier étant essentiellement issu des jeunes vignes du domaine.
Attention : visites et dégustations (trois millésimes au programme) sur réservation uniquement, la propriété préférant jouer la carte du sur-mesure. Domaine de Calon, 33180 Saint-Estèphe. Tél. : 05 56 59 30 08. calon-segur.fr
Château Gruaud Larose, le charme de la discrétion
Un classique (discret) de l’appellation Saint-Julien et un deuxième grand cru classé qui s’étend sur 82 hectares, juste à côté du village de SaintJulien-Beychevelle. Cette demeure élégante du XIXe siècle se distingue par sa façade, un avant-corps aux deux travées, qui donne sur des jardins taillés au cordeau. Une propriété aux deux tours également : l’ancienne, d’où était sonnée la cloche qui rythmait le travail sur la propriété, et une plus récente, érigée en 2014 par l’atelier bordelais Lanoire et Courrian. D’une hauteur de 21 mètres, dotée de deux escaliers et d’un ascenseur, elle délivre une formidable vision à 360 degrés sur le vignoble, les côtes du Médoc et l’estuaire. Comme une vigie pour le nouveau bâtiment semi-enterré, un espace dévolu au virage oenotouristique pris par la propriété. Le visiteur a le choix entre plusieurs parcours oscillant entre une et deux heures, qui permettent de découvrir les installations, les terroirs et, bien sûr, les deux vins du château.
À noter : l’offre de quatre grands millésimes (de 85 à 200 € par personne), idéale pour saisir l’essence de ce vin remarquable par sa constance. Enfin, un atelier est dévolu à l’apprentissage des vendanges (avec dégustation des différents cépages), qui s’achève par un déjeuner « vendangeur ». Compter une demi-journée pour l’ensemble.
Château Gruaud Larose, 33250 Saint-Julien-Beychevelle.
Tél. : 05 56 73 89 43. gruaud-larose.com
Château Pape Clément, le poids de l’Histoire
L’un des plus beaux satellites de la galaxie Bernard Magrez, peu avare en propriétés d’exception. La propriété de 32 hectares (cru classé de Graves en appellation Pessac-Léognan) doit son nom à son premier propriétaire, Gaillard de Goth, dont le frère Bertrand devint le pape Clément V en 1305. Elle est dans le giron de Bernard Magrez depuis les années 80, lequel a naturellement préservé l’architecture de l’édifice actuel qui date de la fin du XIXe siècle, tout en conservant l’aspect médiéval rappelant ses origines. Mais un gros travail a été effectué en 2003 avec l’ouverture d’un nouveau chai à barriques et, en 2007, avec la rénovation du cuvier et de ses spectaculaires cuves en bois de chêne.
Large catalogue des activités oenotouristiques : visites pédagogiques, dégustations classiques et verticales (195 €) sont au programme, tout comme des ateliers accords vins et mets (fromages, voire caviar, 99 €)… Les aficionados du tycoon bordelais peuvent ensuite continuer dans ses autres propriétés : Fombrauge, La Tour Carnet et Clos Haut-Peyraguet, dont la rénovation booste le Sauternais, belle endormie s’il en est… Château Pape Clément, 216, avenue du Dr Nancel-Pénard, 33600 Pessac. Tél. : 05 57 26 38 38. chateau-pape-clement.fr
Lagrange, un rêve d’architecture
Château Lagrange, une riche histoire… Fondée au XVIIIe siècle, la propriété (troisième grand cru classé en appellation Saint-Julien) est remarquable par son architecture. Sa tour de plan carré qui flanque le bâtiment principal aurait notamment été dessinée par Louis Visconti, l’architecte de l’empereur Napoléon III, auteur également du tombeau de Napoléon Ier aux Invalides. Racheté en 1983 par le groupe japonais Suntory, le château a connu depuis de nombreux réaménagements, dont la construction d’un nouveau chai. L’offre oenologique est conséquente et devrait encore s’étoffer à la rentrée. Cet été, les amateurs peuvent déjà suivre des visites guidées en dégustant trois millésimes différents des vins de la propriété (Les Arums de Lagrange, Les Fiefs de Lagrange et Château Lagrange, de 12 à 25 € par personne), voire des millésimes d’exception du château (50 € par personne). Enfin, les oenologues en herbe peuvent également participer à des ateliers afin de comprendre les subtilités des différents cépages et de l’art de l’assemblage. Créer son propre millésime, le rêve de tout amateur (forfait groupe de deux à six personnes, 300 €). Réservation obligatoire.
Château Lagrange, 33250 Saint-Julien-Beychevelle. Tél. : 05 56 73 38 38. chateau-lagrange.com
Cordeillan-Bages, nouveau souffle pour un classique
Propriétaire de Lynch-Bages, l’un des fleurons de Pauillac (grand cru classé), la famille Cazes a transformé le village de Bages en étape oenotouristique dont l’épicentre reste le Château Cordeillan-Bages, l’unique table étoilée du Médoc. Entièrement rénovée pour son trentième anniversaire, l’ancienne chartreuse, affiliée aux Relais & Châteaux, propose désormais vingt-quatre chambres et deux suites à la décoration contemporaine et où la transparence est le maître mot. Un parti pris judicieux qui offre une seconde jeunesse à ce classique médocain. Ce nouvel élan se retrouve aussi à la table gastronomique drivée par Julien Lefebvre, qui privilégie les produits locaux pour offrir une cuisine aux accents du Sud-Ouest (menus de 45 à 195 €). Carte des vins à la hauteur avec 1 800 références (30 % de crus bordelais) gérées de main de maître par Arnaud Le Saux. Excellent point de chute pour rayonner dans le Médoc (ou pour clore son périple), Cordeillan-Bages propose également de nombreuses activités oenotouristiques, en vélo au coeur du vignoble, par exemple, ou encore au Château Ormes de Pez (également propriété de la famille Cazes) avec des visites commentées et des dégustations… En attendant la fin de la rénovation, prévue en 2020, du chai, du cuvier et des espaces réceptifs de Lynch-Bages (chantier confié à l’architecte Chien Chung Pei). De belles surprises devraient en découler.
Château Cordeillan-Bages, route des Châteaux, 33250 Pauillac.
Tél. : 05 56 59 24 24. cordeillanbages.com
Château Kirwan, l’éventail des possibles
Cette propriété de 38 hectares construite dans la seconde moitié du XVIIIe siècle produit un excellent troisième grand cru classé de Margaux. Ayant connu d’importants travaux de rénovation depuis 2009 (ne pas manquer le nouveau chai et sa porte signée Anatoly et Kinga Stolnikoff), elle se distingue toujours par sa demeure classique construite sans ostentation (ce qui n’est pas toujours le cas rive gauche) et son superbe jardin dont la pièce maîtresse reste la roseraie. Côté oenotourisme, Kirwan s’avère à la pointe grâce à un catalogue de propositions extrêmement élaboré. Visites de la propriété et dégustations, bien entendu, avec un large éventail de tarifs et de millésimes, récents comme plus anciens (année de naissance, de mariage, etc.). Plus original, le circuit intitulé « L’Instant Kirwan & L’Éveil des Sens », soit quelques heures ou une journée entière dévolues à l’apprentissage du métier d’oenologue, atelier assemblage ou culinaire, voire création d’un parfum, bref, une immersion totale dans l’univers des arômes de vins de Kirwan.
Un conseil pour les hédonistes : opter pour la journée gourmande. Késaco ? Quatre propriétés complices de l’appellation Margaux se sont unies afin de proposer un circuit gourmand unique. La journée débute ainsi au Château Prieuré-Lichine pour écouter l’histoire de l’appellation et le fameux classement de 1855 avant de déguster une terrine d’esturgeon au caviar d’Aquitaine escortée par un blanc de la propriété. Les agapes se poursuivent au Château Rauzan-Gassies avec une horizontale de trois vins et des rillettes de canard au foie gras avant de bifurquer vers Kirwan pour un déjeuner accompagné des vins des quatre crus de la propriété. Dessert enfin au Château La Tour de Bessan autour de sarments de chocolat. Sans conteste, l’une des propositions les plus originales du Bordelais, à l’instar de l’autre repas en trois temps proposé entre les Châteaux Marquis de Terme, Lascombes et Kirwan autour du millésime 2012, le transfert entre les propriétés s’effectuant... en side-car (de 625 à 775 € par personne).
Château Kirwan, chemin de Kirwan, 33460 Cantenac. Tél. : 05 57 88 71 00. chateau-kirwan.com
« TOUJOURS LE VIN SENT SON TERROIR. » PROVERBE FRANÇAIS