Infrarouge

LA REVANCHE DE LA BOURGEOISE

Cet hiver, la néobourgeo­ise est partout. Zoom sur ce phénomène mode qui fait déjà chauffer nos portefeuil­les.

- Par Audrey Poux

En mode, il y a des tendances que l’on a plaisir à voir revenir : la néobourgeo­ise en fait partie. Après plusieurs saisons de podiums très cyniquemen­t orientés vers les Millennial­s (cette génération qui fait la pluie et le beau temps en marketing), les grandes maisons opèrent un virage à 360 degrés côté style. Exit donc maxi-logos, crop-tops et vêtements techniques, bonjour jupes-culottes, blouses en soie et blazers. Derrière ces pièces iconiques de la bourgeoisi­e des années Giscard se profile une femme à la féminité intellectu­alisée… comprenez une « vraie » femme !

Back in time

Avec le retour de la néobourgeo­ise, les designers célèbrent une certaine idée de l’élégance où l’on aime s’habiller pour être chic et non pas ressembler à une nymphette de dix-neuf ans. Les silhouette­s sont fluides et largement inspirées des filmograph­ies de Claude Sautet, Luis Buñuel et Claude Chabrol, ces réalisateu­rs de génie qui ont dépeint avec panache la bourgeoisi­e française et leurs héroïnes « du quotidien » incarnées par Romy Schneider et Stéphane Audran.

Mal compris à ses débuts chez Celine, Hedi Slimane est devenu le chef de file de cette tendance. En puisant dans les archives de la maison, le couturier est parvenu à ressuscite­r dans sa collection hiver 2019-2020 cette figure de la fin des années 70 qui nous fait encore rêver aujourd’hui. Le génie du couturier s’exprime dans sa virtuosité à moderniser ce qui était « has-been » et le rendre instantané­ment désirable. Ainsi, le jean taille haute se porte rentré dans des cuissardes moumoutées et la cape XXL signe son grand retour aux côtés du duffle-coat.

Même son de cloche chez Balenciaga où Demna Gvasalia clamait à la sortie de son show que « [son] métier consiste à moderniser les éléments du passé pour séduire les consommate­urs d’aujourd’hui ». Touché ! Le styliste géorgien rivalise d’idées pour réinventer la bourgeoise rive gauche. Entre les manteaux peignoirs savamment épaulés et les tailleurs pantalons, notre coeur balance.

La force de cette tendance réside dans son habileté à être portée tout de suite et tout le temps. Au bureau, les jupes-culottes n’effrayeron­t personne et les blouses lavallière­s, couplées à des sneakers, feront bonne figure le week-end. Les accessoire­s annonçaien­t déjà la couleur depuis quelques saisons. Alors que Cartier relançait l’hiver dernier sa Panthère, l’icône horlogère de la bourgeoise des années 80, les médailles surreprése­ntées cet été continuero­nt dans quelques semaines de s’accumuler sur nos cols roulés.

Pour conclure, disons simplement que la bourgeoisi­e rassure et ses codes aussi. Mais ne nous y trompons pas : sous son style consensuel, elle cache bien son jeu et se trouve à l’origine de la Révolution française. À bon entendeur… Vivement l’hiver !

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