LE MYSTÈRE TOMMY SHELBY
Un accent à couper au couteau, les côtés du crâne rasés et un penchant pour l’illégalité, Tommy Shelby, le héros de la série Peaky Blinders, n’a pas (sur le papier) toutes les caractéristiques d’un sex-symbol, pourtant les femmes n’ont plus que son nom à la bouche. Explications.
Peaky Blinders n’est pas une énième histoire de famille mafieuse. Il aura fallu attendre quelques années pour que cette saga, devenue culte en Grande-Bretagne depuis 2013, s’impose chez les Français, et surtout les Françaises. Inspirées d’une histoire vraie, les cinq saisons retracent les aventures de la famille Shelby et de son ascension sociale plus ou moins légale durant l’entre-deux-guerres à Birmingham. Outre les décors somptueux, la solidité du scénario et des tenues à couper le souffle, le charme de la série repose essentiellement sur les épaules charismatiques du chef de clan Shelby, l’ambitieux Tommy. Pensé comme le héros parfait, Tommy Shelby (alias Cillian Murphy dans la vraie vie) inspire autant les hommes qu’il fait rêver les femmes. Un véritable coup de génie des scénaristes.
Magnétique, audacieux et visionnaire
Si Tommy captive dès les premiers épisodes, ce n’est pas (seulement) en raison de ses yeux bleus et mélancoliques. Son attrait principal réside dans la modernité du personnage, qui revisite les codes du « mauvais garçon » à l’écran. A priori, de Fonzie (Happy Days) à Dylan (Berverly Hills), le bad boy est l’icône de fiction qui fait rêver les filles mais les désenchante aussi sec, car, avec le charisme et l’assurance, viennent aussitôt se greffer des traits de caractère nettement plus sombres. Entendons-nous bien, Tommy coche lui aussi toutes les cases du héros écorché vif (brisé par la guerre, mal entouré, un penchant pour l’opium…), mais il les transcende aussi sec via une assurance hors pair qui le rend tout simplement irrésistible. Autre piste de réflexion, et sans doute la plus probante : son rapport aux femmes. Immergé dans un monde violent, Tommy n’en demeure pas moins un parfait gentleman avec ces dames. Bienveillant envers sa tante, protecteur avec sa soeur et transi d’amour pour Grace (qui n’est pourtant pas irréprochable), il les considère toutes avec respect. Exit, donc, violence, condescendance et tutti quanti… Le héros nouveau est arrivé et tranche avec ses prédécesseurs de fiction. Michael Corleone (incarné par Al Pacino dans la trilogie Le Parrain), lui aussi leader charismatique et réfléchi, se comporte très moyennement avec sa femme, là où Tommy est aux petits soins avec Grace, qu’il regarde tendrement tout du long des épisodes.
En ce sens, Tommy Shelby est le héros le plus moderne qui soit. Il représente le mâle dans ce qu’il a de plus viril, sans jamais être ni macho ni misogyne, bref le Graal de l’ère post-#MeToo. Cette version magnifiée de l’Homme conserve son sex-appeal tout en se faisant le portedrapeau de valeurs telles que la « famille » et le « couple », une première dans la figure archaïque, et désormais anachronique, du bad guy. D’ailleurs, interrogé sur la rumeur qui ferait de lui l’un des acteurs pressentis pour endosser le smoking de James Bond, le très testostéroné agent 007, Cillian Murphy confie au magazine GQ que, à son avis, le rôle devrait plutôt revenir à une femme. Quand la réalité rejoint la fiction…
Avoir le look Peaky !
L’un des premiers, David Beckham a flairé le potentiel sexy de la série Peaky Blinders et s’en est largement inspiré pour la collection hiver de la marque britannique Kent & Curwen, dont il a repris les rênes en 2015 aux côtés du designer irlandais Daniel Kearns. Au programme, costumes trois-pièces en tweed et redingotes, le tout ponctué de casquettes gavroches. Mazette, quel chic !