LE MYTHE JOHNNIE WALKER
Mais d’où vient le personnage des whiskies Johnnie Walker, cet homme à la santé insolente vêtu d’un haut-de-forme, d’une redingote rouge, portant monocle et canne et marchant d’un pas alerte vers on ne sait où ? John Walker, le vrai, est un épicier de l’Ayrshire (sud-ouest de l’Ecosse) qui, dans la première moitié du XIXe siècle, vend quelques bouteilles de whisky dans sa boutique. Le breuvage n’est alors qu’une peccadille dans le chiffre d’affaires de celui que tout le monde surnomme « Johnnie » jusqu’à sa mort où son fils et son petit-fils reprennent l’affaire. Retour sur un succès.
En 1820, John Walker ouvre une épicerie fine à Kilmarnock, en Ecosse. Passionné par le whisky, il révolutionne la façon de concevoir le whisky afin de produire des breuvages de qualité constante. Pour cela, il sélectionne des barriques pour les conserver et les vieillir. A l’image de ce qu’il entreprit dans l’univers du thé, impacté lors de son transport, il décide d’assembler les whiskies de malt et de grain les plus prometteurs de son étal comme il avait assemblé les thés pour qu’ils soient plus riches, plus complexes, plus constants afin de satisfaire sa clientèle exigeante.
C’est à cette époque, au milieu du XIXe siècle qu’il pose toutes les bases du succès de Johnnie Walker : la très grande exigence en matière de sélection de produits et la capacité à les assembler de la façon la plus précise pour leur donner à la fois du goût, des arômes, un caractère émotionnel fort et une qualité suffisamment constante et transportable. A sa mort, son fils Alexander poursuit l’aventure en y apportant une vision entrepreneuriale. Le whisky devient alors le principal revenu du magasin et, en 1867, produit son premier blended, le Old Highland Whisky, un whisky destiné à être bu dans le monde entier, transporté par voie maritime. Par bon sens et pragmatisme, la bouteille de formé carrée est inventée et facilite donc son transport.
Plus de place, moins de casse, elle se distingue aussi de ses concurrentes par l’ajout d’une étiquette apposée « de travers » pour gagner, et c’est tout le paradoxe, en lisibilité. Les capitaines de bateaux, devenus les meilleurs ambassadeurs du whisky, participent à son essor et permettent au whisky de s’implanter dans le monde entier.
Obsédé comme son père et son grand-père par la qualité de son whisky, Alexander II a identifié des distilleries, comme Cardhu qu’il rachète, pour garder la maîtrise de ses approvisionnements et tendre vers une qualité toujours croissante. Il va jusqu’à travailler avec le tiers des distilleries en Ecosse (28) et écrit, avec son frère George le style de Johnnie Walker au début du XXe siècle en inventant deux références que sont Red Label et Black label et qui sont aujourd’hui encore les blends les plus plébiscités à travers le monde.
C’est également à cette période, au début du XXe siècle qu’est inventé le célèbre Dandy ou striding man, emblème de la marque, né sous le crayon de l’ultra populaire dessinateur de bande dessinée Tom Browne et qui assurera – même stylisé à l’extrême avec le temps – la promotion de la marque jusqu’à en faire le whisky le plus vendu dans le monde. Puis deux ans plus tard sa non moins célèbre devise Keep walking.
Enfin, le dernier « Walker », c’et Jim Beveridge, l’héritier direct d’Alexander et instigateur de ce que Johnnie Walker perdurera pour son troisième siècle d’existence. Il crée le Blue Label en 1992 et réinterprète le Old Highland Whisky à travers son Celebratory Blend, le goût originel de Johnnie Walker.