Infrarouge change de couleur
Au commencement, il y eut la lumière… Une sorte de rayonnement dénommé Infrarouge, dont la vocation était de faire étinceler autant ceux qui figuraient dans son sommaire que ceux qui voulaient briller dans les dîners en ville. Au commencement, disais-je, cette source incandescente décryptait la nuit, comprenez tout ce qui pouvait se passer après 20 heures, en matière culturelle, dans une ville comme Paris, quand on est jeune et qu’on a envie de faire la bringue, notamment dans les boîtes de nuit. Car, à l’époque, nous considérions, peut-être à tort, que l’univers de la « Discotheka » l’emportait très largement sur celui des musées, spectacles vivants ou expositions. Un concept donc en voie d’extinction puisque la seule possibilité désormais pour nous de danser, fumer, rencontrer du monde et s’embrasser goulûment se passe dans notre salon ou dans un BAM : un bar à ambiance musicale. Tout un concept. Puis, au fil du temps, Infrarouge se mit à aborder tous les sujets : voyage, gastronomie, design, mode, beauté, bien sûr, ce qui est un comble quand on sait aujourd’hui que les rayons dits « à infrarouge » amplifient les effets néfastes des rayons UV sur la peau.
Du coup, à force de voir rouge, on s’est mis au vert et, comme on a de la suite dans les idées, nous avons décidé de colorer Infrarouge en fonction de la thématique dominante des propos tenus dans le magazine. Infrablanc évoque la montagne quand Infrableu s’attaque aux océans. Et comme Infravert donne la parole à ceux qui veulent changer notre monde, on s’est dit qu’il fallait instaurer un rendez-vous plus régulier. Depuis un an et demi, vous avez entre les mains (ou sous les yeux, si vous bénéficiez de la version en lecture numérique) la troisième édition d’Infravert, émanation écologique d’Infrarouge ; une sorte d’ode à la RSE (responsabilité sociétale des entreprises) et à ceux qui ont ou qui désirent acquérir une conscience écologique. Notre magazine tient sa figure de proue : François Gabart, le navigateur à la tête d’ange. À l’âge de six ans, celui-ci a vécu pendant un an sur un bateau avec ses parents. Une nouvelle maison préfigurant un système assez isolé, fondé sur l’autonomie. « Avec l’éolienne à bord, il fallait du vent pour produire de l’électricité. La gestion de l’eau et de la nourriture aussi était importante »,a vite compris le jeune enfant amené plus tard à tout gagner. Dans ce numéro, on ne parle plus de boîtes de nuit. Désormais, il est question d’intelligence artificielle, de pollution numérique, d’économie positive, de résilience, de réduction des impacts sur la biodiversité, de mise en place de modèles de production et de distribution alimentaire plus durables, de financement de la transition écologique et sociale dans les territoires. Ou encore de la dépollution de notre cerveau.
Dans ce numéro, les boîtes de nuit ont disparu. Mais pas leur esprit. On peut être sérieux sans se prendre au sérieux.
Bon vent !