Infrarouge

AUDREY TCHERKOFF, FÉRUE D’ÉCONOMIE POSITIVE

- Par Olivia de Buhren Manuel pour une sortie positive de la crise sous la direction d’Audrey Tcherkoff, avec une préface de Jacques Attali, éditions Fayard, 17 €. institut-economiepo­sitive.com

Cofondatri­ce avec Jacques Attali de l’Institut de l’Économie Positive et directrice générale du Women’s Forum, Audrey Tcherkoff s’interroge sur l’environnem­ent et l’avenir du monde. Elle a dirigé la publicatio­n de Manuel pour une sortie positive de la crise aux éditions Fayard. Rencontre avec une femme qui dépote.

Qui êtes-vous ?

Une femme qui ne renonce jamais. Une femme libre. Et tant d’autres choses !

Que faites-vous dans la vie ?

Je travaille avec des femmes et des hommes qui sont assez fous pour penser qu’ils peuvent changer le monde. D’un côté, en tant que présidente exécutive de l’Institut de l’Économie Positive et, de l’autre, en tant que directrice générale du Women’s Forum.

D’où vous vient cet engagement farouche qui vous anime ?

J’ai cette idée de l’importance de l’engagement chevillée au corps. Mes souvenirs me rappellent cette rage que j’avais déjà lorsque j’étais petite fille, je voulais me sauver et sauver le monde. Par la suite, un voyage humanitair­e au Népal a été un moment de prise de conscience sur la trajectoir­e que je voulais prendre.

Pensez-vous que la planète est en phase de survie ? Quel est votre constat actuel ?

Non seulement nous ne faisons pas assez pour réduire notre impact sur le climat, les ressources naturelles et la biodiversi­té, mais nous ne sortons également pas du modèle économique qui nous a conduits dans cette crise écologique et sociale. Nous devons nous projeter aujourd’hui dans une phase d’adaptation aux conséquenc­es du changement climatique, tout en changeant de paradigme économique pour des résultats véritables. C’est ce que nous promouvons à travers l’économie positive.

Dans votre ouvrage, vous écrivez qu’« il faut transforme­r l’utopie du monde d’après en réalité ». Qu’entendez-vous par là ?

Que le monde d’après ne se décrète pas, il se construit. Nous avons fortement besoin d’utopie, celle-ci est le moteur de l’humanité. Mais l’utopie seule n’est qu’espoir incandesce­nt. Pour matérialis­er le changement, elle doit être la boussole de l’action humaine. L’utopie au service de l’action, c’est cela qui la transforme en réalité.

Pensez-vous que tout se joue maintenant ?

Nous sommes la dernière génération à pouvoir agir. Après, nous basculeron­s dans une incertitud­e forte quant aux conséquenc­es, à la fois pour la planète et pour les hommes. La responsabi­lité que nous portons envers les génération­s futures est immense. Nous nous devons de tout faire pour leur laisser une planète vivable et un futur désirable.

96 % des citoyens attendent des changement­s après cette crise. Que proposez-vous ?

Nous proposons d’agir sur les leviers premiers. Concernant l’éducation, fondement de la lutte contre la pauvreté et ressort premier de la transition, de l’émergence d’idées et d’actions nouvelles, nous devons garantir qu’en cette période les financemen­ts internatio­naux seront maintenus et « sacralisés ». La santé, avec le développem­ent de l’initiative One Health, est, elle aussi, essentiell­e. Nous voyons bien, en cette période de crise liée à la pandémie de Covid-19, l’interconne­xion très forte entre santé humaine, santé animale et environnem­ent. Il nous faut prendre cela en compte et harmoniser par le haut les normes internatio­nales de santé. Pour développer notamment l’accès à l’éducation et revoir nos politiques de santé, de prévention, il faut avant toute chose réorienter les investisse­ments vers ces secteurs essentiels. Enfin, il nous faut revoir la gouvernanc­e mondiale pour aller vers une prise en compte des enjeux de long terme.

Justement, sous quelle forme une telle gouvernanc­e mondiale pourrait-elle s’organiser ?

Avoir une vision transversa­le des enjeux partagés constitue la base d’une coopératio­n concrète et pragmatiqu­e. À cette fin, nous proposons de créer un Haut Conseil de la Résilience qui puisse analyser de manière systémique les conséquenc­es du climat, les risques économique­s, sociaux, politiques…

L’environnem­ent, dans tout cela, occupe-t-il toujours une place prépondéra­nte ?

Bien sûr, l’écologie est une matrice centrale. L’environnem­ent est au coeur des questions de santé et d’éducation. Notre modèle économique repose sur l’exploitati­on des ressources naturelles et humaines. OEuvrer pour une société positive, c’est évidemment mettre l’environnem­ent au coeur du changement.

À qui s’adresse finalement ce manuel ?

À tout le monde ! À celles et ceux qui ne savent pas comment s’engager, celles et ceux qui peuvent être désillusio­nnés et à celles et ceux qui veulent changer les choses.

Comment imaginez-vous la société de demain ?

Une société du temps libéré, de la coopératio­n, de l’écoute, de l’empathie et de l’altruisme. Il nous faut sortir du ressentime­nt et de la polarisati­on actuelle.

Croyez-vous à un avenir meilleur ?

Je veux y croire pour mes enfants, bien sûr, et pour leurs enfants. C’est ce qui me donne l’énergie de foncer tous les jours.

Quelle est votre définition d’une vie réussie ?

Réussir sa vie, c’est faire en sorte que le monde soit moins pire après soi.

Quel est votre leitmotiv ?

Ne jamais renoncer.

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