BULGARI, NO TIME, NO FEAR
Fondée en 1884 par Sotírios Voúlgaris, la Maison joaillière romaine, qui ouvre un hôtel à Paris, propose ses dernières créations horlogères, la Serpenti Spiga et l’Octo Finissimo Calendrier Perpétuel dans sa nouvelle boutique place Vendôme.
« Un des grands avantages de tourner Cléopâtre à Rome était(...) le délicieux magasin Bulgari. L’après-midi, je rendais souvent visite à Gianni Bulgari et nous nous racontions toutes sortes d’histoires », explique, désarmante, Elizabeth Taylor à la sortie du film. Nous sommes en 1963 et l’actrice hollywoodienne, croqueuse d’hommes et de bijoux, arbore avec fierté une rare et vénéneuse montre-bracelet serpent en or jaune pavée de diamants de la célèbre griffe.
Serpenti Spiga, voluptueuse mue
Qu’aurait dit la belle actrice aujourd’hui, en découvrant la nouvelle version serpentine, la Serpenti Spiga, dans l’insolente magnificence du flagship parisien imaginé par Peter Marino au 23 de la place Vendôme - le « plus grand et magnifique espace au monde avec la plus importante collection de haute joaillerie et de montres haut de gamme », selon Jean-Christophe Babin, CEO de Bulgari. À l’intérieur, la ligne horlogère déroule ses nouvelles écailles rutilantes : matelassées, en or rose 18 carats, serties de diamants taille brillant pour le cadran en nacre blanche ou le cadran laqué noir, ou en version or blanc 18 carats. « Les maillons en or s’emboîtent sans soudure, créant ainsi un bracelet flexible qui est ensuite façonné en montre-bracelet, qui s’adapte parfaitement et confortablement au bras », détaille la Maison joaillière, habituée à cette maîtrise.
L’esthétique pure et puissante de la Serpenti Spiga est éloignée juste ce qu’il faut des premières créations comme la Serpenti Tubogas. Imaginée dans les années quarante par Giorgio et Costantino Bulgari, les fils du fondateur, son bracelet modulaire mime les ondulations du serpent grâce à des successions de gouttières articulées par des charnières où se dissimulent de minuscules ressorts. Cette montre, bijou unique qui hypnotisa Hollywood dans sa version plus rare (moins de 100 exemplaires dont celui au poignet d’Elizabeth Taylor), reste toujours audacieuse et surprenante dans les décennies successives : les Serpenti Tubogas et Serpenti Scaglie en 2009 imposent et réinterprètent à l’infini ce cadran en tête de reptile dont la queue court sur la peau en se rétrécissant, avalant à chaque mue d’autres pierreries et d’autres motifs réalistes, abstraits ou géométriques, pour régénérer ses écailles. Directement inspirée d’une montre patrimoniale de 1957, la Serpenti Spiga adopte le motif matelassé, frappé de diamants. « Les bracelets à deux rangées comprennent 70 éléments différents, tandis que les montres à une rangée comprennent 40 maillons coulés à partir de 40 moules différents. » Un chefd’oeuvre artisanal. Ou l’art de l’horlogerie poussé à son acmé. « Le processus requiert des heures de travail artisanal et consiste à insérer les éléments modulaires autour d’un ressort interne flexible »,
explique Bulgari ajoutant qu’une interprétation de haute joaillerie « entièrement en diamant, élégamment parée de plus de 800 diamants et d’un saphir bleu taillé en cabochon sur la couronne, complète la collection ».
Si le serpent, motif antique synonyme de sagesse, de vitalité et du cercle de la vie, révèle la féminité, côté homme, la griffe a choisi la puissance octogonale d’une montre extraplate.
Octo Finissimo Calendrier Perpétuel : l’Estetica della Meccanica
« Notre mission, déclarait il y a quelques mois Jean-Christophe Babin, président-directeur général du Groupe Bulgari à l’occasion des 137 ans de la maison, reste inchangée : continuer à étonner le monde avec notre maîtrise inégalée de la réalisation de magnifiques créations. »
Transposée en grammaire horlogère, cette soif d’innovation a les traits et le langage de la Octo Finissimo Calendrier Perpétuel : la
« montre la plus fine du monde » avec une épaisseur de seulement 2,75 mm pour un diamètre de 40 mm, soit le 7e record mondial de finesse en sept ans ! Disponible en deux variantes, en titane « signature » et en platine, ce chronographe culte, présenté pour la première fois en 2014 avec le tourbillon à remon-tage manuel le plus plat du monde (moins de 1,95 mm d’épaisseur), matérialise le savoir-faire exceptionnel de la maison romaine. Sur le site de production de Saignelégier, la plus italienne des manufactures jurassiennes, on appelle cela, « l’Estetica della Meccanica », soit « l’art d’innover en profondeur sur le fond et la forme. » L’histoire d’amour entre Bulgari et la forme octogonale inspirée des plafonds des demeures romaines commence dès 2000, quand la griffe rachète la manufacture de l’horloger suisse Gerald Genta et développe avec lui la Octo Bi-Retro, imposant la géométrie à huit angles comme code fondateur des modèles à venir. Revisiter les frontières de l’horlogerie ? « La légitimité d’Octo s’est bâtie sur des montres extrêmes par leur finesse, mais également par les matériaux utilisés : céramique, carbone, titane, reconnaîtra Jean-Christophe Babin.
Néanmoins, il me semble important d’élargir la clientèle avec des terminaisons et des fonctionnalités qui nous amènent plus dans un usage quotidien ». Au fil des années en effet, à coup de nouveaux matériaux et de nouveaux mouvements, la montre, destinée aux sportifs ou aux grands voyageurs, affine sa ligne. En 2016, la Octo Finissimo Répétition Minutes se dote d’un nouveau mouvement ulltra-mince ; nouveau record mondial en 2017 avec la Octo Finissimo Automatique, la Octo Finissimo Tourbillon Automatique en 2018, la Octo Finissimo GMT Automatique
en 2019, puis la Octo Finissimo Tourbillon Chronographe Squelette Automatique en 2020. Et enfin, avec sa dernière version cette année, la Octo Finissimo Quantième Perpétuel, Bulgari créé la montre la plus fine du marché. Indéfiniment taillée pour l’aventure.
Tout le monde connaît la montre Serpenti Tubogas qui n’a cessé de muer jusqu’à la Serpenti Spiga, une icône absolue pour les femmes. Il existe aussi un modèle phare pour homme, la montre extra plate Octo dont la dernière version est la plus fine du monde. Quelle est la légitimité de Bulgari en haute horlogerie ?
En réalité, l’histoire de Bulgari dans le domaine de l’horlogerie remonte à 1918. Nos premières montres de joaillerie furent fabriquées à cette époque. Cela étant, la légitimité horlogère de Bulgari auprès du grand public est très récente et coïncide avec l’introduction, en 2012, de la nouvelle ligne Octo. Elle a présidé à l’avènement d’Octo Finissimo Tourbillon en 2014, notre premier record du monde.
Vous détenez 7 records du monde pour 7 montres Octo ! Quelles codes de la haute horlogerie a redéfini la Octo Finissimo ?
Nous avons revisité ses frontières au point que le modèle est reconnu comme l’un des modèles phares du XXIe siècle. Octo Finissimo démontre notre capacité d’innovation, de même que la maîtrise des savoir-faire horlogers les plus pointus, associés à la touche italienne si identifiable dans nos designs. Aujourd’hui, Bulgari est reconnu sans équivoque comme partie intégrante de l’élite horlogère suisse.
Sur tous les modèles ?
Oui, notre expertise horlogère dépasse largement le seul cadre des calibres Finissimo. Notre offre de montres à sonnerie – répétitions minutes, carillons et grandes sonneries – est probablement la plus étendue du marché horloger.
Pour Bulgari, l’Estetica della Meccanica consiste à innover en profondeur tant sur le fond que sur la forme. Combien de mois de travail, de recherche et de collaboration entre les ingénieurs et les artisans cela a-t-il représenté pour ces deux modèles ?
Les pièces de haute horlogerie qui sont manufacturées dans notre site du Sentier requièrent des mois, jusqu’à une année parfois, de travail. Cela vaut surtout pour les montres à sonnerie : sur le marché de la très grande complication, Bulgari est l’une des très rares marques à maîtriser et produire tous les types de sonnerie. Ces mois de travail, qui concernent pour l’essentiel l’assemblage et le réglage fin, n’incluent évidemment pas tout le processus de recherche, de conception, de développement et de faisabilité manufacturière qui doit être mené en amont. On parle ici de quelques années.
Quelle comparaison technologique pourriez-vous faire à un néophyte pour marquer le tour de force technique de l’Octo Finissimo Calendrier Perpétuel ?
La miniaturisation pourrait constituer le point de comparaison avec l’informatique. Le Calendrier Perpétuel est une complication extrême dans la mesure où l’ensemble des indications calendaires sont orchestrées avant que le prochain réglage ne soit opéré, en 2100… ! Compte tenu du nombre de composants et de la construction d’un tel mécanisme, les calendriers perpétuels traditionnellement disponibles sur le marché sont relativement épais. Notre démarche va à l’inverse, dans l’esprit Finissimo : nous recherchons l’extrême finesse. Il s’agissait donc dans ce cas de trouver des solutions techniques et micromécaniques permettant de loger ce mouvement et ses fonctions complexes dans un volume très restreint. Cela présuppose de trouver des solutions d’ordonnancement et de redimensionnement des composants. Pour vous donner une autre idée du niveau de précision dont nous parlons, les jauges pour le montage manuel de nos mouvements vont jusqu’à l’échelle du micron, quand l’épaisseur d’un cheveu est de 50 microns !
La production horlogère a baissé de 22 % durant la crise sanitaire, contre 2 % pour la joaillerie. Pourquoi Bulgari développe-t-elle le secteur de l’horlogerie ?
Nous osons le renouveau, l’originalité. Cela plaît. Il n’y a dès lors aucune raison de ne pas « pousser », d’autant que la demande
– et les ventes – sont là.
Quelles mutations observezvous sur ce secteur ? Quel marché est le plus dynamique ? Quel profil ?
La Covid est en train de modifier en profondeur le marché et l’industrie. Parmi les gagnants de la crise, on trouve deux catégories de Maisons : d’un côté un pool de grandes marques qui trustent l’attention et les ventes, de l’autre l’émergence de nombreuses marques dites de niche et de créateurs proposant des produits à forte valeur ajoutée. Sur le front des marchés, l’Asie (Chine, Japon, Corée) reste évidemment un moteur essentiel, mais nous constatons que l’Amérique du Nord a retrouvé une forte dynamique. La clientèle change également et chaque marque cherche à séduire une clientèle plus jeune par une offre adéquate.
SIX QUESTIONS À ANTOINE PIN, DIRECTEUR DE LA DIVISION HORLOGÈRE