Infrarouge

LA RUÉE VERS LES RHUMS ARRANGÉS

Fruits et épices en infusion, macération ou distillati­on, à chacun son rhum arrangé pour des recettes au parfum d’exotisme.

- Par Frédérique Hermine

Les rhums arrangés sont sans doute nés de l’alcool de canne, le rustique tafia produit aux Indes, associé aux épices et aux fruits de l’océan Indien par les marins anglais en mal de hobby et de breuvage. Ils en faisaient même un usage médicinal avant de l’adopter en consommati­on festive. Les rhums arrangés sont longtemps restés la boisson des locaux et des navigateur­s. « Ici, c’est d’abord une tradition ancestrale transmise parfois de génération en génération », confirme Cyril Isautier, premier producteur réunionnai­s. « Chaque famille a sa recette, l’unique, la meilleure. » Toujours à base de rhum de mélasse, il y a néanmoins « rhum arrangé » et « rhum arrangé ». Ceux sans fruits apparents, retirés après macération quand le chef de la distilleri­e estime avoir obtenu le goût souhaité, ceux avec les épices et fruits conservés dans la bouteille, mais dont le goût peut continuer à évoluer (et donc à ne pas garder trop longtemps dans sa cuisine). Si la tradition est séculaire, la production à échelle industriel­le est plus récente. « Nous avons sorti en 1970 le gingembre-citron, puis la banane flambée, qui est toujours la référence la plus vendue, et nous sommes arrivés en grande distributi­on en 2010, ce qui a fait exploser les ventes », raconte Cyril Isautier. La diffusion, d’abord par le bouche-à-oreille, puis par les touristes et la diaspora réunionnai­se, est devenue un véritable engouement dans l’Hexagone. Aujourd’hui, la gamme compte une quinzaine de références avec de nouveaux produits comme les Douceurs Arrangées, àbase de crème de lait et moins alcoolisée­s, les Arhumatik, concentrés sur un seul fruit comme coco, passion ou ananas, et même, depuis peu, une originalit­é avec une recette de Noël. « Mais, en général, les rhums arrangés se boivent plutôt à températur­e ambiante et sans glace », rappelle Viviane Cornieux, responsabl­e marketing de Terroirs Distillers, qui distribue les rhums Charrette dans l’Hexagone. « Le Vanillé-Banane et le Fruit des Tropiques prêts à boire remportent un franc succès, mais les consommate­urs apprécient de plus en plus de créer leurs recettes, surtout avec des rhums vieux et ambrés, plus épicés. »

La traversée des mers

La tradition de la Réunion a gagné les Antilles qui ont opté davantage pour des assemblage­s que pour de longues macération­s. De nombreux apprentis distillate­urs ont également tenté l’aventure. On compte plus d’une soixantain­e de marques aujourd’hui en France avec de nombreuses production­s locales, à l’instar des bières. Chez les cavistes, on constate le même engouement. « Les amateurs choisissen­t d’abord un fruit connu, le fruit de la passion, l’ananas, la mangue, avant de partir en exploratio­n », reconnaît Christian de Montaguère dans sa boutique parisienne éponyme. Les Rhums de Ced’ (pour Cédric Brément), créés il y a dix ans, sont devenus une véritable success-story. Si l’Ananas Victoria reste son produit iconique, il a innové récemment avec un Ananas Caramel au Beurre Salé, un Spicy avec un jus de canne affiné en fût de sauternes, un Pêche Framboise ou encore un Mangue Passion Curcuma. Dans ce domaine, chacun peut expériment­er sa recette.

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