Infrarouge

« CE DAKAR CLASSIC EST UN BONHEUR INCROYABLE ! »

- Entretien Raphaël Turcat

Habitué des rallyes avec son copilote Alexandre Laroche, Stéphan Lamarre s’attaque à son deuxième Dakar Classic, un rallye-raid vintage en Arabie saoudite réservé aux véhicules construits avant 2000. Une manière de revivre la grande épopée de la course créée par Thierry Sabine à la fin des années 1970 ? Retour vers le futur, pied au plancher.

Stéphan Lamarre, que faisiezvou­s le 26 décembre 1978 ? J’avais 13 ans, je ne me souviens pas de ce que je faisais précisémen­t. Il se passait quoi ?

C’était le départ du premier Paris-Dakar au Trocadéro… Ah oui, mais je n’y étais pas, c’est sûr ! En revanche, j’y ai assisté plus tard, à la fois au Trocadéro et à Versailles. J’étais ado, j’y allais seul en bus dans le froid avec mon petit appareil photo. Je suivais toutes les courses à la télé de manière intense, même si j’étais plutôt branché rallyes – je ratais rarement le départ du Monte-Carlo. Plus tard, je me suis aussi rendu régulièrem­ent au départ du Paris-Dakar avec mes potes : on arrêtait notre réveillon pour aller voir les voitures et les pilotes.

Quelle est pour vous la voiture la plus mythique du Dakar ? J’ai une grosse préférence pour la Porsche 959 du Team Rothmans, celle de Jacky Ickx/Claude Brasseur et de René Metge/Dominique Lemoyne. Quand elles arrivaient, quelle armada ! C’était le début des grosses pointures, avant les Peugeot et les Citroën. Porsche, c’est ma marque fétiche, mais je n’oublierai jamais la Rolls-Royce aux couleurs de Jules pour le Dakar 1981 même si, sous le capot, ça n’avait pas grand-chose d’une Rolls. Mais quelle allure !

Après avoir quitté l’Afrique pour l’Amérique du Sud, le Dakar se retrouve en Arabie saoudite avec notamment ce Dakar Classic. Comment en vient-on à se lancer dans une compétitio­n pareille ?

Cette année sera ma deuxième édition. L’année dernière, c’est Yves Loubet, chargé de faire le road-book en Arabie saoudite, qui m’a approché et m’a proposé de participer à la course. Avec mon copilote de toujours, Alexandre Laroche, on a cherché une voiture datant d’avant l’an 2000, comme le veut le règlement du Dakar Classic, et on a fini par trouver une Mitsubishi Pajero Evolution sur leboncoin. On a acheté la voiture pour 55 000 euros grâce à l’aide d’investisse­urs. Avec Alexandre, nous avons ensuite rassemblé des sponsors pour le reste du budget – inscriptio­n, transport, mécanique, pneus… –, soit 15 000 euros environ. Cette année, tout augmente, notamment l’inscriptio­n, et l’épreuve prend une autre dimension puisqu’elle passe d’une trentaine de participan­ts à près de 150.

Pour cette édition, quelle sera votre voiture ?

Un buggy Sunhill, construit et piloté par Yves Sunhill en 1982 avec un moteur VW/Porsche. Le coup de bol, c’est que nous l’avons acheté avant de connaître le tracé de cette édition : l’année dernière, nous avons fait le tour de l’Arabie saoudite alors que, cette année, nous traversero­ns le pays, ce qui implique beaucoup de passages dans le sable et les dunes, et le buggy est idéal pour ce genre d’exercice.

Ça fait quoi de rouler en Arabie saoudite ?

Ce Dakar Classic est un bonheur incroyable. Ce sont des paysages extraordin­aires, aussi beaux que ceux d’Oman, mais beaucoup plus grands. On se croirait à Pétra en traversant Al-Ula, mais aussi dans le Grand Canyon, et les bords de la mer Rouge sont hallucinan­ts ! Mais si les paysages sont hors norme, les difficulté­s du parcours sont à la hauteur : j’espère que nous ne nous ensableron­s pas, car c’est un enfer avec un buggy. Et puis, cette édition va être plus dure, il y a des 205 Turbo 16, des Porsche, pas mal de spécialist­es du rallye-raid…

C’est quoi l’ambiance le soir aux étapes ? C’est vraiment à la cool. On se retrouve au centre du village devant les écrans pour revivre la course, on écoute le briefing pour le lendemain, puis on va dormir dans nos tentes. Pas de grosses fiestas, car l’alcool est interdit, mais, surtout, on est KO et on dort généraleme­nt très mal. La nuit est rythmée par les bruits de camions qui arrivent et les essais de moteur de certains concurrent­s. Comme dans un Dakar à l’ancienne !

À course mythique, quizz historique. Quel a été le premier vainqueur du Paris-Dakar ? Mmmh, c’est difficile comme question… Je pense que la voiture était une Land Rover parce qu’elles ont gagné pas mal des premières éditions. Mais le premier vainqueur… Attendez… Non, je ne vois pas. (Il s’agit d’Alain Génestier.)

Quel était le port français où embarquaie­nt les participan­ts de la première édition pour rallier Alger ?

Soit Marseille, soit… Non, c’est Sète, j’en suis sûr !

Bonne réponse ! Qui est recordman de victoires en moto ? Facile, Stéphane Peterhanse­l ! (Avec huit victoires.)

En auto ?

Stéphane Peterhanse­l encore. (Avec huit victoires aussi.)

Et en camion ?

Ah oui, je sais, le Russe, là… Comment s’appelle-t-il déjà ? (Il s’agit de Vladimir Chagin.)

Que peut-on vous souhaiter pour ce Dakar Classic ?

De ne pas se perdre. L’enjeu va être la navigation, avec beaucoup de tronçons hors asphalte, ça fait presque peur. Nous savons que les organisate­urs veulent en faire un des juges de paix de cette édition.

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