PIERRE NINEY, CYNIQUE PAR JEU, SCÉNIQUE PAR LE TALENT
Le César 2015 du meilleur acteur est à l’affiche de Goliath, le dernier film de Frédéric Tellier, un passionnant thriller environnemental. Face à Gilles Lellouche et Emmanuelle Bercot, qui se battent pour faire éclater la vérité, Pierre Niney incarne un j
Goliath raconte la difficile lutte d’une militante (France, professeure de sport le jour et ouvrière la nuit) et d’un avocat parisien, Patrick, pour faire interdire une substance cancérigène utilisée dans un pesticide. Face à eux, Mathias, interprété par Pierre Niney, est un lobbyiste très influent qui va tout faire pour tenter d’influencer les décisions au Parlement européen. Rencontre.
Présentez-nous votre personnage haut en couleur ?
Mathias est un lobbyiste charismatique, charmeur, efficace, bon papa, humain et compréhensif, mais, à côté de cela, il a un travail « moralement discutable ».
Vous jouez donc « le méchant » du système. Pourquoi avoir voulu vous frotter à cette personnalité de lobbyiste ?
Je trouvais passionnant l’idée de découvrir les coulisses de ce métier de lobbyiste de l’agrochimie, qu’on connaît peu. Je n’avais jamais joué un tel personnage. C’était une première fois exaltante.
D’autant que Mathias est certes cynique, mais souvent aussi sincère et honnête.
Avec Goliath, vous changez encore une fois de genre cinématographique. Est-ce grisant de passer sans cesse d’un univers à un autre ?
Oui, c’est assez naturel pour moi. J’ai commencé au théâtre où j’ai alterné les comédies, les drames, les tragédies. J’ai toujours vécu mon job comme un métier multiple. Pour moi, interpréter des personnages différents, c’est le coeur même de ma profession. Je cherche surtout les meilleures histoires, plutôt que de rentrer dans un style ou un rôle. J’ai un penchant pour la comédie, mais j’en fais moins souvent. En tout cas, je reçois moins de propositions.
Vous êtes connu pour préparer vos rôles avec minutie. Comment avez-vous abordé celui-ci ?
J’ai voulu rencontrer des lobbyistes, mais c’était très difficile. Personne ne souhaitait me voir, ils ne voulaient pas mettre en péril leur travail. J’ai finalement eu la chance de parler avec deux anciens lobbyistes reconvertis dans le public. Ils m’ont beaucoup aidé sur le concret de ce qu’implique ce métier au quotidien.
Pourquoi le film s’appelle-t-il Goliath ?
En référence au combat de David contre Goliath. Les multinationales ont pris la place d’un Goliath indétrônable !
Il y a une seule et unique scène où vous vous trouvez face à Gilles Lellouche. Est-ce le moment phare du film ?
Pour moi, c’était une scène importante. Nous sommes tous deux les avocats d’une cause. J’ai trouvé passionnant ce face-à-face. C’est une sorte de choc des titans.
Avez-vous cherché à comprendre les questions morales que Mathias soulève ? Je pense que, quand il dit que son métier permet à des milliers d’agriculteurs de rester rentables et de ne pas mourir de faim, il le pense vraiment. Et il a raison. Il y a toujours deux façons de lire les choses. Mathias voit ce qui l’arrange parce qu’il a choisi cette vie. Mais, finalement, tout le monde fait un peu ça. Nous nous arrangeons avec la réalité.
Ce film a-t-il une visée pédagogique ?
Non, on peut passer au-delà de la question des pesticides, ça reste un film d’enquête, avec beaucoup de suspense.
Êtes-vous à l’aise avec les questions environnementales ?
Oui, c’est le plus grand combat à mener. Nous héritons d’une terre en très mauvais état et d’une société qui ne veut pas se mettre pleinement en face du problème. J’y suis très sensible.
Vous avez décidé de partir vivre à la campagne. Est-ce dans un souci de mieux vivre et d’être plus proche de la nature ?
J’avais fait le tour de la ville. J’avais envie que mes enfants grandissent au sein de la nature avec des oiseaux, des chevreuils sous les yeux.
Avez-vous une attitude éco-responsable au quotidien ?
Je fais attention à moins consommer en général. Cela commence par faire attention à tout ce que j’achète et ce que je mange. J’ai considérablement diminué ma consommation de viande. Je me déplace moins et, quand je le fais, je privilégie les trajets en train ou en voiture électrique.
Vous roulez donc en électrique ?
Oui, je suis ambassadeur d’une Jaguar I-Pace, qui est la première voiture 100 % électrique de la marque. Je suis aussi client chez Enercoop, une coopérative d’énergie 100 % renouvelable et locale pour recharger mon véhicule.
Aimez-vous la vitesse en voiture ?
Cela ne me fait pas rêver. Au contraire, je préfère prendre mon temps.
Où aimez-vous aller en week-end ?
Quand j’ai du temps, je pars avec ma Jaguar dans le Sud-Ouest, pour surfer du côté de Bidart.
Votre actualité après ce film ?
Le film Mascarade réalisé par Nicolas Bedos, avec Isabelle Adjani et François Cluzet.