Infrarouge

DIOR SAUVAGE, COMME UN PARFUM DE RÉUSSITE

Est-ce son nom ? Sa fragrance ? Johnny Depp ? Toutes les trois secondes, un homme ou une femme achète un flacon de Sauvage. Comment devient-on le parfum le plus vendu au monde ? Partons dans la planète Sauvage pour le découvrir.

- Par Catherine Jazdzewski

La vie Sauvage

Il y a le nom d’abord, qui rappelle Eau Sauvage et lui pique son adjectif. Mais le jeune Sauvage n’a rien à voir avec son aîné. Si ce dernier est une signature de bon goût et de séduction, le premier a pris la tangente. Il est parti au bout de ses rêves, de ses fantasmes pour les vivre. En 2005, année de la création du parfum, si le chamanisme n’était pas encore de mise, Dior a l’intuition de son retour et emmène les hommes à sa découverte.

L’odeur du désert

« Pour créer Sauvage, je suis parti de l’image d’un homme hors modes, hors temps, hors norme. J’en avais une idée très claire », expliquait alors François Demachy, le parfumeur créateur Dior. Il fallait que ce soit un choc olfactif, qu’il soit un peu brutal, très viril, mais qu’il puisse aussi s’inscrire dans l’histoire et devenir un classique. François Demachy aime que ses parfums masculins démarrent par une claque hespéridée. Il choisit là une bergamote de Calabre, qu’il surdose. Il va la façonner, la sculpter, pour qu’elle gagne en caractère, qu’elle soit la signature du parfum. Il fait ressortir ses facettes fruitées, gomme son amertume. Une fois qu’elle a envahi l’espace, il déploie un ingrédient naturel issu de l’ambre gris, à la fois charnel et vivifiant. On pense à un bois chauffé par le soleil. Puis, derrière ce parti pris très tranché, il pose les notes emblèmes du masculin : le poivre, le vétiver, la lavande, le patchouli. Ça sent à la fois la terre, les racines, l’homme. C’est de là que le Sauvage apparaît.

Le monstre sacré

Il fallait l’incarner. Il fallait un homme entre lumière et ombre, entre exposition et opacité. Une âme tourmentée, hors normes, mystérieus­e. Qui mieux que Johnny Depp pouvait l’être ? L’acteur n’avait encore jamais prêté son image à un parfum. Il a accepté. Il s’est impliqué sans limites. Il est devenu le Sauvage et, en plein désert, dans les images de Jean-Baptiste Mondino, il rayonne. Il montre qui il est, et ça touche. Il joue aussi avec les mémoires, la musique de Ry Cooder rappelant l’un des films culte de Wim Wenders, Paris, Texas.

Les grands espaces

Si son nom parle, il prend sa place dans un paysage chauffé à blanc, un désert où la nuit tombe, radicale. C’est à ce moment-là que l’on retrouve son instinct, que l’on se dépouille de ses oripeaux familiaux, que l’on se met à nu, que l’on creuse en soi pour renaître. C’est là la force du Sauvage, bien plus qu’un artifice, il incite à se libérer, à s’apaiser. Intuitivem­ent, des millions de personnes l’ont compris et poursuiven­t cette métamorpho­se. Qui eût cru qu’un parfum pouvait avoir un tel pouvoir ?

La fleur d’oranger est emblématiq­ue de la parfumerie. Toute en féminité, elle paraît fragile avec ses pétales immaculés, mais on ne doit pas se fier à son innocence. Elle est tour à tour pétillante et joyeuse, gracieuse et délicate, onctueuse et chaleureus­e, réconforta­nte et charnelle. N’en jetons plus, sinon on risque de la faire rougir ! Et pourtant, comment lui résister ? C’est adolescent­e qu’Anne Flipo, en découvrant une orangeraie en fleurs, est tombée sous son charme. Depuis, en artiste, elle ne cesse de la modeler pour en faire ressortir toutes les facettes. « Elle est la fleur que j’aime le plus travailler, celle qui me régénère, et, lorsque je suis fatiguée, il me suffit de la sentir pour me ressourcer », explique la maître parfumeur. Autant dire que, lorsque la Maison Rochas lui a proposé d’imaginer autour de sa grâce un parfum, elle n’a pas hésité. Girl en est la plus touchante, la plus inclusive interpréta­tion. Si cette compositio­n fête aujourd’hui son premier anniversai­re, il y a déjà un avant et un après Girl. Avant Girl, la fleur d’oranger était « juste » un ingrédient de la palette du parfumeur. Depuis Girl, elle a donné naissance à un mouvement, à un courant dans lequel se projettent toutes celles qui sont en quête d’harmonie. Son bouquet, dont la personnali­té est exaltée par du jasmin, de l’orchidée, du santal, du cèdre et un fond de vanille, a fait de Girl un slogan de ralliement. On porte Girl comme le signe d’appartenan­ce à une communauté pour laquelle la réalisatio­n de soi est le mot d’ordre. On veut prendre soin de soi, être bien dans sa tête, dans son corps, dans son monde. Et ce sillage à suivre y contribue ! Il participe aussi à bâtir un futur meilleur, plus serein. Voilà pourquoi Rochas va encore plus loin et écrit ce printemps un nouveau chapitre de son engagement. Son nom ? « Refill Good with Girl », un flacon ressourçab­le à l’infini et sa recharge eco-friendly. Cette nouvelle gestuelle a été pensée autour de trois mots clés : « Recycler », « réutiliser » et « réduire » son impact environnem­ental. En 2022, le bien-être et l’harmonie se vivent à 360 degrés.

 ?? ??
 ?? ??
 ?? ??

Newspapers in French

Newspapers from France