Infrarouge

OGATA, L’ART DE VIVRE JAPONAIS

- Par Lucie Truchet

Loin de l’image pop et préconçue que l’on peut se faire de la culture nipponne, le designer esthète Shinichiro Ogata invite le public parisien à pousser les portes de « son » Japon. Derrière, ni kimono ni samouraï, mais une expérience exclusive, tout en finesse, qui nous livre les clés pour mieux comprendre le pays du Soleil-Levant.

Une secrète porte cochère gris taupe dissimulée dans une rue calme du Marais. À l’image de son propriétai­re et concepteur, auquel l’établissem­ent doit son nom, Ogata pratique l’élégance de la discrétion. Pourtant, une fois à l’intérieur, impossible de faire abstractio­n du caractère unique des lieux : voûtes aux proportion­s d’une cathédrale, plafond de verre dispersant une lumière délicate sur les murs en plâtre shikkui, portes en bronze… Édifié il y a deux ans seulement dans un hôtel particulie­r du XVIIe siècle, Ogata s’est rapidement imposé comme une référence en termes d’art de vivre nippon à Paris. Pluriel grâce à ses six espaces, chacun venant célébrer une facette de la culture japonaise, le lieu accueille les curieux tout au long de la journée au sein de son sabō (salon de thé), de son restaurant (récompensé cette année d’une étoile au Guide Michelin), de sa boutique de wagashi (pâtisserie­s japonaises), de son atelier, de sa galerie d’art et, depuis peu, de son atelier de parfumerie.

Le sabō, qui propose différente­s cérémonies du thé en fonction du moment de la journée, est certaineme­nt l’étape la plus incontourn­able. Plongé dans une douce pénombre – tempérée par la lueur d’élégantes bougies –, on y déguste des infusions torréfiées sur place dans une atmosphère enveloppan­te. Tout aussi intimiste, bien que plus lumineux, le restaurant gastronomi­que attend les gourmets à l’étage pour savourer une cuisine régionale familiale, composée de produits saisonnier­s, sélectionn­és avec soin et préparés dans le respect de leurs arômes. Asperges rôties, seiche frite, sashimi de thon rouge, tamagoyaki, le tout à accorder avec de subtils sake. La pâtisserie, située au rez-de-chaussée, est quant à elle une invitation à découvrir une anthologie de friandises fabriquées à partir de riz gluant ou de farine de riz, d’azuki, de soja, de haricots blancs… L’atelier adjacent réunit de son côté des dizaines de références d’objets épurés des arts de la table, depuis les ustensiles de cuisine jusqu’à la vaisselle minimalist­e, confection­nés selon les meilleures pratiques et savoir-faire traditionn­els. L’espace galerie permet enfin de mettre en lumière le travail d’artistes pluridisci­plinaires, à l’image du potier Oka Shingo, dont les oeuvres sont exposées tout le mois de mai.

Le dernier-né, c’est l’espace kaori (la parfumerie), dont M. Ogata et son interprète sont en personne venus nous conter l’ouverture : « Il y a une culture très ancienne du parfum en France, autour de procédures très avancées. Je suis parti de cette culture pour créer quelque chose de différent. » En effet, contrairem­ent à une utilisatio­n avec contact direct avec la peau, chez Ogata le parfum prend la forme d’un petit sachet à porter sur soi ou à mettre dans sa penderie pour parfumer ses vêtements. À l’intérieur, uniquement des composants végétaux que l’on sélectionn­e soimême dans le cadre d’une consultati­on dédiée. Parce que, chez Ogata, tout est unique.

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Ogata, le Sabō

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