Infrarouge

LA VAGUE rosé POUR L’ÉTÉ

Plus qu’une tendance, c’est une véritable déferlante qui agite nos verres. Les vins rosés ont gagné en qualité, en image, en prestige avec des cuvées de plus en plus haut de gamme et des grands formats sachant à merveille valoriser la couleur.

- Par Frédérique Hermine

Les Français aiment les rosés et le clament haut et fort entre plages et piscines, barbecues et balcons. C’est aujourd’hui la couleur de plus d’un tiers des vins consommés. La Provence, toujours plébiscité­e, trône en tête et reste, loin devant, la reine des rosés avec cette palette de pastels, entre pêche, saumon et abricot, et ses arômes de petits fruits rouges et d’agrumes qui savent nous rappeler le chant des cigales et les parfums de l’été. Dans le sillage des pionniers comme Régine Sumeire – à qui l’on doit les premiers vins couleur pétale de rose dans les années 1980 –, Minuty ou Ott, tous les producteur­s, coopérativ­es et négociants ont suivi la route du rosé qui représente, depuis le milieu des années 2000, 90 % des bouteilles. On en boit toujours sous les tonnelles et sur les plages du Sud, mais il a su gagner tout le territoire, conquérir les terrasses des grandes villes et même monter à la capitale pour séduire des consommate­urs encore quelque peu dédaigneux au début de ce siècle. Il faut reconnaîtr­e que la qualité n’a cessé de gagner du terrain. Là encore, la Provence a oeuvré pour cela en investissa­nt dans la recherche sur les conduites de vignobles et les méthodes de vinificati­on, en faisant la promotion des vendanges de nuit et du tri pour que les raisins arrivent toujours frais dans les caves et pas en bouillie chaude avec feuilles, bois et coccinelle­s.

À la conquête du monde

Le rosé a ainsi fait des émules dans les autres régions, le Languedoc, plutôt avec des vins de cépage, la Loire, avec des profils différents des secs aux demi-secs, et même Bordeaux, là où est né le clairet au Moyen Âge, boudé au XXe siècle mais qui tend à reprendre des couleurs et du service. La folie du rosé a même gagné la planète puisque la couleur a fait un bond de 40 % dans la consommati­on mondiale en 20 ans. La France est toujours le principal producteur, mais elle commence à se faire tailler des croupières par l’Espagne, l’Italie, les États-Unis… Et si le rosé se diversifie, jouant sur un pantone toujours plus large, il reste lié à une couleur pâle et diaphane qui laisse à penser, à tort, qu’il est plus léger. Qu’importe, il a été adopté sans réserve par les Millenials, qui l’ont vite associé à la fête et à une consommati­on qualifiée de « décomplexé­e », sans prise de tête ni rituel – beaucoup le noient dans les glaçons –, parce qu’il se marie aisément avec tous les plats, de l’apéritif au dessert, des salades aux grillades. Et même s’il fait les beaux jours de la consommati­on estivale, surtout quand le temps est ensoleillé, il tend à se faire une place hors saison, et pas seulement pour la Saint-Valentin.

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