Infrarouge

PEYRASSOL OU LE GOÛT DE BIEN VIVRE

Qui n’a jamais rêvé d’un lieu alliant l’art, le vin et la gastronomi­e ? Au coeur de la Commanderi­e de Peyrassol, fondée par l’ordre des Templiers, l’art de vivre à la provençale prend tout son sens.

- Par Olivia de Buhren

Quand vous découvrez pour la première fois ce lieu unique, vous êtes tout d’abord ébloui par l’ancien petit hameau du XIIIe siècle merveilleu­sement restauré, puis le souffle se coupe quand vous plongez vos yeux dans le paysage hypnotisan­t qui vous entoure : 850 hectares, dont 92 de vignes, soigneusem­ent protégés au milieu des contrefort­s du massif des Maures. La renommée du site a traversé les siècles grâce à la qualité de son terroir. Cette réputation, la Commanderi­e de Peyrassol la doit aussi au respectueu­x travail des paysagiste­s, chefs de culture de la vigne, chefs restaurate­urs, qui participen­t tous à son embellie. Depuis 2001, ce fleuron du patrimoine provençal a franchi une nouvelle étape de son histoire. Philippe Austruy, son propriétai­re, lui a redonné vie en y insufflant ses deux passions : le vin et l’art contempora­in. Tandis que le vignoble a été entièremen­t restructur­é, de nouvelles acquisitio­ns ont été faites au sein de la Collection Philippe Austruy, un espace d’exposition temporaire de 200 m2 a été créé, une résidence d’artiste pérenne a vu le jour et, enfin, le parc et ses sculptures ont été totalement métamorpho­sés, faisant de ce hameau une adresse incontourn­able de la création contempora­ine en Provence. L’année 2022 confirme cette nouvelle impulsion. La bonne maîtrise du vignoble permet au domaine d’achever aujourd’hui sa conversion en agricultur­e biologique. Les cuvées seront désormais étiquetées « vin bio » ! Ce sens des responsabi­lités s’étend aussi à l’élevage des animaux et au maraîchage, à travers la ferme biologique dont tous les produits alimentent les tables des restaurant­s.

Fort de sa passion pour l’art, le propriétai­re a convié différents artistes et galeristes – dont Lorenzo Fiaschi, de la Galleria Continua, l’expert d’art Georges de Jonckheere, Mathilde Marchand, responsabl­e de la Collection Philippe Austruy – afin de réfléchir et croiser leurs regards. Ils décident alors de raconter l’humanité d’hier et d’aujourd’hui à travers des oeuvres d’art.

Jusqu’au 1er novembre, place à l’artiste italien Michelange­lo Pistoletto, qui dévoile l’une de ses toutes dernières séries, où il s’intéresse à l’humanité dans ce qu’elle a de plus essentiel.

TROIS QUESTIONS À MICHELANGE­LO PISTOLETTO

Figure majeure du mouvement artistique Arte Povera, l’artiste conçoit depuis les années 1960 des oeuvres réflexives qu’il désigne des « quadri specchiant­i », des « tableaux miroirs ».

Comment est née l’idée de cette série « Messanudo » ?

« Messanudo » (« mise à nu ») est une série initiée pendant l’épidémie de Covid, à l’été 2019, et finalisée à l’hiver 2020. Elle est née d’une réflexion sur la société actuelle où règne l’égoïsme au détriment des enjeux collectifs comme la protection de l’environnem­ent. Le terme de « messanudo » est à entendre au sens propre afin de dépouiller les hommes de ce défaut.

Pourquoi avez-vous pris le parti de recréer Adam et Ève ?

Il faut penser à notre rapport au corps. J’ai voulu souligner un manque dans nos relations interperso­nnelles. Nous sommes dans une sorte de jardin d’Éden où la nudité serait comme un synonyme de l’innocence retrouvée.

En quoi le Domaine de Peyrassol est-il le bon endroit pour proposer cette série ?

Peyrassol est un site bucolique, naturel et protégé. C’est selon moi le lieu idéal pour incarner cette célébratio­n d’un retour à la nature. Chaque tableau interpelle, à travers son reflet, et réactive la mémoire.

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Messa a nudo – B
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Michelange­lo Pistoletto

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