DELPHINE VIGUIER ÉMANCIPE LES FEMMES
Au sein de L’Oréal, son parcours est exemplaire : après avoir dirigé LaSCAD, puis les Laboratoires Garnier, qu’elle a convertis à la nature, Delphine Viguier est aujourd’hui directrice générale internationale de L’Oréal Paris, première marque de beauté ve
Comment expliquez-vous votre exceptionnel parcours en tant que femme chez L’Oréal ? Exceptionnel, non, je ne crois pas. L’Oréal est une entreprise paritaire, pour laquelle l’égalité professionnelle est une réalité. Il y a autant de femmes que d’hommes au comité exécutif. D’autres femmes que moi occupent des postes clés. Je peux vous citer Ersi Pirishi, directrice de la zone Amérique latine, Asmita Dubey, DG digital marketing, Barbara Lavernos, DGA de la recherche, de l’innovation et de la technologie.
Êtes-vous fière d’être la première femme patronne de L’Oréal Paris ?
J’ai été formée pour cela. Être une femme est plus confortable pour avoir une vision globale de la beauté et faire passer des messages.
La marque L’Oréal Paris est engagée dans la lutte contre le harcèlement de rue. Pourquoi avoir choisi cette cause ?
Dans tous les pays, le harcèlement de rue est la première barrière à la liberté des femmes, à leur autonomie, à leur confiance en elles. En 2019, nous avons mené une étude internationale avec Ipsos. Elle a montré qu’en France 81 % des femmes en ont déjà été victimes. Et particulièrement celles qui ont moins de 35 ans. Cela nous a conduits à mettre en place le programme Stand Up, contre le harcèlement de rue. D’autant que seulement 20 % des femmes disent avoir été aidées par un témoin et 88 % des personnes avouent ne pas savoir comment réagir.
Pourriez-vous soutenir d’autres causes ?
Pour le moment, nous avons beaucoup de travail avec celle-ci. Cela prend énormément de temps d’expliquer les enjeux à nos partenaires et aux institutions, de montrer à quel point cela empêche les jeunes de suivre des cours ou d’avoir des jobs du soir. Je ne veux pas m’engager dans un combat que je ne pourrais pas mener jusqu’au bout. En revanche, nous soutenons aussi la représentation des femmes dans le cinéma avec le prix Lights of Women. Il a été décerné au Festival de Cannes pour la deuxième fois. Cette année, c’est Kate Winslet qui l’a remis à la jeune réalisatrice britannique Mai Wu.
Le monde de la beauté a-t-il changé ?
Il est devenu plus personnalisé et plus inclusif. Avant, on avait des modèles et des produits plus standards. Aujourd’hui, il répond à tous les courants, toutes les attentes. Le vieillissement des Asiatiques n’est pas le même que celui des Caucasiennes ou des Latines. L’Oréal Paris est une marque de luxe accessible et de qualité qui répond, avec modernité, réalisme et naturel, à la diversité des femmes. Elle reflète aussi l’excellence parisienne dans le monde entier.
Quel rôle tiennent vos égéries ? Portent-elles des valeurs particulières ?
Elle Fanning, Viola Davis, Céline Dion, Helen Mirren, H.E.R… Elles sont multiples. Chacune, avec son parcours personnel et professionnel, est un modèle d’émancipation et de diversité. Ces femmes montrent aux autres qu’elles ont les moyens de prendre leur vie en main. Elles incarnent la confiance en soi. Sans estime de soi, on ne peut pas prendre la place qui revient à chacune dans la société et qui est nécessaire pour avancer avec liberté.
Et la green attitude, y êtes-vous sensible depuis longtemps ?
Nous réduisons le poids de nos emballages, utilisons 100 % de plastique recyclé et améliorons sans cesse nos formules pour réduire notre empreinte en eau. D’ici 2030, nous diminuerons notre empreinte carbone de 50 % et contribuerons à des projets environnementaux en faveur des femmes. Vous voyez, nous sommes avec elles sur tous les fronts !