QUAND LE DESIGNER HUBERT DE MALHERBE RENCONTRE LA VOITURE DE L’ANNÉE
À la tête de son agence de design, Hubert de Malherbe oeuvre entre Paris, New York et Shanghaï pour rendre les lieux et les objets plus beaux, plus adaptés à nos modes de vie et moins énergivores. Il aurait probablement aimé dessiner ce Kia EV6, un crossover 100 % électrique à l’autonomie record, élu voiture de l’année 2022 et fleuron de la marque coréenne, dont il nous décrit les contours avec un oeil d’expert.
Quel est votre rapport à l’automobile et au moteur électrique ?
J’adore l’automobile depuis toujours, même si, aujourd’hui, je passe plus de temps sur mon vélo électrique à Paris ou dans mon avion pour les longs trajets. Je ne suis pas attiré par l’électrique par principe, mais force est de constater que, malgré les réticences de certains, la trajectoire du tout électrique est bonne et fiable. Nous sommes à une période pivot de l’automobile. L’avenir des objets de mobilité devra être plus simple dans leur conception, leur fabrication et leur utilisation. En cela, l’électrique permet de rationaliser et diminuer l’empreinte carbone. Bientôt, on pourra rouler plus de 1 000 kilomètres sans avoir besoin de recharger. En revanche, les designs extérieur et intérieur doivent conserver toute leur magie. On a besoin d’identification, de différenciation, et c’est en cela que ce modèle EV6 me plaît beaucoup. Son design est futuriste, tourné vers l’avenir. C’est une voiture très joliment dessinée, à la fois ourlée, nerveuse, sportive et féline.
Quelles sont vos sources d’inspiration ?
Elle vient de l’imagination, du goût de l’esthétisme et du rationnel. Il faut sans cesse garder à l’esprit que nous travaillons et imaginons des espaces pour rendre la vie plus agréable et plus belle. C’est la quête du progrès, dans tous les sens du terme, que ce soit du point de vue du style ou des matériaux naturels utilisés. Il y a une logique de progrès derrière tout cela, d’où ce besoin d’innovation perpétuelle. C’est pareil pour l’automobile ou l’aéronautique. Je suis curieux, observateur, et les rencontres avec des personnes visionnaires et ambitieuses, par exemple avec Bernard Arnault, ont été pour moi d’une grande richesse et m’ont inspiré dans mon travail.
Comment décririez-vous ce modèle EV6 ?
Au premier coup d’oeil, je l’ai trouvé imposant, puissant et merveilleusement dessiné. Il propose des formes variées qui se marient très bien entre elles. Ses ailes ourlées, ses phares en creux en forme d’amande, qui ressemblent un peu à deux pupilles effilées, en disent long sur l’ambition de la marque. Ce crossover a à la fois un côté masculin, avec ses formes coudées qui lui donnent un aspect sportif et félin, et féminin, avec ses lignes douces et rondes, depuis les phares, à l’avant, jusqu’aux passages de roues en forme de demi-cercle. À l’intérieur, c’est vraiment très soigné, j’aime particulièrement le grand écran incurvé panoramique. Je trouve ce modèle réussi et moderne.
Êtes-vous toujours aussi curieux de ce qui se fait dans le design automobile ?
Oui, cela m’intéresse beaucoup. Malheureusement, le secteur automobile est devenu très standardisé, un peu comme celui de l’aéronautique. Les voitures se ressemblent de plus en plus, ce qui n’était pas le cas avant. En ce sens, l’EV6 propose un style que je ne retrouve pas chez les autres constructeurs, qu’ils soient européens ou américains. À la fois sophistiqué au niveau de sa quête de perfection esthétique et simple dans son ergonomie intérieure. C’est en cela que Kia a bien fait les choses. Je me souviens qu’il y a environ 15 ans la marque avait à sa tête un dirigeant très impliqué dans l’esthétisme de l’objet, et cela m’avait séduit qu’un féru de design puisse diriger une entreprise. Kia est un fabricant jeune et innovant. Avec cet EV6, ils ont opté pour un esthétisme très marqué, qui se différencie des autres modèles. C’est pourquoi ce crossover ne passe pas inaperçu. Son espace de vie est spacieux et doux au regard. Que ce soit sa grande autonomie, son temps de recharge ultrarapide de 100 kilomètres en 4,30 minutes ou ses dernières technologies embarquées, tout cela dessine l’avenir de l’automobile. En outre, je trouve cet EV6 remarquablement agile, que ce soit en ville ou sur route.
Comment voyez-vous la voiture du futur ?
J’ai eu le plaisir de collaborer pour d’autres marques automobiles, j’ai même débuté ma carrière d’ingénieur au bureau du design d’un constructeur français, d’où mon intérêt pour le secteur encore aujourd’hui. Je suis admiratif des progrès faits en ce domaine, et je reste persuadé que nous ne sommes qu’au début d’une nouvelle ère. Il y a, par exemple, la notion de mutualisation de l’automobile, qui est très importante, mais aussi celle de détente et de bien-être. La voiture devient un lieu de vie à part entière, au même titre que les pièces de votre appartement. Elle doit avoir de nouvelles fonctions. Cela passe aussi par les progrès technologiques avec des voitures autonomes, que l’on ne conduira plus vraiment. Ça se passera un peu comme quand on prend l’avion aujourd’hui. On décollera, on mettra le pilotage automatique, puis on fera autre chose. Je crois que c’est cela, l’avenir de l’automobile : ne plus conduire sa voiture, mais être conduit par elle et profiter des paysages par la fenêtre ou le toit de verre. Non seulement un moyen de transport, bien sûr, mais surtout un lieu de repos où le confort et la sécurité sont primordiaux. C’est une nouvelle ère qui s’ouvre, et c’est absolument passionnant !