Infrarouge

L’HOMME DE VENISE

Dans la cité des Doges, Didier Guillon présente au Palazzo Bonvicini le dernier opus de sa trilogie autour des contes, « Peter Pan, la nécessité du rêve ». Un temps fort du off de la Biennale, dont il nous livre également ses coups de coeur.

- Par Catherine Jazdzewski

Comment définir Didier Guillon ? Curateur, esthète, collection­neur, artiste… Cet après-midi-là, dans le salon de sa résidence vénitienne, parmi les oeuvres de Yves Lévêque, Sophie Westerlind, Judi Harves ou Jody Paulsen, il vous laisse décider. Et c’est impossible… Dans le monde de l’art, le fondateur et président des cosmétique­s Valmont occupe une place à part. Il n’est pas spéculateu­r, il est agitateur. Cette passion, qui a baigné sa vision de la cosmétique puisque, chez Valmont, on parle de « The Art of Beauty », a pris récemment le pas sur le business. Didier Guillon laisse les commandes de la Maison à son épouse et partenaire, Sophie Vann Guillon, pour se consacrer à la mise en lumière de l’émotion et de l’humain qui se cachent dans les créations contempora­ines.

Une fondation artiste

Après être tombé sous le charme de Venise et y avoir installé sa fondation en 2015, il y vit désormais à mitemps. Aimer l’art chez les Guillon, c’est le partager. Et transmettr­e, toujours. Avec son fils Maxence, qui préside depuis peu la Fondation, il a créé cette année D&M Art Fund, un fonds qui soutient la jeune création. Avec sa fille Valentine, il signe Blessing in Disguise, l’un des quatre opus de l’exposition « Peter Pan, la nécessité du rêve ». Après Hansel & Gretel, Alice in Wonderland, Peter Pan est le dernier volet de cette trilogie consacrée à la mythologie des contes. « Peter Pan n’a pas de mémoire, il est détaché du temps, ce qui lui laisse une totale liberté. C’est cette notion d’infini, d’intemporal­ité, que j’ai voulu explorer avec la vidéo comme médium. » Il a donné carte blanche à trois artistes proches, mais, en préambule de l’exposition, c’est une installati­on signée Gayle Chong Kwan qui interpelle. Son Atlantis incarne le monde englouti de l’Atlantique et du Pacifique par l’invasion plastique. Peter Pan commence son errance avec Wings, Wrecked, Window de Stéphanie Blake, puis Silvano Rubino confronte le présent et l’infini dans Le Cycle du temps avant que, dans la dernière salle, Isao emporte les visiteurs dans les ombres de Shadows and Forms. Entre ces deux visions, on a le souffle coupé par Blessing in Disguise. « J’avais demandé à Valentine de réfléchir sur Peter Pan, j’ai été bluffé par son montage d’images. » La jeune femme a repris des clichés de la guerre du Vietnam. Ensemble, ils les ont associés avec des éclosions en accéléré de fleurs aux couleurs vives. « C’est notre vision commune du Flower Power.» Outre Venise, Blessing in Disguise est aussi à voir à Hydra. C’est d’ailleurs là, dans sa résidence insulaire, que Didier Guillon, avec les curateurs Francesca Giubilei et Luca Berta, planche sur les artistes associés à la prochaine exploratio­n artistique. Elle aura pour thème « Ulysse ».

Peter Pan, la nécessité du rêve, Palazzo Bonvicini, jusqu’au 26 février 2023.

Blessing in Disguise, visible à l’Historical Archives Museum of Hydra, jusqu’au 31 juillet 2022.

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Wings, Wrecked, Window de Stéphanie Blake Blessing in Disguise, de Valentine et Didier Guillon
Didier Guillon et sa fille Valentine Guillon Wings, Wrecked, Window de Stéphanie Blake Blessing in Disguise, de Valentine et Didier Guillon
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