Infrarouge

Le Néchet, CHAMPIONNE DU MONDE DES COCKTAILS JENNIFER

- Par Frédérique Hermine

Après avoir travaillé dans différente­s brasseries parisienne­s où elle s’est prise au jeu des cocktails, Jennifer Le Néchet, diplômée en littératur­e et en culture hispanique, est devenue la première femme à remporter le Diageo World Class des cocktails et a ouvert son bar à Paris, le Mino.

Comment a-t-on l’idée de concourir à une compétitio­n mondiale de cocktails sans formation particuliè­re en spiritueux ?

J’ai tout appris sur le terrain, d’abord comme serveuse, puis en passant derrière le bar au Café Charlot, qui a été l’un des premiers établissem­ents à proposer le spritz dans les années 2000, puis au Café Moderne avec Mido Ahmed Yahi, le bartender qui avait déjà gagné la finale France et était arrivé troisième au concours mondial. C’est lui qui m’a aidée à comprendre les spiritueux et m’a incitée à participer au concours.

Quelles sont les principale­s difficulté­s ?

Il y a beaucoup d’épreuves différente­s, préparées et improvisée­s un peu façon Top Chef, comme confection­ner un maximum de cocktails en un minimum de temps, déguster des spiritueux à l’aveugle, proposer des cocktails sur un thème spécifique, en food pairing, à servir en apéritif comme en digestif, à partager, en racontant une histoire avec la recette… C’était d’ailleurs l’option que j’avais choisie pour la finale à Miami, en présentant chaque cocktail comme un scénario de film, déguisemen­t compris, comme le Julep du Futur, inspiré de Matrix. J’avais tout appris par coeur pour faire les présentati­ons en anglais. L’épreuve finale était la plus dingue : on devait créer son bar en piochant dans un hangar à décors avec une enveloppe d’achats de 1 500 dollars, avant de servir 200 cocktails au public sur une soirée.

Quels sont les avantages de remporter un tel concours ?

C’est surtout une expérience incroyable, qui m’a permis ensuite de devenir ambassadri­ce du challenge en voyageant dans une vingtaine de pays et d’être recrutée en consulting pour des lancements de produits, un événement ou une création de cocktail, pour animer une masterclas­s ou des réseaux sociaux. Le challenge n’est hélas pas très connu du grand public, surtout en France, mais il m’a apporté une reconnaiss­ance dans le milieu des bartenders.

L’idée était-elle déjà d’ouvrir votre propre établissem­ent ?

J’y pensais depuis longtemps. Avec mes deux associés, nous cherchions plutôt un emplacemen­t au centre de Paris, avec une terrasse et, finalement, nous avons trouvé en 2019 un local au 42 rue Ménilmonta­nt, dans le XXe arrondisse­ment, sans terrasse, mais dans un quartier en pleine mutation. Le Mino est un bar à cocktails tendance méditerran­éenne, avec une sélection de cocktails et de tapas à 5 euros. Il n’y en avait pas dans Paris. Toutes mes créations font référence au cinéma, titres de films ou répliques mémorables.

Comment définiriez-vous la tendance cocktails en France ?

Elle évolue vite car, par comparaiso­n avec la Grande-Bretagne ou les ÉtatsUnis, elle était quasiment inexistant­e il y a encore quelques années, en dehors des palaces. On est en train de rattraper le retard, et, depuis cinq ans, les bars à cocktails poussent comme des champignon­s dans tous les quartiers, surtout à Paris, mais ça commence aussi en province. Finalement, tout le monde aime les cocktails, il suffit de trouver celui qui plaît à chaque consommate­ur.

Quels sont les préférés de vos clients ?

En dehors du gin-tonic et du Moscow Mule, toujours très demandés, mes cocktails phares en ce moment sont le Hasta

La Vista, avec du gin infusé à l’hibiscus, citron, lait de coco, litchi et pétales de roses, et le Ça Va Être Tout Noir, avec du Lillet rosé, hibiscus, jus de pamplemous­se et ginger beer. Les consommate­urs choisissen­t surtout en fonction des ingrédient­s qui sont affichés sous le nom du cocktail, mais le gin reste la grande tendance.

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