LOUIS de Montille, DESCENDANT DE DIONYSOS
Louis de Montille est le fondateur du réseau de cavistes Nysa. Créé en 2007, celui-ci compte désormais une soixantaine de boutiques qui mettent en avant une approche décomplexée et ludique du vin dans les principaux lieux de vie d’Île-de-France.
Àl’âge de 25 ans, le jeune Louis de Montille, au sortir de ses études de commerce, a fondé sa propre société. Issu d’une grande famille viticole de Bourgogne, il s’est tout naturellement orienté vers le vin, mais en entendant dépoussiérer l’univers des cavistes. Il a ainsi créé en 2007 un nouveau concept, Nysa, du nom de la montagne où serait né Dionysos selon la mythologie grecque. Il le veut plus jeune et plus ludique pour des consommateurs hédonistes, mais non avertis. L’enseigne indépendante compte désormais une soixantaine de boutiques au coeur des villes d’Île-de-France, ainsi qu’une adresse à Lyon et une Londres.
Comment le réseau Nysa s’est-il démarqué des autres enseignes de cavistes ?
Quand j’ai créé Nysa il y a 15 ans avec Laurent Decaux [fils du célèbre historien Alain Decaux
qui a depuis cédé ses parts], c’était pour proposer un concept plus simple, avec une approche décomplexée des vins, à l’intention des jeunes urbains peu connaisseurs mais amateurs de découvertes, qui aiment sortir dans des quartiers vivants et fréquentent les rues commerçantes de Paris, à commencer par le Marais et le quartier Montorgueil. Il s’agit moins de parler d’accords mets-vins que de suggérer une bouteille pour un moment de consommation. Nous développons depuis l’an dernier notre expertise en ligne avec un e-shop.
Quels types de vins proposez-vous ?
Nous sommes très vins français, à 95 %, et particulièrement sensibles aux vins bios, biodynamiques et nature – un vin vendu sur trois est en bio chez nous. Nous travaillons surtout avec des vignerons à taille humaine que l’on aime bien et avec qui nous n’entretenons pas que des liens de fournisseur-distributeur. Nous les dénichons en sillonnant l’Hexagone, nous allons souvent les voir et nous les invitons régulièrement à Paris dans nos boutiques pour qu’ils comprennent mieux les consommateurs urbains. On les soutient aussi en adaptant nos achats à ce qu’ils proposent et en restant fidèles, notamment en cas d’aléas climatiques. On sait alors être flexible sur la quantité. Au total, nous proposons environ 1 300 références, de vins mais également de bières artisanales et de spiritueux.
Disposez-vous de cuvées dédiées ?
Nous en proposons une dizaine par an, toujours en fonction du retour de nos clients. Nous avons, par exemple, sélectionné un vin rouge du Gard qui a la structure d’un vin du Sud, mais en travaillant sur les cépages et la vinification pour qu’il soit moins alcoolisé et plus équilibré, car la plupart des vins de la région titrent à 14-15 % vol. et c’est un peu trop pour garder un vin digeste.
Quelles sont les appellations best-sellers dans vos boutiques ?
Les rosés sont toujours en forte croissance, surtout quand la météo est chaude, comme cet été. La demande est surtout axée sur des nouveautés en termes d’appellations. Nos consommateurs aiment bien qu’on leur fasse découvrir un vin du Jura, de Loire, de Moselle, de Corse… Notre offre démarre autour de 5 €, mais la majorité des bouteilles avoisinent en général les 6-20 €. Nous vendons également beaucoup de champagnes, car nous sommes une cave de quartier et de proximité, qui propose la livraison en une heure. Concernant les régions, la Loire emporte de plus en plus l’adhésion, surtout les blancs avec des chenins très aromatiques, qui changent des traditionnels sancerres et chablis. La Bourgogne reste néanmoins très demandée à Paris, même s’il est de plus en plus difficile de trouver des pépites après ces quelques millésimes difficiles. Quant à Bordeaux, nous misons plutôt sur les vins à fort pourcentage de merlot, plus élégants, aux tanins fondus, car les vins trop puissants et boisés sont de moins en moins recherchés.