LE LUXE EST MORT, VIVE LE LUXE !
Le luxe, c’est fini. Enfin, sa version étendard fourre-tout. Celle d’un mot qui a oublié son élément fondateur : le savoir-faire, révélé dans le sens du détail.
LVMH a donné le ton lors de la 5e édition des Journées Particulières, mi-octobre, en entérinant définitivement cette nouvelle conception du luxe qui, selon les mots de Bernard Arnault, consacre « la richesse humaine et créative ». Le même mois, le Groupe a mis à l’honneur ses 280 « Métiers d’Excellence » dans la série The Story Behind ME, délivrant par exemple les secrets de fabrication du collier Serpenti ou de la valise Rimowa : sept récits diffusés en exclusivité sur les réseaux sociaux qui racontent « le visage, l’intelligence, l’oeil, les mains, la sensibilité de femmes et d’hommes qui se transmettent de génération en génération, d’un métier à l’autre, la passion du beau, de ce qui résiste au temps, la passion de savoir-faire divers si patiemment acquis, optimisés, qu’ils en deviennent un art ». La valeur de la valeur…
Plus que jamais, et plutôt que de célébrer une notion désormais éculée, LVMH affiche la qualité de ses artisans sans lesquels l’essence de la singularité et de la désirabilité des produits n’existerait pas. On aura d’ailleurs beau chercher, pas une seule fois le terme « luxe » n’apparaît dans le communiqué de presse des Journées Particulières présentant les 56 Maisons ouvertes au public. LVMH se redéfinit, glissant d’un Groupe de luxe à un vivier de Maisons et de talents précieux en faisant coup double. Car si ce repositionnement gomme le mot, il en renforce la réalité matérielle – la qualité unique – et immatérielle – le rayonnement culturel. De l’étymologie latine luxus – « excès », « faste » –, on gardera la lumière sans la débauche, la volupté des matières et des sens plus que l’ostentation, ou encore la lenteur de l’exécution précise face à la construction sociale qui associe trop simplement le luxe à l’éclat de ce qui brille.