LES CLEFS DE LA PLACE VENDÔME
Qu’est-ce qui fait la force des Maisons joaillières séculaires de la place Vendôme ? Éléments de réponse avec Corentin Quideau, fondateur de Corentin Quideau Consulting, spécialiste des questions et stratégies liées à l’industrie du luxe.
En quoi réside la force d’une Maison de haute joaillerie ?
Ce sont d’abord ses archives, véritable patrimoine artistique. Je pense aux Maisons comme Cartier, Boucheron, Van Cleef ou Chaumet, fondées il y a plus d’un siècle par des familles, aujourd’hui dans le giron de grands groupes. La Maison Cartier, par exemple, créée en 1847, a conservé la totalité de ses archives – dessins gouachés, plâtres de réalisation, tirages photographiques, carnets de stocks ! Cet ensemble unique au monde préside au développement et à la création. Ce qui fait la richesse du présent et du futur d’une marque, c’est la richesse et la réinterprétation de son histoire. Les grandes Maisons de la place Vendôme ont donc un avantage phénoménal par rapport aux autres en matière stylistique, car elles disposent d’un corpus infini de possibilités rien qu’en puisant dans leur passé.
La force d’une Maison, c’est aussi le stock de pierres, qui se chiffre par dizaine de millions d’euros par an...
Ce qui fait la puissance d’une marque, c’est son authenticité : son histoire, la traçabilité d’une pièce, ses engagements, ses matières, son savoir-faire et ses promesses. Pour les pierres, c’est la même chose. Les grandes Maisons ont des experts exceptionnels et des réseaux incroyables pour collecter les diamants, les pierres précieuses ou les pierres fines. Ces stocks sont la base de leur création et, par définition, constituent un actif incomparable.
Qu’a changé l’accélération du développement du secteur joaillier ?
À l’extension du territoire de la joaillerie correspond l’accroissement de la palette des couleurs des gemmes ainsi que l’extension de leur provenance. Des diamants, nous sommes passés aux diamants de couleur. Du saphir bleu au saphir rose ou violet. De la même façon, les rubis qui provenaient de Birmanie ou de Thaïlande viennent désormais du Cambodge ou du Vietnam. Enfin, nous assistons à l’avènement des pierres semi-précieuses comme le spinelle, la tourmaline et les opales désormais utilisés dans la haute joaillerie – chez Vuitton ou Bulgari, par exemple –, alors qu’il y a 20 ans, c’était impensable pour orner des parures prestigieuses.