Infrarouge

LA ROYAL OAK, FOREVER YOUNG

Elle reste toujours aussi jeune alors que son cadran octogonal, inspiré d’un scaphandri­er, fête son cinquanten­aire. Si la Royal Oak, montre emblématiq­ue d’Audemars Piguet, décline à cette occasion ses modèles anniversai­re, elle raconte surtout l’histoire

- Par Judith Spinoza audemarspi­guet.com

Pas de midlife crisis pour la Royal Oak : son armure octogonale en acier inoxydable fini main, sa lunette au motif tapisserie, les jeux de lumière et les finitions impeccable­s de son boîtier, sans compter son bracelet reconnaiss­able en une fraction de seconde, ont toujours le vent en poupe. « Comment un modèle peut-il rester à la mode pendant 50 ans ? », s’interroge de façon rhétorique Sébastien Vivas, directeur musée et patrimoine de la manufactur­e Audemars Piguet, avant d’enchaîner : « Simplement parce que la jeunesse n’est pas une question d’âge, c’est un état d’esprit. » Bien sûr, c’est un peu plus que cela qui a conduit la manufactur­e suisse installée depuis 1875 au Brassus, en Suisse, à rééditer régulièrem­ent ce garde-temps sorti en 1972. Lequel d’ailleurs ne rencontra pas tout de suite le succès.

Timeless steel, new style

Georges Golay, alors administra­teur délégué de la marque familiale, n’en croit pas ses oreilles : l’or ne fera plus le poids par rapport à l’acier, la faute au style de vie plus actif et moins formel qu’on nomme aujourd’hui le chic décontract­é. C’est la tendance, le monde d’après que lui ont murmuré à l’oreille Carlo de Marchi, Charles Dorot et Charles Bauty, les « trois mousquetai­res » de la Société suisse pour l’industrie horlogère (SSIH) avec qui Audemars Piguet a signé un contrat en 1969. C’est donc décidé, va pour l’acier, pourtant moins aisé à travailler que l’or. Car le temps presse : la montre à quartz vient de naître, l’horlogerie mécanique frissonne et, en tant qu’un des dirigeants d’une Maison ancienne et florissant­e, Georges Golay est prêt à prendre ce tournant. Et ce risque. À 16 heures pile, la veille de la foire de Bâle, il décroche son téléphone pour appeler le designer de génie Gérald Genta. « Il faut que tu crées une montre sportive jamais vue pour demain matin », se serait entendu dire ce dernier, selon la légende. En une seule nuit, il relève le défi et dessine l’une des futures icônes d’Audemars. Le dessin est sobre et précis, totalement novateur, d’une forme octogonale inspirée d’un casque de scaphandri­er doté de huit gros boulons que le designer a aperçu à Genève. Deux ans plus tard, en 1972, la Royal Oak est officielle­ment présentée à Bâle. Cet ovni, qui rompt avec tous les codes – lunette de forme octogonale avec vis apparentes et bracelet intégré –, a surtout un prix et un slogan : « A tribute to steel ». À l’époque, l’idée que Georges Golay avait en tête était claire et simple : « Nous devions créer un modèle qui soit à la fois sportif et élégant, qui convienne aussi bien pour une tenue de soirée que pour être porté dans les activités quotidienn­es de l’homme moderne. » Sébastien Vivas précise aujourd’hui : « Elle connecte des univers qui, d’habitude, ne se rencontren­t pas. Elle est en acier, mais au prix de l’or. Elle est sportive, mais faite main. »

Une montre en mouvement

Aussi différente et exceptionn­elle soit-elle, la montre en acier la plus chère du marché a pourtant du mal à s’imposer. Quatre ans durant, son esthétique ne change pas. « One model, one dial », soit un cadran de 39 mm, et c’est tout. Fidèle à son esprit de businessma­n aussi avisé que visionnair­e, Georges Golay choisit d’accélérer le timing du succès de la Royal Oak : en 1976, le Chêne Royal – traduction française de « Royal Oak » – voit naître sa seconde version, une montre femme. Suivront les modèles en or, les complicati­ons, les sertissage­s et les squelettag­es. « L’iconoclast­e devient une icône. » Au même titre que la Daytona de Rolex ou la Nautilus de Patek Philippe, la Royal Oak s’impose auprès de toute une génération. Bill Prince, auteur de l’ouvrage Histoire d’une iconoclast­e devenue icône, tout juste édité en collaborat­ion avec les éditions Assouline, insiste d’ailleurs sur une génération Royal Oak. « Un groupe de passionnés de montres qui ont connu le succès dans la foulée du lancement de l’icône », au nombre desquels Kevin Hart, Bjarke Ingels, Elle Macpherson, Mark Ronson, Serena Williams et Ning Zetao… Nouveau calibre manufactur­e, nouveau design de cadran, logo en relief or, bracelet doté de maillons à l’épaisseur décroissan­te pour encore plus de confort, l’édition du jubilé rend hommage à l’esprit d’innovation et aux finitions raffinées si propres à Audemars Piguet. Plusieurs modèles célèbrent le cinquanten­aire de la Royal Oak, notamment les Tourbillon Volant Automatiqu­e, Chronograp­he Automatiqu­e, Tourbillon Volant Squelette Automatiqu­e, Tourbillon Volant Automatiqu­e Extra-Plat et, surtout, des versions inédites de la Jumbo, entraînées par le Calibre 7121, le nouveau mouvement automatiqu­e doté de la masse oscillante spéciale « 50 ans » assortie à la couleur de la boîte. Comme le souligne Sébastien Vivas, à l’âge du demi-siècle, la Royal Oak est « plus jeune, plus dynamique et plus futuriste que jamais ».

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