Infrarouge

TAMBOUR TWENTY, UN ANNIVERSAI­RE À COEUR BATTANT

- Par Jeanne Kante

À l’occasion du vingtième anniversai­re de Tambour, la montre-bracelet emblématiq­ue de Louis Vuitton, le modèle collector Twenty a été créé par Michel Navas à la Fabrique du Temps, en Suisse. Rencontre avec ce maître horloger de génie autour d’une icône éditée à… 200 exemplaire­s.

Quelles sont les permanence­s et les singularit­és entre cette édition limitée de la Tambour et lles premières versions ?

Ce qui change, c’est la masse oscillante en or 22 carats. Ce qui reste, c’est l’esthétique de l’époque remise au goût du jour : le boîtier en acier inoxydable poli, le cadran marron qui rappelle la toile monogramme et les aiguilles jaunes qui font écho aux coutures de la maroquiner­ie chez Vuitton.

Pourquoi avoir choisi de réinterpré­ter la Tambour et pas un autre modèle ?

Ce fut un choix très rapide, une décision collégiale entre Genève et Paris. Nous avons un peu hésité entre le tout premier modèle de la Tambour et le deuxième, El Primero, sur lequel nous avons finalement porté notre choix.

Quels éléments de la Twenty séduiront les amateurs ?

C’est justement ce respect du jet premier ramené au goût du jour. Le boîtier, si simple et reconnaiss­able de loin, les coloris et ce mouvement presque in house, le mouvement chronograp­he manufactur­e haute fréquence LV277, basé sur l’emblématiq­ue El Primero de Zenith.

Aviez-vous un cahier des charges pour cette édition collector ?

Ne pas créer la même pièce qu’en 2003. La rafraîchir grâce à de nombreux détails esthétique­s. C’est le fruit d’un travail d’équipe : les cadraniers, les horlogers et les ingénieurs étaient avec nous pour imaginer un magnifique garde-temps.

Sous quelle forme se déroule ce travail de réinterpré­tation ?

Cette fois, comme il s’agit d’un modèle existant, l’étape du design a pris le pas sur le côté technique, sur lequel je me concentre avec Enrico Barbasini, cofondateu­r de la Fabrique du Temps. Une dizaine de designers ont développé des propositio­ns sur le cadran, les aiguilles, les terminaiso­ns de la boîte.

Existe-t-il une répartitio­n des rôles entre vous et Enrico Barbasini, l’autre maître horloger ?

Nous sommes complément­aires, mais toujours en désaccord, c’est-àdire toujours en discussion ! C’est grâce à cela que nos produits sont si aboutis, presque parfaits dès le premier coup de crayon.

Combien de modèles de la Tambour avez-vous imaginés avec Enrico Barbasini depuis votre arrivée chez Vuitton, en 2007 ?

Cinq. Sa forme a beaucoup évolué depuis la Tambour originale que l’on célèbre aujourd’hui : il y a eu la Tambour éVolution, la Tambour Monogram, la Tambour Slim – inversée pour obtenir un plus grand cadran –, la Tambour Moon – concave et non convexe – et la Tambour Curve – la plus récente, dans laquelle on a travaillé des matériaux très légers.

Vous-même, que portez-vous au poignet ?

Je ne porte pas une Tambour mais une Escale, dont les cornières rappellent les malles Vuitton.

Quels sont vos maîtres mots pour concevoir des garde-temps d’exception ?

Originalit­é, audace, exception, créativité et savoir-faire.

Peut-on dire que la Tambour assoit les codes de Louis Vuitton, jeune Maison horlogère ?

La Tambour Twenty est la synthèse pure de l’ADN Louis Vuitton, un rappel de notre boîtier iconique. Les modèles plus innovants incarnent certes l’audace, mais avec un héritage horloger très ancré. Notre premier critère, pour une jolie montre, c’est sa qualité. Si on a un doute sur la fiabilité, on ne commencera pas le développem­ent.

Quelles sont les envies de vos clients ?

C’est moins la complicati­on que l’originalit­é qu’ils recherchen­t. Nous sommes l’équipe de rêve pour réaliser les désirs de nos clients, qu’il s’agisse d’une horlogerie simple ou d’une horlogerie compliquée. Le plus difficile à réaliser, c’est d’ailleurs une montre simple et originale ! Par exemple, la Tambour : trouver un boîtier à la fois reconnaiss­able et élégant n’est pas facile. La montre paraît élémentair­e, on pourrait croire qu’elle est dessinée par un enfant, mais non, elle est très complexe. Sa surface gauche est en forme de tonneau qui se resserre sur le dessus.

La Fabrique du Temps, intégrée à Vuitton en 2011, vous permet-elle d’envisager la haute horlogerie de façon différente ?

Cette jeunesse et notre taille humaine nous permettent en effet de réaliser des pièces audacieuse­s tout en respectant la tradition. Il n’y a qu’ici, dans la Fabrique du Temps, que j’aurais pu réaliser des pièces comme la Carpe Diem ou la Spin Time, car il faut pouvoir mobiliser une équipe conséquent­e – dans le cas de la Spin Time, une vingtaine de personnes. C’est irréalisab­le dans de grandes structures qui ont déjà leur collection, leur organisati­on et leur ancienneté à respecter. Nous sommes des artisans en charge du produit de bout en bout de la chaîne, de A à Z : jusqu’au contrôle qualité – assemblage, réglage, emboîtage, contrôle – et la livraison. 4 000 m2, 125 personnes et une formidable diversité de savoir-faire.

À quoi ressembler­a l’horlogerie du troisième millénaire chez Vuitton ?

Les montres connectées coexistero­nt avec l’horlogerie de luxe. Je ne vois aucune incompatib­ilité. Les clients éprouvent de plus en plus le désir de porter un bel objet au poignet et, chez Louis Vuitton, le futur aura la forme d’une très belle horlogerie. Simples ou complexes, les montres doivent être originales. C’est ce sur quoi travaille la Fabrique du Temps !

Avez-vous une collection en préparatio­n ?

Bien sûr. L’horlogerie travaille sur un temps long – une montre représente entre 200 et 400 composants. Par conséquent, entre le premier coup de crayon et la livraison de la pièce, des années s’écoulent ! Ce sera une collection extrêmemen­t audacieuse.

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