Infrarouge

LA QUINTESSEN­CE du goût

Au coeur du VIIIe arrondisse­ment de Paris, Thomas Boullault, chef et propriétai­re de L’Arôme, fait rimer « campagne » et « capitale » à la sauce grand veneur.

- Par Anne Debbasch

De sa Sologne natale, il garde l’âme de l’aubergiste accueillan­t et généreux ; de son expérience dJaanrvsis­leSscopttl­us grands palaces parisiens, il perpétue une cuisine étoilée goûteuse faisant la part belle aux plus beaux produits de saison. On ne vient pas ici par hasard, les habitués sont légion. Les assiettes captent la lumière, les arômes s’encapsulen­t dans des sauces dont l’alchimie enveloppe avec gourmandis­e chaque bouchée. « Je fais une cuisine gourmande et de partage. À chaque plat, son jus ! On y concentre toute la puissance d’un plat. » Jus de carapaces infusé au thé fumé, jus de cuisson émulsionné au jus de truffe, émulsion au vin d’Arbois, sauce Périgueux, sauce grand veneur, ici point de salut sans jus !

Tout pour les arômes

Au-delà de ces réductions préparées avec amour, le chef prête une attention toute particuliè­re au choix de ses ingrédient­s. Ainsi, le gibier, les asperges blanches et les fraises sont sélectionn­és en Sologne, la pêche vient de Bretagne, le quasi de veau de chez Hugo Desnoyer. L’un de ses plats signature, le saint-pierre, est accompagné de morilles assaisonné­es d’un jus marbré au vin d’Arbois et d’asperges reines de Sologne twistées par un jaune d’oeuf au miso. « J’aime garder les grandes lignes d’un plat, l’ingrédient doit rester central, les jus lui donnent de l’intensité et exacerbent ses arômes. Il ne doit jamais manquer de sauce dans une assiette, elle participe autant au goût qu’à la gourmandis­e que je veux transmettr­e ! » Côté desserts, l’exercice de style se poursuit avec les fraises de Villehervi­ers, près de Romorantin, qu’il associe au fenouil et à l’huile d’olive. « Je réalise au printemps un vacherin aux fraises que je twiste par les notes anisées du fenouil. » Les saveurs poivrées de l’huile d’olive relèvent le parfum des toutes premières fraises de la saison et tempèrent les ardeurs du fenouil travaillé en espuma d’une légèreté à couper le souffle.

Pour accompagne­r les plats, les vins d’exception ne manquent pas. « Quand j’ai racheté le restaurant en 2019, j’ai triplé le nombre de bouteilles de notre cave. » Car que serait un menu sans sauce et sans breuvage ? larome-paris.com

TROIS QUESTIONS À Thomas Boullault Quel est votre ingrédient fétiche ?

Le lièvre, sans aucun doute. Depuis bientôt sept ans, j’organise chaque année en octobre le championna­t du monde du lièvre à la royale. J’aime aussi le tourteau breton, dont j’apprécie la finesse de la chair et le contraste de texture entre la chair des pinces et du corps.

Le geste qui vous tient à coeur ?

Il commence par la sélection de nos producteur­s que nous choisisson­s autant pour la qualité de leurs produits que pour la façon dont ils travaillen­t. Nous avons par exemple banni les caisses en polystyrèn­e pour les poissons, et les huiles alimentair­es sont toutes récupérées pour être réutilisée­s.

Le mot de la faim ?

Ma conception du restaurant, joli, épuré, chaleureux, généreux, des nappes et de véritables serviettes pour accueillir « l’arôme »… celui qui ouvre l’appétit et réjouit mes invités.

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Le chef Thomas Boullault
Fraise-fenouil L’Arôme Le chef Thomas Boullault

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