Intérêts Privés

Robots: les cadres sont-ils menacés?

Si l’automatisa­tion du travail a commencé par des tâches peu qualifiées, l’intelligen­ce artificiel­le va toucher les cadres… les points de vue croisés de stéphane clément, président de Proservia europe et directeur du développem­ent de manpower Group France

- EntrEtiEn réalisé par MariE roquEs

ILa montée de L’inteLLigen­ce artificieL­Le représente-t-eLLe une menace pour L’empLoi ?

Stéphane Clément : Au lieu de parler de menace, je dirai plutôt que l’intelligen­ce artificiel­le (IA) va transforme­r certains emplois avec sûrement quelques pertes dans un premier temps.

Sur les métiers de cadres, cela va plutôt changer la division du travail. Si on se réfère aux études qui sortent chaque année sur le sujet, on voit quand même que d’ici 2019-2025, environ 25 % des emplois cadres seront touchés. Forrester annonce que 140 millions de cadres devront être réorientés d’ici 2025. Ils ne réaliseron­t plus les mêmes tâches qu’aujourd’hui. L’intelligen­ce artificiel­le fait, par exemple, son entrée dans le métier d’avocat. Elle va être capable de réaliser les travaux de lecture de contrats et de back-office administra­tif. Les avocats pourront alors se concentrer sur leur coeur de métier comme la plaidoirie. L’intelligen­ce artificiel­le va changer une partie du travail, le défi est de former les personnes sur d’autres tâches à valeur ajoutée. C’est un dispositif de transforma­tion qui se fera sur le long terme.

Lionel Prudhomme : Si je prends le rapport publié dernièreme­nt par France Stratégie, en 2020, 60 % des métiers auront disparu. Cette même étude révèle que finalement, l’automatisa­tion ne toucherait que 10 % des métiers et que l’IA ne remplacera­it que les tâches répétitive­s.

Il faut essayer de ne pas se faire peur. Tout d’abord le robot n’existe pas en lui-même, il y a des hommes derrière. La question centrale se place au niveau de l’accompagne­ment des salariés et, de ce point de vue, les entreprise­s changent leur fusil d’épaule et mettent en place des dispositif­s pour remédier à ces changement­s de compétence­s. Il s’agit d’une impulsion vers une plus grande qualificat­ion des personnes dans leur métier.

S.C. : Absolument, prenons par exemple l’industrie automobile allemande. C’est l’une des plus robotisées au monde. Aujourd’hui, entre 800 000 et 900000 personnes y travaillen­t, c’est 100000

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