Intérêts Privés

PROFITER DU RENDEMENT ENCORE ÉLEVÉ DES SCPI

En atteignant un taux de 4,63 %, le rendement moyen des SCPI se distingue encore en 2016. Un niveau bien plus rémunérate­ur que pour la plupart des autres placements de rendement mais qui baisse aussi… Cela mérite d’être observé de plus près.

- Pélagie Terly

Face à la faible rémunérati­on, en 2016, des fonds en euros des contrats d’assurance-vie (1,80 % en moyenne) et du livret A (0,75 %), les sociétés civiles de placement immobilier - SCPI- tirent leur épingle du jeu avec un taux de rendement attractif de 4,63 % en moyenne. Chaque année, elles attirent davantage d’épargnants. Pour preuve, leur collecte a bondi de 30 % en 2016 par rapport à 2015, année qui elle-même avait déjà été un cru exceptionn­el. Plus de 5,5 milliards d’euros ont ainsi été

investis dans les SCPI. Un placement qui présente de nombreux atouts mais aussi des contrainte­s à ne pas sous-estimer. Acheter des parts de SCPI permet d’investir dans l’immobilier d’entreprise (bureaux, commerces, hôtels…) en France mais aussi à l’étranger et ce, avec un ticket d’entrée bien moindre que pour un investisse­ment en direct dans un tel actif. Avec, en prime, la possibilit­é de recourir au crédit. Étant donné que l’objet d’une SCPI est d’acquérir des biens immobilier­s et de les louer, il n’y a pas de souci de gestion pour l’épargnant. Cependant, le revers de la médaille est le manque de liquidité du placement. Le temps peut être long pour vendre ses parts. Le marché secondaire est d’ailleurs très étroit puisque seules 1,76 % des parts ont changé de mains en 2016. Il est recommandé de conserver ses parts sur une longue durée, ne serait-ce, d’abord, que pour amortir les frais d’entrée élevés du placement autour de 10 %. L’objectif habituel en achetant des SCPI classiques n’est d’ailleurs pas de rechercher une forte valorisati­on du patrimoine mais de se procurer des revenus complément­aires à vie.

Les revenus distribués diminuent

Avec leur taux de rendement à 4,63 % en 2016,

selon l’Aspim et l’IEIF, les SCPI non fiscales se distinguen­t dans la palette des placements. Pourtant, même si ce résultat reste élevé dans l’environnem­ent actuel des taux bas, il ne cesse de diminuer. Et pour cause, il reflète les caractéris­tiques du marché de l’immobilier d’entreprise. Pour obtenir ce taux de rendement, on divise les revenus distribués par la valeur de la part de la SCPI. Or, les dividendes versés aux porteurs de parts ont baissé de 2,63 % en 2016 après avoir diminué de 3 % en 2015. Cette baisse s’explique, d’une part, par les conditions du marché sur lequel investisse­nt les SCPI. Ces dernières achètent leurs immeubles avec des taux de rendement plus faibles, ce qui se traduit sur le montant des loyers encaissés. D’autre part, les conditions sur le marché locatif restent difficiles avec des locaux vacants et d’importants avantages commerciau­x qui sont offerts aux locataires. Cependant, des signes d’améliorati­on sont perçus. « Nous remarquons davantage de mouvements et de visites d’immeubles vacants, poursuit Jacqueline Faisant, présidente de BNP Paribas Reim France. Toutefois, des franchises de loyer sont toujours pratiquées et c’est seulement une fois terminées, que les dividendes distribués vont progresser. Notons aussi que les locataires restent exigeants et nous sommes donc vigilants à constituer des provisions pour pouvoir réaliser des travaux entre deux locataires ». Par ailleurs, certaines SCPI mettent du temps à investir leur collecte qui, placée en trésorerie, ne rapporte rien, ce qui diminue la performanc­e.

Vous profitez de loyers mais aussi de plus-Values

Chaque société de gestion de SCPI peut décider de verser aux associés l’intégralit­é des revenus locatifs perçus (après charges), de piocher dans ses réserves ou dans des plus-values immobilièr­es pour compléter voire lisser les dividendes distribués. Elle peut aussi ne verser qu’une partie des loyers et mettre en réserve le solde.

« Pour la SCPI Immorente, les dividendes 2016 sont stables par rapport à 2015. Sur 15,72 euros distribués par part, 1,32 euros provient de réserves de plus-values immobilièr­es, précise Jean-Marc Peter, directeur général de Sofidy. La distributi­on de plus-values que nous pratiquons depuis 2008 tend à diminuer car le résultat issu de l’activité locative se tient bien à lui seul ». Illustrati­on de ce levier: le plus haut taux de rendement en 2016, réalisé par la SCPI BTP Immobilier devant être fusionnée avec la SCPI Ficommerce, s’explique par une distributi­on exceptionn­elle de plus-value qui compte pour près de la moitié du dividende.

le prix de la part monte

L’autre composante du taux de rendement, l’évolution du prix de la part, est quant à elle en hausse de 2,34 %. Elle est corrélée au marché de l’immobilier d’entreprise qui est actuelleme­nt très concurrent­iel. Un afflux de capitaux de la part de nombreux investisse­urs dans les SCPI qui engendre une hausse des prix. À tel point que le Haut conseil de la sécurité financière a alerté les épargnants en 2016 de la surévaluat­ion de l’immobilier commercial. « Le marché français est beaucoup trop cher et il se retournera immanquabl­ement lorsque les taux d’intérêt remonteron­t, estime Frédéric Puzin, président de Corum

AM qui n’investit quasiment plus en France. Nous sommes aussi très prudents en Allemagne où les capitaux abondent également ». Or, la SCPI n’est pas un produit garanti en capital. Autrement dit, si les prix baissent ou si d’importants retraits sont effectués, la valeur des parts risque aussi de se dégrader. « Une baisse de la valeur des parts est toujours possible, mais les SCPI sont conservées sur du long terme et bien souvent achetées à crédit, ce qui porte davantage l’intérêt sur les dividendes perçus », remarque Philippe Vergine, directeur général de Primalianc­e.

GARE AUX INVESTISSE­MENTS À VENIR DE VOTRE SCPI

Dans ce contexte, les sociétés de gestion doivent redoubler de vigilance pour sélectionn­er leurs investisse­ments et les anticiper. Certaines ont ainsi augmenté leur délai de jouissance pour se donner le temps d’investir, pour que les résultats ne soient pas dilutifs pour les porteurs en place, voire aussi pour limiter la baisse de rendement. D’autres maîtrisent leur collecte afin qu’elle reste en phase avec leur programme d’investisse­ments « Nous avons acquis des actifs à un taux, actes en mains (frais inclus), d’un peu plus de 6 %. À ce niveau, les rendements des SCPI vont encore bien se défendre en 2017, annonce Danielle François-Brazier, directeur général de Foncia Pierre Gestion. Dans ces circonstan­ces de marché où le choix de bons actifs est restreint et les prix élevés, nos critères de sélection doivent faire la différence en privilégia­nt : un bel emplacemen­t, un bien de qualité, la signature du locataire, le niveau des loyers et aussi des baux fermes ». Dans ce contexte, le taux de rendement moyen est attendu en baisse par meilleures­cpi.com, autour de 4,40 % en 2017. Un taux de rendement qui, selon le profil de l’investisse­ur, ne doit pas être le seul critère de sélection des SCPI.

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