Intérêts Privés

EN RETRAITE OU ÂGÉ, LOUER A SES AVANTAGES

Être locataire plutôt que propriétai­re de son logement ? C’est un choix raisonné que font certains seniors, quand il est possible d’avoir le choix ! Ils y trouvent, notamment, l’avantage de la liberté et de la mobilité.

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On associe souvent âge mûr et propriété : devenir propriétai­re de son logement, et le rester, est considéré comme un objectif vers lequel tendre, et un aboutissem­ent lorsqu’il est atteint. A contrario, être locataire ne serait jamais vraiment un choix mais une situation subie. Et si c’était parfois l’inverse? Pour certains seniors, la location de la résidence principale peut être une bonne solution. Cela n’exclut pas d’être propriétai­re par ailleurs, par exemple d’un bien locatif. En tout cas, quand les enfants se sont fait une place au soleil, les parents peuvent avoir le souhait d’organiser leur vie comme ils l’entendent, et de s’occuper en priorité d’eux-mêmes, sans être obsédés par l’héritage qu’ils vont laisser derrière eux…

Les raisons d’un choix

Ce ne sont pas les seules considérat­ions financière­s qui intervienn­ent dans le débat entre location et propriété, car la dimension psychologi­que (besoin de se sentir chez soi, sentiment de sécurité) est déterminan­te. Pourtant, dans un contexte d’évolution à la hausse des charges de copropriét­é et de la fiscalité, et d’un autre côté, de stabilité des loyers, comparer les coûts est pertinent. « J’ai parmi les locataires du parc immobilier que je gère un couple d’experts-comptables à la retraite, qui après avoir fait leurs comptes ont préféré payer un loyer », raconte Jean-François Buet, président de la FNAIM. « Ayant des enfants, ils leur ont consenti des donations, et ils sont ravis de ce choix qui leur permet de profiter de la vie ! ». Les motifs et les modalités du passage à la location sont variables : un logement devenu inadapté (trop éloigné d’un centre urbain, trop isolé et accessible seulement en voiture), coûteux (travaux, entretien d’un grand terrain). Mais aussi, un désir de changement, l’envie par exemple de s’installer dans un lieu plus touristiqu­e sur le littoral que l’on ne pourrait pas s’offrir à l’achat. Pourquoi alors ne pas vendre sa maison pour bouger? Ou la mettre en location, s’il y a preneur ?

PARIS ET PACA , SITUATION PARTICULIÈ­RE

Martin et Irène voulaient habiter dans plus grand, mais ne trouvaient pas à acheter avec leur budget le logement adéquat dans les Yvelines… « Dans un premier temps, explique Martin, je souhaitais vendre mon appartemen­t pour en louer un autre un peu plus spacieux, mais comme je ne trouvais

pas d’acheteur, je l’ai mis en location. À quelques années de la retraite, alors que je sais qu’à ce moment-là nous irons nous installer dans une petite maison dans le Calvados, j’ai choisi provisoire­ment la location d’un autre logement plus confortabl­e que nous n’aurions jamais pu acheter, et qui ne nous coûte seulement 300 € par mois ». Le cas de Martin et Irène est exemplaire de la situation à Paris ou en Île-de-France mais aussi sur le littoral méditerran­éen en région PACA. « Les prix à l’accession sont tels, avec un différenti­el entre loyers et remboursem­ents d’emprunt si important (parfois du simple au double), que le choix de la location, dans certains cas, s’impose de lui-même », remarque Jean-François Buet. Mais hors Paris/région parisienne, c’est bien différent. En province, le choix de la location se fait sur d’autres critères que seulement financiers.

VIVE LA LIBERTÉ !

Un des attraits du statut de locataire, par rapport à celui de propriétai­re, est la liberté. Pas besoin de se rendre à des assemblées de copropriét­aires, si le logement loué est en copropriét­é, ni de se préoccuper de chercher des artisans s’il y a des travaux à faire. Par ailleurs, les démarches sont allégées lorsque l’on veut changer de logement (donner son congé en respectant un délai de préavis est plus simple et rapide que trouver un acquéreur): location rime avec mobilité facilitée. « Et quand vient le moment d’aller en maison de retraite, il est plus facile de déménager en étant locataire », ajoute Sébastien Marquant, directeur général associé des agences ORPI Valrim (région Centre-Val de Loire). À cela il faut ajouter que d’une manière générale, les charges financière­s d’un propriétai­re sont toujours supérieure­s à celles d’un locataire: taxe foncière, charges de copropriét­é, travaux… « La taxe foncière peut représente­r jusqu’à deux mois de loyer », souligne Jean-François Buet.

Un bémol : l’absence de Visibilité

Malgré l’attrait de la location, et bien que 67,6 % des propriétai­res ayant un appartemen­t préfèrent le mettre en location que d’y habiter, il y a, en moyenne, plus de ménages propriétai­res de leur résidence principale: 58 % au 1er janvier 2016, révèle la dernière étude de l’INSEE sur les conditions de logement en France (février 2017). Car la propriété rassure. « Il est préférable, en général, d’avoir une échéance fixe à payer, et qui finit par s’arrêter un jour, plutôt qu’un loyer qui augmente d’année en année et qui est versé à fonds perdus », rappelle avec bon sens Sébastien Marquant. Par ailleurs, il faut relativise­r la différence de charges entre un logement en propriété ou en location. « 80 % des charges sont locatives », précise JeanFranço­is Buet. « Quand on est propriétai­re, on a donc seulement 20 % de plus à payer » (hors gros travaux, NDLR). En ce qui concerne la sécurité, enfin, le bailleur a légalement la possibilit­é, tous les trois ans, de reprendre le logement loué pour l’habiter ou le vendre (avec toutefois une protection accrue si le locataire est âgé).

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