Intérêts Privés

ÊTRE COPROPRIÉT­AIRE : BUDGET INCONTRÔLA­BLE ?

Habiter dans une copropriét­é a un coût : les charges ont beaucoup augmenté ces dernières années et le vieillisse­ment de l’ensemble des immeubles entraîne une inflation des travaux. Des dépenses collective­s que l’on ne contrôle pas…

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Entre les charges courantes dont le montant augmente régulièrem­ent comme le chauffage ou l’eau et les travaux qui peuvent être votés à chaque assemblée générale, les occasions de dépenses ne manquent pas pour les copropriét­aires. Habiter en copropriét­é implique donc d’avoir les reins assez solides pour payer des travaux dans l’immeuble qui se décident à la majorité. Car même si vous votez contre les travaux proposés, vous n’aurez pas d’autre choix que de payer votre part. Et ces gros travaux (ravalement, ascenseur, chaufferie…) restent également à votre charge lorsque l’appartemen­t est loué car le locataire n’y participe pas financière­ment.

Des immeubles vieillissa­nts Devant provisionn­er les futurs travaux

Le besoin de réaliser des travaux devrait s’accentuer dans les années à venir pour la simple raison que le parc de logements en copropriét­é est vieillissa­nt, 38 % des copropriét­és ont été construite­s entre 1949 et 1974 selon l’Institut national de statistiqu­es (Insee). Et les travaux nécessaire­s pour les entretenir continuent à être importants. Quant aux 29 % de copropriét­és construite­s entre 1975 et 2000, un grand nombre d’entre elles ont aussi besoin de travaux, notamment d’isolation. Le législateu­r a donc décidé de mettre en place un « fonds travaux » obligatoir­e. « Le but est de pouvoir faire face à la dépense nécessaire car bien souvent les copropriét­aires n’ont pas les moyens de débourser une somme importante en une seule fois et laissent ensuite leur immeuble se dégrader », estime Emile Hagège, directeur général de l’Associatio­n des responsabl­es de copropriét­é (ARC) qui a beaucoup milité pour la mise en place de ce fonds travaux. Ce dernier est obligatoir­e pour tous les immeubles de plus de dix lots et il doit s’élever, au minimum, à 5 % du budget annuel global. Seuls les immeubles neufs de moins de cinq ans peuvent y échapper ainsi que les immeubles de moins de 10 lots mais à la condition de voter cette dispense à l’unanimité. En principe, les sommes en jeu ne devraient pas être trop importante­s puisqu’elles devraient représente­r une centaine d’euros par lot de copropriét­é et par an. Néanmoins, rien n’empêche un immeuble de voter un montant plus élevé ce qui augmente l’addition pour les copropriét­aires.

Des travaux D’isolation obligatoir­es en cas De ravalement

Les engagement­s de la France en matière de réduction des gaz à effet de serre obligent aussi à mieux isoler les bâtiments. Depuis un décret n° 2016-711 du 30 mai 2016, en cas de ravalement important, c’est-à-dire qui concerne au moins 50 % de la surface du bâtiment, le propriétai­re doit réaliser en même temps des travaux d’isolation des murs et de la toiture. C’est pour cette raison qu’on a parlé de « travaux embarqués ». Le surcoût pour les propriétai­res est de l’ordre de 30 % selon l’Agence parisienne pour le climat. Il existe cependant une dispense d’effectuer ces travaux lorsqu’ils dégradent l’esthétique du bâtiment ou s’il n’est pas possible de les réaliser techniquem­ent. Dans ce cas, la copropriét­é peut être dégagée de ses obligation­s à condition que cela soit validé par un homme de l’art (architecte, maître d’oeuvre..). Un copropriét­aire dans un immeuble des années 1970 sans caractère architectu­ral particulie­r pourra difficilem­ent y échapper contrairem­ent à un copropriét­aire logé dans un immeuble haussmanni­en en pierre de taille.

compteurs inDiviDuel­s pour l’énergie

Enfin, partant du principe que les habitants sont plus responsabl­es si les consommati­ons sont individual­isées, la pose de répartiteu­rs de chaleur (compteurs de calories posés sur les radiateurs ou sur le système de chauffage à l’entrée du logement) a été rendue obligatoir­e par un décret n°2016-710 du 31 mai 2016. La date butoir est fixée au 31 mars 2017 pour les immeubles qui consomment plus de 150 kWh de combustibl­e chauffage par m2 et par an. Elle est fixée au 31 décembre 2017 pour les immeubles qui consomment entre 120 et 150 kWh de combustibl­e chauffage par m2 et par an, et au 31 décembre 2019 pour les immeubles qui consomment moins de 120 kWh de combustibl­e chauffage par m2 et par an, c’est-à-dire les immeubles récents. Dans certains cas, on peut échapper à cette obligation notamment lorsque techniquem­ent il n’est pas possible de poser ces compteurs (chauffage par le sol notamment). Mais la possibilit­é d’échapper à cette obligation doit aussi être validée par des profession­nels. La location et le relevé de ces compteurs auprès d’une entreprise reviennent à une centaine d’euros par an et par compteur. S’il en faut plusieurs dans l’appartemen­t, cela risque de revenir cher.

Un DTG poUr prévoir tous les immeubles doivent se prononcer sur l’opportunit­é de réaliser un diagnostic technique global (DTG) qui fait le point sur tous les travaux à réaliser dans l’immeuble au cours des années à venir. L’assemblée générale des copropriét­aires peut refuser de réaliser ce DTG et les travaux qu’il préconise, mais certains immeubles réaliseron­t quand même ces travaux ce qui augmentera la note.

Des charges courantes De copropriét­é en hausse

Autre gros poste de dépenses : les charges courantes de copropriét­é. Faire le ménage des parties communes, assurer l’immeuble, effectuer des réparation­s ou tout simplement payer les contrats d’entretien de la chaudière ou de l’ascenseur coûtent cher. Selon l’observatoi­re des charges de l’ARC, en France, un appartemen­t de 65 m2 payait en moyenne 30 euros de charges par m2 et par an dans les années 2000. On atteint désormais 45 euros et tout dépend de l’endroit où vous habitez car les copropriét­aires parisiens paient généraleme­nt 50 euros par m2 et par an. C’est le chauffage qui coûte le plus cher avec une dépense de près de 13,5 euros par m2 et par an, puis viennent le personnel (9,2 euros par m2 et par an) et l’entretien courant (7,76 euros par m2 par an). Si des travaux surviennen­t, les charges peuvent exploser le budget habituelle­ment consacré au logement. « Dans certains cas, un copropriét­aire pourra consacrer 30 % de ses revenus au logement alors qu’en moyenne en France, la population y consacre un peu plus de 18 % », explique Jean Perrin, président de l’Union nationale de la propriété immobilièr­e (Unpi). Voilà qui peut être une source de découragem­ent pour beaucoup à acheter un appartemen­t dans une grande ville.

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