Intérêts Privés

INVESTIR DANS LES PME AVEC LES FIP ET LES FCPI

Profiter du potentiel de valorisati­on de PME et diminuer son ISF ou son impôt sur le revenu sont les objectifs des souscripte­urs de ces fonds de capital-investisse­ment. La carotte fiscale est la contrepart­ie du risque pris car le rendement d’un tel place

- Pélagie Terly

Alors que les déclaratio­ns à l’impôt sur le revenu et à l’impôt sur la fortune se profilent, des solutions permettent d’adoucir la note fiscale. C’est le cas des fonds communs de placement pour l’innovation (FCPI) et des fonds d’investisse­ment de proximité (FIP) accessible­s dès 1000 euros. Créés pour favoriser l’investisse­ment dans les PME, ces fonds procurent un avantage fiscal qui récompense le risque pris. « La réduction d’impôt n’est que la carotte fiscale pour intéresser les épargnants à

l’investisse­ment dans les PME, mais l’objectif du fonds est surtout de générer à terme des plus-values », rappelle Antoine Valdès, président d’Alto Invest. En 2016, 114 000 épargnants ont souscrit à ces fonds de capital investisse­ment (45 FIP et 28 FCPI) et y ont investi en moyenne 8 500 euros. Voici quelques clés pour sélectionn­er un placement dont l’espoir de gain reste très incertain.

CHOISIR UN FIP OU UN FCPI

Pour investir dans des PME, vous avez le choix entre deux types de fonds: les FIP et les FCPI. Tous deux doivent être investis au moins à 70 % dans des entreprise­s éligibles non cotées ou inscrites sur un marché non réglementé. Dans les FCPI, sont éligibles les sociétés innovantes âgées de moins de 10 ans. Dans les FIP les sociétés doivent être âgées de moins de 7 ans et exercer leur activité principale­ment dans une zone géographiq­ue limitée au plus à quatre régions limitrophe­s. « Nous faisons désormais le choix de proposer des FCPI plutôt que des FIP, indique Luc Maruenda, associé d’Idinvest Partners. La capacité de création de valeur est plus élevée dans le monde de l’innovation et des technologi­es alors que les FIP qui investisse­nt dans des PME plus traditionn­elles ne présentent pas le même potentiel ».

POUR RÉDUIRE L’IR ?

En contrepart­ie du risque lié aux participat­ions dans les PME, vous bénéficiez d’une réduction d’impôt sur le revenu (IR) ou d’une réduction à l’ISF. Des fonds sont dédiés à un seul impôt mais la plupart sont mixtes, notamment pour atteindre une mutualisat­ion suffisante du véhicule (les plus gros fonds investisse­nt dans plus de 20 sociétés). Pour autant, un même versement ne peut réduire qu’un seul impôt.

Du côté de l’IR, l’intérêt de la réduction s’est amenuisé car le taux de l’avantage fiscal est passé à 18 % du montant des souscripti­ons pour une diminution maximale de l’impôt de

2 160 euros pour une personne seule et de 4 320 euros pour un couple. « À l’IR, la réduction d’impôt n’est plus en adéquation avec le risque pris, considère Stéphane Van Huffel, conseiller en gestion de patrimoine et cofondateu­r du site netinvesti­ssement.fr. Un tel investisse­ment à l’IR peut cependant encore être utilisé pour compléter une autre défiscalis­ation ou en attendant qu’un autre placement mis en place ouvre droit à une réduction d’impôt: un bien acquis en Pinel qui n’est pas achevé, par exemple ». Autre limite pour réduire l’IR, ces fonds entrent dans le plafonneme­nt global des niches fiscales de 10 000 euros.

UN PLACEMENT PLUS OPPORTUN À L’ISF

En revanche, le taux de la réduction d’impôt pour l’ISF est plus opportun car il peut s’élever jusqu’à 50 % du montant des souscripti­ons (hors droit d’entrée). Ainsi, un contribuab­le, dont le patrimoine taxable à l’ISF atteint 1,5 million d’euros et qui est donc redevable d’un impôt de 3 900 euros, peut investir 7 800 euros dans un fonds pour effacer son ISF. L’avantage fiscal maximum est de 18 000 euros. Toutefois, le taux de la réduction d’ISF dépend du quota d’investisse­ment que le fonds s’engage à atteindre dans les PME éligibles. Ainsi, si un fonds est investi dans les PME éligibles à 100 % ou à 90 %, le contribuab­le bénéficie du taux de réduction d’impôt de 50 % (50 % de 100 %) ou de 45 % (50 % de 90 %). Pour diminuer son ISF au maximum (18000 euros), il devra alors souscrire 36000 euros dans le premier cas ou 40 000 euros dans le second cas.

Petit atout supplément­aire pour les redevables

de l’ISF, les parts de fonds peuvent être exonérées de cet impôt mais sous certaines conditions (l’investisse­ment dans de jeunes entreprise­s par exemple). Cette possibilit­é est peu prévue dans les fonds, les gérants jugeant les conditions à remplir trop contraigna­ntes. « Notre fonds permet aux souscripte­urs d’exonérer de leur assiette ISF, 40 % de la valeur des parts détenues au 1er janvier de chaque année suivant la souscripti­on », précise pour sa part Emilie Da Silva, directrice associée d’Alto Invest.

UNE PERFORMANC­E TRÈS VOLATILE

Pour éviter de perdre la réduction à l’IR ou à l’ISF, les parts de FCPI doivent être conservées jusqu’au 31 décembre de la cinquième année suivant celle de la souscripti­on. Cependant, dans les faits, les remboursem­ents ont plutôt lieu au bout de 7-8 ans. Ceci dit, des sorties prennent aussi beaucoup plus de temps.

Force est aussi de constater que la performanc­e de ces fonds n’est pas toujours au rendez-vous. La perte en capital peut même être supérieure à l’avantage fiscal obtenu. Vous pourrez doubler votre mise mais aussi quasiment tout perdre. Ce qui distingue un produit ? C’est d’avoir investi dans une « pépite »: une société qui a elle seule procurera une plus-value au portefeuil­le. « C’est, par exemple, l’introducti­on sur la bourse de New York de Criteo en 2013 qui a fait prendre de la valeur à nos fonds », révèle

Luc Maruenda. Néanmoins, selon la Cour des Comptes qui a évalué en 2015 la dépense fiscale liée au dispositif ISF-PME, sur 40 fonds clôturés, le taux de rendement interne des FCPI atteint en moyenne - 5, 1 % par an !

SÉLECTION DE LA SOCIÉTÉ DE GESTION

« Même si des pertes peuvent se comprendre les premières années en raison des frais avancés, les 2/3 des fonds ne gagnent pas d’argent, observe Bertrand Tourmente, dirigeant du cabinet Althos Patrimoine. Mieux vaut donc être sélectif dans le choix de la société de gestion ». Vérifier l’historique de la société de gestion, son approche sectoriell­e et géographiq­ue, s’assurer de la régularité de la performanc­e de ses fonds - clôturés et en cours de vie-, veiller au bon déroulemen­t du remboursem­ent sont autant de points à examiner pour choisir, même si toutes les gestions ont connu des accidents de parcours sur des fonds. Réputés élevés, les frais d’entrée et de gestion des FIP et des FCPI viennent aussi grever la performanc­e. Pour limiter leur impact, le niveau maximal des frais est plafonné à 30 % des versements. « La gestion dans le non-coté coûte plus chère que dans les OPCVM, relève Xavier Anthonioz, président d’123 IM. Les équipes sont plus nombreuses aussi. Plus d’un millier de dossiers sont analysés par an avant d’en sélectionn­er moins d’une cinquantai­ne ». Petite consolatio­n: en cas de plus-values, les gains sont exonérés d’impôt sur le revenu mais les prélèvemen­ts sociaux restent dus. En revanche, une part, autour de 20 % du gain, pourra être captée par le gérant. Elle participe certes à le motiver mais réduit aussi une performanc­e encore trop peu généralisé­e.

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