GRAND ÂGE : LE RÔLE DES OBJETS CONNECTÉS
Désormais la technologie permet d’avoir avec soi des objets qui communiquent sur notre état de santé, une chute, un oubli… ou qui pallient certaines faiblesses. Un progrès pour les plus âgés.
Selon les dernières prévisions de l’Insee : « la proportion de personnes âgées de 65 ans va tripler d’ici 2040 : à cette date, environ un habitant sur quatre aura 65 ans ou plus. » Si les progrès médicaux et sociaux permettent d’abord de se réjouir de l’allongement de l’espérance de vie en bonne santé, le poids grandissant des seniors représente aussi un enjeu important de société et au plan économique. En témoignent le foisonnement de services personnalisés, de technologies et d’équipements pour l’autonomie et les nombreuses start-up qui investissent la toute nouvelle filière de la « silver économie ». Parmi cette offre, celle consacrée aux objets connectés (via internet) occupe une place particulièrement attractive et s’impose comme une évidence de « marché ». Mais que sont ces objets connectés ? Selon le Dictionnaire du web, ce concept désigne « les objets électroniques auxquels l’ajout d’une connexion Internet permet de leur apporter une valeur supplémentaire en termes de fonctionnalité, d’information ou d’interaction avec l’environnement. » Ils représentent la troisième révolution de l’internet, appelée web 3.0.
➜ OBJECTIF PRÉVENTION
Véritables assistants personnels, les téléphones, tablettes, montres, bracelets… connectés attirent tout autant qu’ils questionnent ou peuvent inquiéter. Qu’en est-il de l’intérêt des seniors pour ces technologies? Ils auraient parfaitement intégré ce concept, à en croire une enquête réalisée par l’Institut Français des Seniors en 2016 sur la perception et l’utilisation des objets connectés. « Près de 60 % des seniors attendent des futurs objets connectés qu’ils les préviennent d’un accident de santé. » Ce qui peut se comprendre quand on sait que les chutes sont l’un des principaux facteurs d’entrée en dépendance et le premier facteur de mortalité chez les personnes de plus de 80 ans.
➜ BRACELETS DE TÉLÉASSISTANCE
Le marché de la téléassistance dite classique s’est imposé aujourd’hui auprès des personnes âgées, en particulier des plus dépendantes. Il s’agit d’un système de sécurité au domicile de la personne permettant l’intervention des secours en cas de chutes ou de malaises. Munis d’un bouton d’appel ou d’un système de détection automatique des chutes, les objets portés (petits émetteurs en pendentifs, bracelets, médaillons…) enclenchent une liaison téléphonique et/ou vidéo (via un boîtier transmetteur sans avoir besoin de décrocher le té-
léphone) avec un proche et/ou une plate-forme de service pré-enregistrés. Jugé simple et facile à utiliser, le matériel à bouton déclencheur est cependant souvent considéré comme stigmatisant par les personnes car synonyme de dépendance. Dans le but de dédramatiser ce service, des fabricants ont réfléchi à améliorer le design et l’esthétique des objets portés. C’est ainsi qu’ont été créés, par exemple, Amulyte et Framboise, simples petits trackers transformés en véritables bijoux.
Les services de téléassistance nouvelle génération tentent également d’allier sécurité et convivialité. Le transmetteur de téléassistance est aussi une boîte de dialogue avec l’extérieur. Il peut diffuser des messages texte (traduits vocalement) des proches, du médecin… Le coût d’une téléassistance varie de 20 à 30 euros par mois. De nombreux départements apportent une aide pour ce type d’équipement.
Mais bien que séduisants, ces systèmes ne sont pas toujours utiles. Pourquoi? Car l’adhésion de la personne au choix de tel ou tel objet ou service et son accompagnement dans l’utilisation est déterminant pour éviter un mauvais usage ou tout simplement sa non-utilisation. « Près de la moitié des systèmes de télé-alarme installés ne sont pas utilisés par oubli, pour ne pas déranger, parce que la personne ne l’a pas choisi… Et la moitié des appels sont involontaires », indique l’Association française de téléassistance (Afrata).
➜ PORTABLES ET APPLIS SANTÉ…
Du côté des objets connectés mobiles et des applications santé, les téléphones portables, bracelets, et autres montres… deviennent les nouveaux assistants du quotidien des personnes âgées. Equipés d’un système GPS, d’une fonction de géo-localisation, d’un bouton déclencheur d’alerte, leur intérêt réside dans la sécurité qu’ils offrent, favorisant ainsi la liberté de circulation des personnes dépendantes, en particulier celles atteintes de troubles spatio-temporels. La possibilité également de définir un périmètre de sécurité dans lequel l’utilisateur peut circuler permet d’alerter le porteur et d’envoyer un SMS à ses proches.
La plupart de ces objets sont dotés des fameuses « applis santé » capables de suivre l’activité physique, le nombre de pas, les battements cardiaques, la prise de médicaments, l’alimentation, la qualité du sommeil, etc. La liste est longue et le nombre de ces applications exponentiel. Fin 2016, la Haute autorité de santé (HAS) en avait recensé 165 000 ! « Aujourd’hui, elles suscitent des inquiétudes et des interrogations », poursuit l’organisme public en évoquant des « risques d’informations inexactes, partisanes ou sponsorisées », ainsi que des risques de « récupération d’informations personnelles permettant à des tiers non autorisés de connaître l’état de santé d’une personne. » Quand il ne s’agit pas de « non-fiabilité des données recueillies avec mise en danger de la santé de l’utilisateur » ! La HAS a donc publié des règles de bonnes pratiques, qui pour l’heure, ne sont que de simples recommandations.
➜ …ET AUTRES MONTRES, CANNE ET CHAUSSURES CONNECTÉES !
Pour les seniors qui jugent trop compliquée l’utilisation des téléphones et smartphones, les montres connectées, comme la Linkoo seniors ou la Guard2me peuvent
offrir les mêmes services dans une alternative minimaliste. Toute dernière innovation qui devrait voir le jour courant 2017, la montre Kanega qui fonctionne uniquement par commande vocale. Le prix d’achat de ces montres se situe autour de 270 euros auxquels il faudra ajouter un abonnement « propriétaire » (ces montres ne fonctionnant pas avec d’autres opérateurs). Autre trouvaille d’objet connecté astucieuse: la chaussure E-vone inventée par une société française: Parade protection. Des capteurs de mouvements dans la semelle permettent de signaler à distance aux proches préenregistrés la chute de la personne. Les Japonais de Fujitsu ont, quant à eux, préféré miser sur la New Generation Cane, une canne connectée équipée de capteurs biométriques pour surveiller l’état de santé de la personne (température, rythme cardiaque…).
➜ DES SYSTÈMES POUR MIEUX MARCHER OU PALLIER DES TROUBLES
Les innovations dans le domaine de la santé connectée ne s’arrêtent pas là ! Pour pallier ou prévenir les déficiences liées à l’âge, nous en citons quelques-unes :
- L’assistant de marche WalkMe, boîtier fixé sur la personne atteinte de troubles de la marche analyse son mouvement et émet une stimulation auditive à la marche perçue par l’oreille interne du porteur ; - La ceinture connectée Active Protective déploie des airbags si une chute est détectée ;
- Le verre connecté Auxivia mesure le taux d’hydratation de l’utilisateur et l’avertit d’un signal lumineux lorsqu’il devient nécessaire de s’hydrater ; - Le dispositif MyEye d’Essilor qui, placé sur des lunettes, lit à voix haute les textes pointés du doigt (nom d’une rue, un menu, un journal, un livre…) et nomme les personnes dont il a appris le visage ; - EyeZheimer, la paire de lunettes dotée d’un logiciel qui diffuse dans le champ de vision de la personne atteinte de la maladie d’Alzheimer des informations sur les personnes qu’elle croise et sur les lieux dans lequel elle se trouve ; - Ou bien encore Paro, un robot à l’apparence d’un petit phoque, concentré d’intelligence artificielle, utilisé en thérapie relationnelle pour les malades atteints de troubles du comportement et de la communication, qui adapte son comportement en fonction de celui de la personne !
Si pour certains, les objets connectés peuvent être considérés comme de simples gadgets, leur utilité pour les personnes dépendantes paraît évidente dans la mesure où un accompagnement à leur utilisation n’est pas négligé.