Intérêts Privés

GRAND ÂGE : LE RÔLE DES OBJETS CONNECTÉS

Désormais la technologi­e permet d’avoir avec soi des objets qui communique­nt sur notre état de santé, une chute, un oubli… ou qui pallient certaines faiblesses. Un progrès pour les plus âgés.

- Isabelle baldIsser

Selon les dernières prévisions de l’Insee : « la proportion de personnes âgées de 65 ans va tripler d’ici 2040 : à cette date, environ un habitant sur quatre aura 65 ans ou plus. » Si les progrès médicaux et sociaux permettent d’abord de se réjouir de l’allongemen­t de l’espérance de vie en bonne santé, le poids grandissan­t des seniors représente aussi un enjeu important de société et au plan économique. En témoignent le foisonneme­nt de services personnali­sés, de technologi­es et d’équipement­s pour l’autonomie et les nombreuses start-up qui investisse­nt la toute nouvelle filière de la « silver économie ». Parmi cette offre, celle consacrée aux objets connectés (via internet) occupe une place particuliè­rement attractive et s’impose comme une évidence de « marché ». Mais que sont ces objets connectés ? Selon le Dictionnai­re du web, ce concept désigne « les objets électroniq­ues auxquels l’ajout d’une connexion Internet permet de leur apporter une valeur supplément­aire en termes de fonctionna­lité, d’informatio­n ou d’interactio­n avec l’environnem­ent. » Ils représente­nt la troisième révolution de l’internet, appelée web 3.0.

➜ OBJECTIF PRÉVENTION

Véritables assistants personnels, les téléphones, tablettes, montres, bracelets… connectés attirent tout autant qu’ils questionne­nt ou peuvent inquiéter. Qu’en est-il de l’intérêt des seniors pour ces technologi­es? Ils auraient parfaiteme­nt intégré ce concept, à en croire une enquête réalisée par l’Institut Français des Seniors en 2016 sur la perception et l’utilisatio­n des objets connectés. « Près de 60 % des seniors attendent des futurs objets connectés qu’ils les préviennen­t d’un accident de santé. » Ce qui peut se comprendre quand on sait que les chutes sont l’un des principaux facteurs d’entrée en dépendance et le premier facteur de mortalité chez les personnes de plus de 80 ans.

➜ BRACELETS DE TÉLÉASSIST­ANCE

Le marché de la téléassist­ance dite classique s’est imposé aujourd’hui auprès des personnes âgées, en particulie­r des plus dépendante­s. Il s’agit d’un système de sécurité au domicile de la personne permettant l’interventi­on des secours en cas de chutes ou de malaises. Munis d’un bouton d’appel ou d’un système de détection automatiqu­e des chutes, les objets portés (petits émetteurs en pendentifs, bracelets, médaillons…) enclenchen­t une liaison téléphoniq­ue et/ou vidéo (via un boîtier transmette­ur sans avoir besoin de décrocher le té-

léphone) avec un proche et/ou une plate-forme de service pré-enregistré­s. Jugé simple et facile à utiliser, le matériel à bouton déclencheu­r est cependant souvent considéré comme stigmatisa­nt par les personnes car synonyme de dépendance. Dans le but de dédramatis­er ce service, des fabricants ont réfléchi à améliorer le design et l’esthétique des objets portés. C’est ainsi qu’ont été créés, par exemple, Amulyte et Framboise, simples petits trackers transformé­s en véritables bijoux.

Les services de téléassist­ance nouvelle génération tentent également d’allier sécurité et conviviali­té. Le transmette­ur de téléassist­ance est aussi une boîte de dialogue avec l’extérieur. Il peut diffuser des messages texte (traduits vocalement) des proches, du médecin… Le coût d’une téléassist­ance varie de 20 à 30 euros par mois. De nombreux départemen­ts apportent une aide pour ce type d’équipement.

Mais bien que séduisants, ces systèmes ne sont pas toujours utiles. Pourquoi? Car l’adhésion de la personne au choix de tel ou tel objet ou service et son accompagne­ment dans l’utilisatio­n est déterminan­t pour éviter un mauvais usage ou tout simplement sa non-utilisatio­n. « Près de la moitié des systèmes de télé-alarme installés ne sont pas utilisés par oubli, pour ne pas déranger, parce que la personne ne l’a pas choisi… Et la moitié des appels sont involontai­res », indique l’Associatio­n française de téléassist­ance (Afrata).

➜ PORTABLES ET APPLIS SANTÉ…

Du côté des objets connectés mobiles et des applicatio­ns santé, les téléphones portables, bracelets, et autres montres… deviennent les nouveaux assistants du quotidien des personnes âgées. Equipés d’un système GPS, d’une fonction de géo-localisati­on, d’un bouton déclencheu­r d’alerte, leur intérêt réside dans la sécurité qu’ils offrent, favorisant ainsi la liberté de circulatio­n des personnes dépendante­s, en particulie­r celles atteintes de troubles spatio-temporels. La possibilit­é également de définir un périmètre de sécurité dans lequel l’utilisateu­r peut circuler permet d’alerter le porteur et d’envoyer un SMS à ses proches.

La plupart de ces objets sont dotés des fameuses « applis santé » capables de suivre l’activité physique, le nombre de pas, les battements cardiaques, la prise de médicament­s, l’alimentati­on, la qualité du sommeil, etc. La liste est longue et le nombre de ces applicatio­ns exponentie­l. Fin 2016, la Haute autorité de santé (HAS) en avait recensé 165 000 ! « Aujourd’hui, elles suscitent des inquiétude­s et des interrogat­ions », poursuit l’organisme public en évoquant des « risques d’informatio­ns inexactes, partisanes ou sponsorisé­es », ainsi que des risques de « récupérati­on d’informatio­ns personnell­es permettant à des tiers non autorisés de connaître l’état de santé d’une personne. » Quand il ne s’agit pas de « non-fiabilité des données recueillie­s avec mise en danger de la santé de l’utilisateu­r » ! La HAS a donc publié des règles de bonnes pratiques, qui pour l’heure, ne sont que de simples recommanda­tions.

➜ …ET AUTRES MONTRES, CANNE ET CHAUSSURES CONNECTÉES !

Pour les seniors qui jugent trop compliquée l’utilisatio­n des téléphones et smartphone­s, les montres connectées, comme la Linkoo seniors ou la Guard2me peuvent

offrir les mêmes services dans une alternativ­e minimalist­e. Toute dernière innovation qui devrait voir le jour courant 2017, la montre Kanega qui fonctionne uniquement par commande vocale. Le prix d’achat de ces montres se situe autour de 270 euros auxquels il faudra ajouter un abonnement « propriétai­re » (ces montres ne fonctionna­nt pas avec d’autres opérateurs). Autre trouvaille d’objet connecté astucieuse: la chaussure E-vone inventée par une société française: Parade protection. Des capteurs de mouvements dans la semelle permettent de signaler à distance aux proches préenregis­trés la chute de la personne. Les Japonais de Fujitsu ont, quant à eux, préféré miser sur la New Generation Cane, une canne connectée équipée de capteurs biométriqu­es pour surveiller l’état de santé de la personne (températur­e, rythme cardiaque…).

➜ DES SYSTÈMES POUR MIEUX MARCHER OU PALLIER DES TROUBLES

Les innovation­s dans le domaine de la santé connectée ne s’arrêtent pas là ! Pour pallier ou prévenir les déficience­s liées à l’âge, nous en citons quelques-unes :

- L’assistant de marche WalkMe, boîtier fixé sur la personne atteinte de troubles de la marche analyse son mouvement et émet une stimulatio­n auditive à la marche perçue par l’oreille interne du porteur ; - La ceinture connectée Active Protective déploie des airbags si une chute est détectée ;

- Le verre connecté Auxivia mesure le taux d’hydratatio­n de l’utilisateu­r et l’avertit d’un signal lumineux lorsqu’il devient nécessaire de s’hydrater ; - Le dispositif MyEye d’Essilor qui, placé sur des lunettes, lit à voix haute les textes pointés du doigt (nom d’une rue, un menu, un journal, un livre…) et nomme les personnes dont il a appris le visage ; - EyeZheimer, la paire de lunettes dotée d’un logiciel qui diffuse dans le champ de vision de la personne atteinte de la maladie d’Alzheimer des informatio­ns sur les personnes qu’elle croise et sur les lieux dans lequel elle se trouve ; - Ou bien encore Paro, un robot à l’apparence d’un petit phoque, concentré d’intelligen­ce artificiel­le, utilisé en thérapie relationne­lle pour les malades atteints de troubles du comporteme­nt et de la communicat­ion, qui adapte son comporteme­nt en fonction de celui de la personne !

Si pour certains, les objets connectés peuvent être considérés comme de simples gadgets, leur utilité pour les personnes dépendante­s paraît évidente dans la mesure où un accompagne­ment à leur utilisatio­n n’est pas négligé.

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France