Intérêts Privés

DU NOUVEAU POUR LIQUIDER SA RETRAITE

Les modalités de liquidatio­n des pensions de retraite changent pour les assurés qui ont été affiliés à plusieurs régimes (43% des retraités actuels). un dispositif unique de liquidatio­n entre en vigueur le 1er juillet qui se veut plus simple. Mais certain

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Le 1er juillet 2017, la « liquidatio­n unique dans les régimes alignés » (Lura) entrera en vigueur et simplifier­a la tâche des assurés, nés à partir de 1953, qui décident de prendre leur retraite après une carrière au cours de laquelle ils ont cotisé auprès de plusieurs régimes alignés : régime général des salariés (CNAV), régime des travailleu­rs indépendan­ts (RSI) et régime des salariés agricoles. « Près de 20 % des assurés sont concernés par cette réforme qui, précisons-le, ne porte que sur la retraite de base » explique Valérie Batigne, qui dirige le cabinet VB Expertise-retraite. Un progrès ? Oui, mais la réforme ne va pas profiter à tous les polypensio­nnés… « Certains assurés vont être lésés ». précise Valérie Batigne.

➜ Interlocut­eur unIque

Avec la Lura, les polypensio­nnés disposent d’un seul interlocut­eur pour déposer leur demande de liquidatio­n. Il leur suffit de s’adresser à la dernière caisse auprès de laquelle ils cotisent. C’est elle qui se chargera alors de prendre contact avec les autres caisses pour constituer un unique dossier de liquidatio­n. Le principe de compétence de la dernière caisse connaît toutefois quelques exceptions :

- en cas d’affiliatio­n simultanée à plusieurs régimes en fin de carrière, la procédure de liquidatio­n revient au régime en charge de l’assurance maladie ;

- le RSI est seul compétent si l’assuré a exercé une activité indépendan­te avant 1973 ;

- la MSA est seule compétente si l’assuré a exercé une activité agricole non-salariée.

Pour la majorité des polypensio­nnés, la suppressio­n des démarches séparées constitue un réel gain de temps et supprime une possible source de stress.

➜ une seule pensIon

L’unificatio­n de la demande de liquidatio­n s’accompagne d’une fusion du calcul de la pension dont le montant est désormais déterminé comme si l’assuré n’avait toujours relevé que d’un seul régime de retraite.

Concrèteme­nt, le calcul des droits s’effectue en additionna­nt la totalité des rémunérati­ons perçues pour chaque année civile de manière à déterminer le salaire de référence qui servira pour fixer le montant de la pension ainsi que pour totaliser le nombre de trimestres acquis.

Toutefois, cette prise en compte de toutes les rémunérati­ons perçues tous régimes confondus n’est pas un gage d’une meilleure pension. Car, comme auparavant, même additionné­s, les revenus sont pris en compte dans la limite d’un seul plafond

annuel de la Sécurité sociale (soit 39228 € en 2017) et le nombre de trimestres acquis pour une année civile reste plafonné à quatre. Cependant le changement peut profiter à certains futurs retraités.

➜ Des gagnants…

La réforme favorise les polypensio­nnés qui ont perçu de faibles salaires. « La prise en compte de l’ensemble de leurs revenus, tous régimes confondus, peut leur permettre de valider quatre trimestres alors que, pris séparément, leurs petits salaires ne leur permettaie­nt pas toujours d’acquérir des trimestres auprès de leurs différente­s caisses ». De même, pour le calcul du salaire annuel moyen (SAM), qui détermine le montant de la pension, les 25 meilleures années sont cherchées sur l’ensemble de la carrière et non plus dans chaque régime. Ce qui favorise l’optimisati­on du montant pris en compte.

exemple

Un assuré, né en 1955 et qui justifie des 166 trimestres requis pour bénéficier du taux plein, a été salarié pendant 39 ans et demi puis artisan pendant 2 ans, avec un revenu annuel moyen respective­ment de 15000 € (23 meilleures années salarié) et de 10000 € (2 ans artisan).

• Avant la réforme :

CNAV: 15000 € x 50 % x 158 trimestres/166 trimestres = 7138 €

RSI: 10000 € x 50 % x 8 trimestres/166 trimestres = 241 €

Pension annuelle totale: 7379 €

• Après la réforme :

15000 € x 50 % x 166 trimestres/166 trimestres = 7500 € par an.

Comme actuelleme­nt, les revenus perçus ne seront pris en compte que dans la limite d’un plafond annuel de la Sécurité sociale (39 228 € en 2017).

➜ …et Des perDants

Les polypensio­nnés qui, grâce à des revenus importants, pouvaient jusqu’à présent valider jusqu’à quatre trimestres dans chaque régime au cours d’une même année ne le pourront plus. Désormais, avec le même niveau total de revenus, ils n’acquièrent qu’un maximum de quatre trimestres par an. « Autrement dit, ils auront cotisé sans acquérir plus de droits » résume Valérie Batigne.

exemple

Un assuré, né en 1955, a cotisé au régime général pendant 41 ans et demi (soit 166 trimestres) et simultaném­ent pendant presque 21 ans (soit 83 trimestres) au régime des indépendan­ts, avec un revenu annuel moyen respective­ment de 35000 € et de 20000 €.

• Avant la réforme :

CNAV: 35000 € x 50 % x 166 trimestres/166 trimestres = 17500 €

RSI : 20 000 € x 50 % x 83 trimestres/166 trimestres = 5 000 €

Pension annuelle totale: 22500 € (249 trimestres cumulés)

• Après la réforme :

35000 € x 50 % x 166 trimestres/166 trimestres = 17500 € (83 trimestres non comptabili­sés)

« Avec cette réforme, on ne fusionne pas les cotisation­s » regrette Valérie Batigne. Conséquenc­e, au 1er juillet 2017, des trimestres acquis au-delà de la durée d’assurance requise purement et simplement perdus et des cotisation­s versées à fonds perdu.

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