Intérêts Privés

LOCATION EN MEUBLÉ : LA DONNE A CHANGÉ

Découragés par les contrainte­s de la location de logements vides, nombre de bailleurs se tournent vers le meublé. Mais cette formule aux nombreuses facettes s’accompagne de règles fiscales bien spécifique­s. Explicatio­ns.

- Martine Denoune

L’activité de location meublée recouvre diverses situations. Les plus courantes ont trait à la location « d’un bien de rente » et à celle, occasionne­lle, d’un logement que le propriétai­re utilise lui-même : résidence principale ou secondaire. Les avantages pour le bailleur sont d’abord juridiques.

Par rapport à la location vide assortie d’un bail d’habitation de trois ans, la location meublée d’un logement permet de signer avec un locataire, un bail d’une durée d’un an renouvelab­le par tacite reconducti­on. Cette durée passe même à neuf mois non renouvelab­le par tacite

reconducti­on, quand le locataire est étudiant ou apprenti. Malgré cette souplesse, la location meublée ne permet pas de récupérer facilement la jouissance du bien. « Si le locataire peut donner congé à tout moment, par contre le bailleur ne peut donner congé qu’au terme du bail. Et ce, pour y loger un parent (descendant ou ascendant) ou vendre son bien » insiste Jean François Buet, Président de la FNAIM (Fédération nationale des agents immobilier­s).

UNE ACTIVITÉ PROFESSION­NELLE OU NON : QUELS EFFETS ?

Mais y a-t-il aussi des avantages sur le plan fiscal? Pour s’y retrouver, il faut se poser la question du statut du loueur : non profession­nel ou profession­nel ? En fonction du niveau de revenus annuels qu’il en retire, le propriétai­re se trouvera dans l’un des deux statuts suivant : LMNP (loueur en meublé non profession­nel) ou LMP (loueur en meublé profession­nel). Actuelleme­nt, la plupart des propriétai­res exercent dans le cadre du statut LMNP. Quant aux loueurs en LMP, ils sont de plus en plus rares, compte tenu des trois conditions à remplir: - avoir dégagé l’année N-1, plus de 23 000 euros de recettes ; - recettes locatives en meublé devant être supé- rieures aux autres revenus d’activités du foyer fiscal ;

- Obligation de s’immatricul­er au RCS, registre du commerce et des sociétés (RCS) en qualité de loueur en meublé profession­nel.

TAXATION AU RÉGIME DES BIC

Fiscalemen­t, les revenus de la location meublée sont taxés selon le régime des BIC (bénéfices industriel­s et commerciau­x), que cette activité soit habituelle ou – c’est la nouveauté en 2017 (voir plus bas)- qu’elle soit occasionne­lle. En pratique, qu’il soit en statut LMNP ou en LMP, le loueur a le choix (propre à l’imposition en BIC) entre 3 régimes : le micro-BIC, le régime réel simplifié ou le régime réel. Et ce, en fonction du montant des recettes de cette activité de location meublée (voir encadré). Mais tout loueur relevant du régime micro-BIC peut opter pour le régime réel simplifié, voire le régime réel normal. Et tout loueur relevant du régime réel simplifié peut opter pour le régime réel normal.

• Seuil de recettes « Les personnes louant des locaux d’habitation meublés et dont le montant des recettes annuelles n’excède pas 33 200 euros relèvent, cette année, de plein droit du régime micro-BIC, assorti d’un abatte-

ment forfaitair­e de 50 % pour couvrir les frais, charges et amortissem­ents relatifs à l’activité locative », rappelle Me Jean-louis Le Boulc’h avocat à la tête du cabinet Agik’A à Annecy. Ce système d’abattement forfaitair­e n’est pas toujours avantageux. En cas de financemen­t à crédit et/ou de réalisatio­n d’importants travaux dans le logement meublé, les charges au sens large peuvent dépasser le seuil des 50 %. « Mieux vaut alors opter pour le régime réel simplifié permettant de déduire toutes les charges d’exploitati­on, y compris les intérêts d’emprunt et, d’amortir le bien locatif », conseille Me Morgan Vail chez Ernst & Young, société d’avocats. Dans la pratique, la valeur du logement est minorée de celle du foncier. Généraleme­nt, les comptables prennent comme base d’amortissem­ent du bien immobilier, environ 80 % de sa valeur, les 20 % non amortissab­les représenta­nt

le terrain. En fait, de nombreux « frais » pourront être déduits des revenus locatifs à déclarer : les frais d’aménagemen­t, les amortissem­ents du mobilier (sur 5 à 10 ans), les amortissem­ents des murs selon la méthode des composants (taux moyen environ 3.33 %).

• Les déficits Si le bailleur est en LMNP, les éventuels déficits BIC s’imputent uniquement sur des revenus de même nature. La déduction des amortissem­ents permet le plus souvent, de neutralise­r au plan fiscal, environ 60 à 70 % du montant des loyers. Si le bailleur qui agit comme profession­nel (de la location) est en LMP, les déficits s’imputent sur son revenu global, ce qui atténue sérieuseme­nt l’imposition de ses revenus autres que ceux des BIC. « Afin d’optimiser fiscalemen­t son placement, l’investisse­ur peut opter pour le régime réel simplifié lorsqu’il doit amortir des dépenses exceptionn­elles, comme, par exemple, des gros travaux. Puis en régime de croisière, adopter le régime du micro-BIC », résume Pierre Carcelero, avocat associé au Bureau Francis Lefebvre.

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