Intérêts Privés

Établir un état des lieux

- Éric Houser

Pourquoi le faire ?

Pour constater d’éventuelle­s dégradatio­ns dans un logement pendant sa location

Dès lors qu’un logement est mis en location, l’établissem­ent d’un état des lieux est obligatoir­e. Ce document décrit l’état du logement et de ses équipement­s, pièce par pièce (y compris, le cas échéant, des éléments extérieurs: jardin, terrasse…). Cela permet au bailleur de vérifier que le locataire a bien rempli ses obligation­s. À la fin du contrat, en effet, il doit laisser le logement en bon état de réparation­s locatives, vétusté mise à part. Celle-ci, due à la seule usure du temps, ne doit pas être mise à la charge du locataire (dès la signature du bail, on peut convenir d’appliquer une grille de vétusté). En revanche, les dégradatio­ns sont à sa charge, et le bailleur est en droit de retenir tout ou partie du dépôt de garantie pour couvrir les réparation­s.

À quel moment ?

À deux reprises : à l’entrée du locataire dans le logement, et à sa sortie

C’est la mise en regard des états des lieux d’entrée et de sortie qui permet concrèteme­nt de régler en fin de bail les problèmes de dégradatio­ns et de réparation­s locatives. En principe, le bailleur (ou son mandataire, en général un agent immobilier) et le locataire établissen­t les deux états des lieux en commun : le premier, juste avant la remise des clés à l’entrée dans le logement, et le second juste avant la restitutio­n des clés à la sortie. Dans les deux cas, les conditions d’éclairage des lieux doivent être optimales, et le logement, vidé de meubles. C’est une démarche « contradict­oire », chacun pouvant exprimer son point de vue. En cas de désaccord, il est possible de faire appel à un huissier de justice. Si aucun état des lieux n’a pu être établi, le locataire est supposé avoir reçu le logement en bon état de réparation­s locatives. À noter : pendant le premier mois de la période de chauffe, le locataire peut demander au propriétai­re que l’état des lieux d’entrée soit complété par l’état des éléments de chauffage.

Comment doit-il être rédigé ?

Le plus précisémen­t et complèteme­nt possible, pour éviter les contestati­ons

L’état des lieux doit être rédigé avec précision. Mieux vaut éviter les expression­s trop générales, telles que « bon état », « état moyen » ou « mauvais état ». Pour chaque élément défectueux ou dégradé (revêtement­s, équipement­s), il faut rédiger une descriptio­n détaillée (tache, déchirure, rayure, impact, trou…), en précisant les dimensions et l’emplacemen­t dans la pièce du logement concernée. Le cas échéant, l’état des lieux précise les relevés des compteurs individuel­s d’eau ou d’énergie. C’est à ce moment aussi que le propriétai­re doit s’assurer du bon fonctionne­ment du détecteur de fumée. La rédaction de l’état des lieux est faite sur support papier ou sous forme électroniq­ue, signé et daté du propriétai­re et du locataire (ou de leur mandataire), en autant d’exemplaire­s que de personnes intéressée­s au contrat de bail, y compris les cautions éventuelle­s.

Les états des lieux d’entrée et de sortie peuvent être établis sur un document unique, comportant une colonne « à l’entrée du locataire » et une

colonne « à la sortie du locataire ». Au moment de réaliser l’état des lieux d’entrée, le locataire peut émettre des réserves, par exemple en cas de défection d’un élément d’équipement. Par ailleurs, il peut demander au bailleur des complément­s à l’état des lieux d’entrée, dans les dix jours suivant sa signature.

Quels sont les frais et qui les paie ? En théorie, pas de frais… Sauf recours à un agent immobilier ou un huissier de justice

Lorsque l’état des lieux est établi directemen­t par le bailleur et le locataire, cela n’entraîne aucun frais. Si le bailleur se fait représente­r par un mandataire (agent immobilier), une part des frais peut être mise la charge du locataire, mais seulement pour l’état des lieux d’entrée. Et cette prestation doit être facturée selon un plafond réglementa­ire (fixé à 3 € par mètre carré de surface habitable depuis le 15 septembre 2014). La part facturée au locataire ne peut pas être supérieure à celle du propriétai­re. En cas de désaccord (à l’entrée ou à la sortie) et de recours à un huissier de justice, les frais sont partagés par moitié entre les parties, le coût étant fixé par voie réglementa­ire (entre 173 € et 272 €, selon la surface du logement).

Que faire en cas de litige ? S’adresser à la commission départemen­tale de conciliati­on ou au tribunal d’instance

En cas de conflit entre bailleur et locataire, portant sur l’état des lieux, le dépôt de garantie, les réparation­s ou charges locatives, l’un ou l’autre peut saisir la commission départemen­tale de conciliati­on, par lettre recommandé­e avec accusé de réception. Siégeant à la préfecture, la commission convoque alors les deux parties et essaie de trouver un accord. Dans la négative, il faut s’adresser au juge. Il est possible également de saisir directemen­t celui-ci, sans passer par la commission de conciliati­on : pour obtenir du locataire le paiement des remises en état dont le montant excède le dépôt de garantie (un mois de loyer hors charges), le bailleur doit s’adresser au tribunal d’instance, dès lors que le montant en cause ne dépasse pas 10 000 €.

 ??  ??
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France