CHOISIR LES FCPE DANS UN PEE OU PERCO
Alors que les fonds monétaires sont privilégiés en épargne salariale, ils affichent des performances négatives. Comme avec d’autres placements, le salarié doit prendre cette épargne en main et faire sa sélection parmi les FCPE, fonds communs de placement
Placer sa participation ou son intéressement sur un plan d’épargne entreprise (PEE) ou un plan d’épargne retraite collectif (PERCO) permet d’être exonéré d’impôt sur le revenu sur ces sommes. Pour faire fructifier ce placement, des fonds spécifiques à l’épargne salariale sont proposés aux salariés : les fonds communs de placement en entreprise (FCPE). Dans un souci de sécurisation des sommes, le fonds retenu par défaut est en général monétaire. Or, les performances actuelles de ces fonds sont très mauvaises et même négatives. Résultat : des salariés perdent de l’argent ! Pour
mieux comprendre les possibilités d’investissement dans le cadre de son épargne salariale, un tour d’horizon s’impose.
MULTI-ENTREPRISES, DÉDIÉ OU ACTIONNARIAT SALARIÉ
Trois formes de FCPE existent. Les fonds Multi-entreprises sont des FCPE accessibles à toutes les entreprises mettant en place un PEE et/ou un PERCO. Pour des volumes conséquents d’épargne salariale, une grande entreprise peut mettre en place une deuxième forme de FCPE qui est dédié à elle seule. À ne pas confondre avec un FCPE d’actionnariat salarié. Cette troisième forme de fonds, qui représente 38 % des encours de l’épargne salariale, soit le même montant d’actifs gérés que les fonds Multientreprises, permet d’investir dans les titres de sa propre entreprise (cotée ou non cotée avec, dans ce cas, un mécanisme de liquidité à mettre en oeuvre).
Avec les représentants du personnel, l’entreprise choisit auprès d’une société de gestion les supports d’investissement proposés dans le plan d’épargne salariale. « La loi fixe pour le PERCO un minimum de 3 fonds mais ne pré- cise rien concernant le PEE », relève Manuele Pennera, consultante et associée de Karente. En pratique, en moyenne, 5 fonds sont accessibles dans un PERCO ou un PEE. Géré de manière collective, chaque FCPE investit dans différents titres ou fonds et doit avoir reçu un agrément de la part de l’AMF. Il se distingue par sa gouvernance des autres fonds accessibles à tous. Le FCPE dispose d’un conseil de surveillance composé pour moitié de représentants de porteurs de parts salariés et pour moitié de représentants d’entreprises. Le conseil de surveillance vérifie la gestion financière du fonds et valide le rapport de gestion. Mis à part la gouvernance, le FCPE est un fonds géré comme d’autres que l’on retrouve dans des contrats d’assurance-vie par exemple.
ALTERNATIVE AU FONDS MONÉTAIRE
Le gérant dispose d’un mandat de gestion déterminant l’orientation des différents fonds: monétaire, obligations, actions, diversifiés… Depuis la loi Macron, afin que les entreprises bénéficient d’un forfait social (cotisation à leur charge) à taux réduit sur l’intéressement, la participation et l’abondement placés sur le PERCO, elles doivent proposer un FCPE investi en titres destinés à financer les PME. De plus, que ce soit le PEE ou le PERCO, chaque plan d’épargne doit obligatoirement proposer un fonds solidaire, l’épargne salariale étant d’ailleurs le premier financeur des entreprises solidaires.
Il revient au salarié de sélectionner et de répartir son épargne parmi les fonds retenus dans les plans de son entreprise (en moyenne deux sont utilisés, indique le gestionnaire Amundi, N°1 du marché). Problème: près d’un tiers des encours de l’épargne salariale (hors actionnariat salarié) est investi dans un fonds monétaire. Or, selon l’argus Eres des FCPE, la performance moyenne des FCPE monétaires
est tombée à -0,14 % en 2016. La pertinence de ce choix pose question. Amundi a d’ailleurs pris le parti de modifier son fonds monétaire en solution de trésorerie. « De plus, avec le risque de remontée de taux - qui engendre une baisse des obligations - notre gamme obligataire doit évoluer vers des solutions plus diversifiées tout en restant prudentes voire vers des fonds à échéance plus en phase avec l’attente des salariés », annonce Delphine Di Pizio-Tiger, responsable gestion FCPE d’Amundi.
En revanche, les fonds à capital garanti proposés à la place d’un fonds monétaire ne recueillent pas l’unanimité. « Ils sont fortement chargés en frais, avertit Jérôme Dedeyan, associé fondateur d’Eres. Un FCPE patrimonial (actifs diversifiés, NDLR) sera plus performant si on le garde suffisamment en portefeuille. Nous élargissons la gamme de ce type de FCPE en profitant de la récente possibilité d’investir jusqu’à 30 % en immobilier via des OPCI ».
Selon l’horizon de placement
Pour faire son choix, le salarié doit s’interroger sur son horizon de placement et son appétence au risque. Le site epargnesalariale-france. fr aide à se poser les bonnes questions. Si un fonds monétaire apporte de la sécurité au placement, il n’est pas la meilleure solution pour la préparation à la retraite. C’est pourquoi la loi Macron a prévu une gestion pilotée par défaut pour le PERCO. Si le salarié ne prend pas de décision d’investissement lors du versement de sa participation ou de l’intéressement, son épargne est automatiquement affectée à un système qui limite les risques financiers au fur et à mesure de l’approche de l’âge de la retraite. « Nous avons créé le fonds Amundi Convictions ESR adapté à l’horizon long terme du PERCO. Une solution de placement long terme pour le salarié qui cherche de la performance en investissant notamment dans des secteurs qui font sens (efficacité énergétique, sécurité, nouvelles technologies…), mais aussi dans des actions d’entreprises de petite taille et dans des actifs de long terme comme l’immobilier ou l’or »indique Delphine Di Pizio-Tiger. Cependant, la loi ne prévoit pas de gestion
pilotée par défaut pour le PEE. Des sociétés de gestion peuvent toutefois la mettre en place comme le propose Eres. « Notre service de gestion pilotée dans un PEE tient compte d’un horizon de placement minimal de 3 ans compatible avec la durée de blocage de 5 ans et des possibilités de déblocage anticipé. L’allocation est prudente et se présente comme une alternative au fonds monétaire sur cette durée », explique Jérôme Dedeyan.
MANQUE DE CONSEIL PERSONNALISÉ
Reste que le salarié se retrouve seul pour faire son choix. Le livret d’épargne salariale qui lui est remis, les documents d’information consultables sur le site de chaque société de gestion, permettent de comprendre les orientations de gestion et l’échelle de risque des FCPE. Néanmoins, le salarié ne peut recevoir de conseil personnalisé financier de la part de son employeur, ni de la plateforme téléphonique du teneur de compte qui n’est pas conseiller en investissement financier. « L’épargnant salarié doit devenir acteur de son épargne salariale, considère Xavier Collot, directeur épargne retraite et salariale chez Amundi. À partir de juillet 2017, un questionnaire de profilage sera adressé à l’épargnant via son portail internet sécurisé afin de déterminer son profil d’investisseur par rapport à son appétence au risque et à son horizon de placement, ce qui permettra de lui proposer une allocation adaptée ». Par ailleurs, l’arbitrage dans les plans entres les FCPE (qui permet de réorienter son épargne ou de la sécuriser) est très peu utilisé bien que souvent gratuit sur internet. Pourtant cela améliorerait le rendement de l’épargne salariale qui représentait 123 milliards d’euros d’encours à fin 2016.