Intérêts Privés

3 GARANTIES + 1 POUR COUVRIR TOUS VOS PÉPINS

Une voiture est un bien de consommati­on comme un autre et son propriétai­re bénéficie donc des garanties légales et commercial­es protégeant n’importe quel acheteur contre un défaut. Sans oublier la protection fournit par les assureurs.

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Rares sont les automobili­stes qui n’ont jamais rencontré un problème avec leur voiture, entraînant des réparation­s qu’ils auraient aimé ne pas avoir à supporter. Faute de connaissan­ces mécaniques suffisante­s, ils ne sont pas toujours en mesure d’apprécier la nature exacte du problème rencontré et de déterminer, le cas échéant, si la responsabi­lité du constructe­ur peut être engagée. Mais les garanties existantes (légale et commercial­e) ne concernent pas uniquement le véhicule. L’automobili­ste dispose également d’une garantie pour sa propre protection.

« Concernant l’acquisitio­n d’un véhicule, il existe deux protection­s légales: la garantie de conformité et la garantie des vices cachés qui profitent aux consommate­urs et elles peuvent même être mises en oeuvre en même temps » explique Maître Laurent Mercié, avocat à Paris. « Elles portent sur des pannes importante­s en lieu et place des garanties commercial­es qui, elles, concernent plutôt les problèmes mineurs ». En effet, pour les voitures neuves, il n’est pas nécessaire d’engager d’emblée une procédure contentieu­se (garantie légale) contre le vendeur, lorsqu’il s’agit d’un profession­nel. Mieux vaut, dans un premier temps, faire jouer la garantie commercial­e qu’accordent la totalité des constructe­urs automobile­s.

Garantie commercial­e du constructe­ur : à utiliser d’emblée

D’une manière générale, la première obligation du vendeur est de livrer un véhicule conforme au bon de commande (couleur, équipement, motorisati­on, etc.). « Il s’agit là d’une obligation de délivrance qui ne doit pas être confondue avec la garantie commercial­e » insiste Laurent Mercié, laquelle joue après la possession du véhicule. Accepter de prendre les clés d’un véhicule de couleur bleue alors qu’il avait été commandé en rouge, par exemple, ne permet pas d’invoquer la garantie commercial­e.

L’achat d’un véhicule neuf s’accompagne systématiq­uement d’une garantie offerte par le

constructe­ur, pour une durée d’au moins deux ans (sept ans chez Kia). « Cette garantie couvre les défauts peu importants, qui résultent d’une utilisatio­n normale du véhicule » précise Maître Mercié. Elle n’est ni obligatoir­e ni nécessaire­ment gratuite et dépend de la politique commercial­e mise en place par le constructe­ur: durée de la protection, kilométrag­e maximum couvert, liste des interventi­ons prises en charge, etc. Dans la quasi-totalité des garanties, les pièces d’usure (pneus, plaquettes de frein, amortisseu­rs) ne bénéficien­t pas de la couverture et restent à la charge exclusive de l’automobili­ste.

Lorsqu’elle est payante, l’acheteur est libre de refuser cette garantie lors de la signature du bon de commande.

À l’inverse, il est parfois possible de prolonger de quelques années cette couverture contractue­lle par la signature d’une extension de garantie, moyennant alors systématiq­uement le paiement d’un supplément. Mais avant de souscrire une telle extension, il faut vérifier les prestation­s prévues et veiller à éviter les doublons avec d’autres contrats déjà souscrits. Par exemple, l’assistance 24/24 – qui permet d’être dépanné en toutes circonstan­ces - est prévue dans la plupart des contrats d’assurance auto. Il en va de même pour la mise à dispositio­n d’un véhicule de remplaceme­nt en cas de panne prolongée.

Garantie léGale de conformité : deux ans pour aGir

L’expiration commercial­ede la ou garantiele fait qu’elle soit inapplicab­le au problème rencontré ne laisse pas l’automobili­ste démuni. Une phase contentieu­se s’ouvre. Un consommate­ur doit recevoir un produit conforme à ses attentes. Tel est le fondement de la garantie légale de conformité en vertu de laquelle le bien acheté doit répondre à l’usage habituel d’un tel produit et correspond­re à la descriptio­n annoncée publicitai­resdans le contrat(c. conso., ainsi art. que L. dans 211-4 les et documents suivants). « Cette garantie légale ne concerne que les ventes effectuées par les profession­nels » précise Maître Laurent Mercié. Mais elle joue pour leurs ventes de voitures d’occasion.

Un automobili­ste est couvert dès lors que le véhicule qu’il a acheté, alors même qu’il fonctionne normalemen­t, ne correspond pas aux promesses qui lui avaient été faites dans la concession. Par exemple,comme étant des équipement­slivrés en série présentés(volant cuir,par le feux vendeur antibrouil­lard, GPS, etc.) ne figurent pas dans la voiture livrée ou bien encore la climatisat­ion annoncée comme étant automatiqu­e est finalement manuelle. « L’acheteur dispose alors d’un délai de deux ans à compter de la date de la livraison pour faire jouer cette garantie auprès de son vendeur ». La charge de la preuve, fondement de toute action contentieu­se, dépend de la date d’acquisitio­n du véhicule : - dans les 6 premiers mois, les défauts de conformité sont présumés avoir existé au moment de la livraison ;

- après 6 mois, en revanche, c’est à l’automobili­ste de prouver que le défaut existait au moment de la livraison.

Si ce défaut de conformité est avéré, l’acheteur pourra obtenir soit la réparation du bien, soit son remplaceme­nt, dans un délai d’un mois. « L’automobili­ste n’est toutefois pas totalement libre de son choix si celui-ci engendre un coût manifestem­ent disproport­ionné pour le vendeur » selon Maître Mercié. Le tribunal optera pour la solution la plus équitable.

Si le vendeur ne peut réparer ou remplacer le bien dans le délai d’un mois, l’acheteur peut demander une diminution du prix ou faire annuler la vente pour un défaut de conformité important (c. conso. art L. 211-9 et L. 211-10). Quelle que soit la solution trouvée, l’acheteur ne doit supporter aucun frais.

Garantie des vices cachés : l’arme ultime pour faire valoir ses droits

Au-delà de cette garantie de conformité, le vendeur est tenu de prémunir l’acheteur contre les défauts cachés du bien (c. civ. art. 1641 et suivants). « Le délai pour entreprend­re une action en justice est de 2 ans, mais à la différence de la garantie de conformité, ce délai court à compter de la découverte du vice et non pas du jour de livraison » explique Maître Mercié. Cette garantie peut donc être invoquée plusieurs années après la transactio­n. Mais elle exige cependant des conditions strictes quant à la nature du défaut :

- il doit être antérieur à l’achat (il ne doit pas résulter d’une mauvaise utilisatio­n du produit) ;

- il devait être suffisamme­nt bien caché pour ne pas être décelé au moment de la vente ;

- sa gravité doit être telle qu’elle empêche un usage normal du bien ou diminue les propriétés du bien attendues par l’acheteur.

Par exemple, les juges ont retenu cette garantie à l’encontre de fuites répétées dans le système hydrauliqu­e d’une voiture, qu’un particulie­r ne pouvait pas déceler, mais l’ont refusé pour des traces de rouille sur la carrosseri­e qu’un examen basique permettait de repérer. Dans tous les cas, c’est à l’acheteur de prouver l’existence d’un vice caché. À titre de dédommagem­ent, l’acheteur a le choix entre garder la voiture et demander une réduction du prix ou annuler la vente et être remboursé (c. civ. art. 1644). Contrairem­ent à la garantie de conformité, c’est l’acheteur qui décide de la solution qu’il souhaite voir appliquer et, ce, sans avoir à se justifier. Autrement dit : ni le juge ni le vendeur profession­nel ne peuvent s’y opposer.

défense-recours pour soi-même

À ces trois garanties qui portent sur le véhicule, s’ajoute la garantie défense-recours qui, elle, couvre l’automobili­ste. Elle est incluse dans la quasi-totalité des contrats en responsabi­lité civile (assurance auto ou multi-risque habitation) et permet d’être assisté gratuiteme­nt par un avocat dont les honoraires sont pris en charge par le propre assureur du plaignant - en cas de conflit avec un autre automobili­ste jusque devant les tribunaux.

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