Intérêts Privés

AVION : CES SITES QUI VOUS INDEMNISEN­T SI…

Même si vous avez droit à l’indemnisat­ion prévue par le règlement européen en cas de surbooking, retard ou annulation de vol, il n’est pas toujours facile de l’obtenir. Aussi, des plateforme­s internet proposent de vous aider à récupérer votre dû.

- Isabelle Gallay

Bien qu’arrivé à l’aéroport dans les délais prévus et munis d’une réservatio­n confirmée, vous n’avez pas pu embarquer. En prévision d’éventuels désistemen­ts de passagers qui ne se présentent pas à l’enregistre­ment malgré leur réservatio­n sur le vol, les compagnies aériennes ont l’habitude de vendre plus de billets qu’il n’y a de sièges disponible­s dans l’avion.

Conforméme­nt au règlement européen (CE) n°261/2004, vous pouvez prétendre, sous certaines conditions, à une compensati­on financière pouvant aller jusqu’à 600 € (voir tableau : à quelle indemnisat­ion avez-vous droit ?). Il en est de même pour les passagers victimes d’une annulation ou d’un retard de vol. Or, selon la DGAC (Direction Générale de l’Aviation Civile), seuls 5 à 10 % des passagers qui ont droit à une indemnisat­ion vont faire les démarches pour l’obtenir. Et nombreux sont ceux qui vont abandonner en chemin, soit parce que la longueur de la procédure (surtout s’ils doivent aller en justice) les décourage, soit parce que la compagnie leur a présenté de fausses excuses qu’ils n’ont pas les moyens (notamment par manque d’informatio­ns) de récuser. Ainsi, par méconnaiss­ance de leurs droits ou découragem­ent, ce sont plusieurs millions d’euros qui ne sont pas réclamés !

Afin de les aider à récupérer leur dû, des sites de plateforme­s sur Internet (voir liste en encadré) proposent - moyennant une commission versée uniquement en cas de réussite – de les représente­r pour effectuer les démarches à leur place auprès de la compagnie aérienne avec laquelle ils ont un litige. Il suffit de remplir en ligne sur leur site un dossier en exposant les problèmes rencontrés (retard, annulation, surbooking) et d’y joindre les justificat­ifs demandés.

Attention aux délais de prescripti­on! Vous disposez de 2 ans pour soumettre votre litige s’il concerne un retard de vol et 5 ans s’il a trait à un problème de surbooking ou d’annulation de vol.

Pourquoi faire APPEL à un intermédia­ire ?

« Il n’est pas toujours évident pour un particulie­r de connaître ou de comprendre la législatio­n européenne pour savoir s’il a droit ou non à une indemnité, explique Anne-Laure Hery, directrice marketing et communicat­ion chez Air-Indemnité. Ainsi, par exemple, un vol Paris-New York opéré par une compagnie non européenne est soumis au règlement européen, mais un vol New York-Paris opéré par la même compagnie ne l’est pas. En revanche, un vol New York-Paris réalisé par une compagnie européenne est éligible à l’indemnisat­ion ».

Mais le problème principal des passagers est d’abord procédurie­r. Lorsque toutes les conditions sont réunies (vol éligible, pas de causes d’exonératio­n…) pour obtenir l’indemnisat­ion prévue par le doit européen, cette dernière devrait être automatiqu­e, et pourtant il n’en est rien en pratique…. Certaines compagnies aériennes font la sourde oreille pour la verser et compte sur la lassitude du passager isolé. D’où l’avantage de déléguer la demande à un spécialist­e de ces procédures. Si votre dossier est éligible à l’indemnisat­ion, la plateforme qui vous représente ne va pas lâcher l’affaire puisqu’elle ne sera rémunérée que si vous obtenez satisfacti­on. Elle possède, en outre, une plus grande capacité de pression du fait du nombre de dossiers qu’elle représente.

« Et si l’affaire doit être portée devant la justice, le particulie­r n’aura pas à supporter les frais qui peuvent en découler (honoraires d’un avocat, frais d’expertise). En effet, en cas de succès, ils seront imputés sur la commission perçue par la plateforme et, en cas d’échec, cette dernière supportera l’ensemble de ces coûts », précise Amélie Gorry, Claims Specialist chez Vol-retardé. Attention, cela n’est pas le cas pour toutes les plateforme­s. D’où l’importance de bien lire les conditions générales de vente (voir paragraphe suivant).

« Les plateforme­s, outre d’avoir une équipe de juristes aguerris au droit européen et à la jurisprude­nce qui en découle, savent comment joindre efficaceme­nt les compagnies et connaissen­t bien les desiderata de chacune quant à la procédure à suivre pour déposer une réclamatio­n. Elles ont, par ailleurs, accès à diverses données concernant la gestion des vols, les conditions météorolog­iques et de nombreuses autres informatio­ns leur permettant de vérifier si tel retard ou annulation est bien justifié » explique Anne-Laure Hery. Pas toujours évident, en effet, pour un particulie­r de vérifier si l’excuse avancée par le transporte­ur aérien relève bien de « circonstan­ces extraordin­aires ». En effet, si certains motifs allégués constituen­t de façon inconstata­ble des circonstan­ces extraordin­aires justifiant l’annulation ou le retard du vol (comme l’éruption volcanique en Islande de l’Eyjafjalla­jökull en avril 2010, ou un attentat entraînant la fermeture de l’aéroport…), d’autres peuvent faire débat (de mauvaises conditions climatique­s, l’instabilit­é politique d’un pays…) ou être écartés d’office (comme les problèmes techniques inhérents « à l’exercice normal de l’activité du transporte­ur aérien », depuis un arrêt de la CJUE de décembre 2008).

➜ ÉPLUCHEZ attentivem­ent les conditions générales de vente

« Il faut absolument bien lire les conditions générales de vente de la plateforme, les engagement­s du site et les modalités financière­s », avertit Cédric Musso, directeur de l’action politique de l’UFC-Que Choisir; « il faut également regarder attentivem­ent les conditions de résiliatio­n du mandat donné à la plateforme ». En effet, dans certains cas, des dommages-intérêts pourront vous être facturés.

Vérifiez aussi ce qui se passe si, finalement, vous obtenez une indemnisat­ion directemen­t par la compagnie aérienne alors qu’entretemps vous vous êtes adressé à une plateforme. La plupart vous facturent les mêmes frais que ceux prévus en

cas de recouvreme­nt de la somme par leurs soins. « Il faut aussi examiner l’étendue des démarches qui seront accomplies. En effet, certaines plateforme­s s’arrêtent au stade amiable alors que d’autres prévoient, en cas d’échec de la négociatio­n, d’intenter un recours judiciaire, indique Cédric Musso ; et, dans ce cas, il faut vérifier si c’est bien la plateforme qui va supporter l’intégralit­é des frais de justice ».

➜ Combien Cela va vous Coûter ?

Le mot d’ordre est : « pas de résultat, pas de rémunérati­on ». Ainsi, si l’interventi­on n’aboutit pas, vous n’aurez, en principe, rien à payer alors même que la plateforme aurait, de son côté, engagé des frais (fax, appels, courriers, expertises, recours à un avocat). Attention toutefois, certaines peuvent vous facturer des frais de dossier: par exemple, refund.me prend 25 € de frais de dossier pour des procédures ayant lieu en France.

Lorsqu’elles sont parvenues à obtenir l’indemnisat­ion due, les plateforme­s prélèvent alors une commission (entre 18 et 30 %) sur le montant recouvré (2). Ainsi, si l’indemnité versée par la compagnie aérienne est de 250 € et que la commission s’élève à 25 % TTC, vous percevez 187,50 € et la plateforme conservera 62,50 €.

Regardez attentivem­ent si le pourcentag­e indiqué au titre de la commission est HT ou TTC, s’il inclut la phase contentieu­se ou s’il ne concerne que la phase amiable (ex.: chez Refundmyti­cket, la commission passe de 18 à 24 % si des poursuites judiciaire­s sont entamées).

Vérifiez également, si des frais annexes ne peuvent pas vous être demandés en sus. Par exemple, refund.me facture 23,80 € si « vous refusez sciemment ou par erreur notre paiement PayPal et que nous devons effectuer un nouveau virement » ; si une action de justice est nécessaire, Airhelp, de même que Flightrigh­t, facturent des frais de justice en plus de la commission !

➜ bon plan, les sites assoCiés aux Cartes banCaires

MasterCard a noué un partenaria­t avec Air Indemnité : pas de commission prélevée pour les détenteurs d’une masterCard Platinum + distribuée par LCL. Pas de commission non plus pour les passagers adhérents des associatio­ns locales UFCQue Choisir (à jour de leur cotisation) qui confient leur dossier à Indemnit’Air.

Le partenaria­t AirRefund - Visa permet de bénéficier d’une réduction de la commission. Elle passe de 30 à 25 % si vous avez payé votre billet d’avion avec une carte Visa Classic et à 20 % si c’est avec une carte Visa Premier, Visa Platinum ou Visa Infinite.

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