Intérêts Privés

Contrats obsèques : à lire attentivem­ent !

Souscrire un contrat obsèques pour soulager votre famille des contrainte­s matérielle­s de vos funéraille­s, ce peut être nécessaire si vous avez peu d’épargne ou simplement pour aider vos proches. mais soyez attentif aux clauses et considérez bien le coût f

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Mourir coûte cher. Et même de plus en plus, à en croire une étude de l’Insee, réalisée entre juin 2007 et juin 2017, selon laquelle les frais funéraires ont augmenté de près de 26 % en 10 ans. Le coût moyen des funéraille­s est estimé à 3350 € pour une inhumation (hors caveau) et à 3609 € pour une crémation (source : UFC Que Choisir - novembre 2014). Une somme pas toujours évidente à réunir pour les proches déjà touchés par le chagrin. Pour éviter à sa famille ces soucis supplément­aires (argent, organisati­on des funéraille­s), il est alors tentant de souscrire un contrat d’assurance obsèques. C’est d’ailleurs ce qu’un peu plus de 4 millions de Français ont fait (étude Fédération française de l’assurance, octobre 2015). Par cette assurance, le souscripte­ur peut constituer deux types de garanties : prévoir un capital seul qui servira à financer ses obsèques, soulageant ainsi ses proches d’une charge financière importante ; soit conclure une convention où sera également prévue l’organisati­on pratique de ses funéraille­s, l’objectif étant d’assurer à la personne que ses « dernières volontés » seront respectées à la lettre. À vous de choisir la solution qui va répondre à vos motivation­s et à vos attentes.

➜ CONTRAT « EN CAPITAL » POUR LE SEUL FINANCEMEN­T DES OBSÈQUES

Ce type de contrat dit « en capital » (78 % des contrats obsèques) n’a pour vocation que de financer les frais d’obsèques. Il convient si vous n’êtes pas sûr d’avoir une épargne ou des liquidités suffisante­s au moment de votre décès. Pour rappel, les frais d’obsèques peuvent être directemen­t prélevés sur les comptes bancaires du défunt, dans la limite de 5 000 € (C. monétaire et financier, art. L. 312-14 et arrêté du 7/05/2015, JO du 14).

Lors de la souscripti­on du contrat, il vous faut déterminer le montant du capital assuré. Pour savoir

ce que des obsèques peuvent coûter, vous devrez faire établir deux ou trois devis par des entreprise­s de pompes funèbres. Selon l’âge auquel vous souscrivez, prévoyez un peu plus, car même s’il est prévu de revalorise­r la somme chaque année, son montant risque de ne plus être suffisant 10, 20 ou 30 ans après, pour payer la totalité de vos obsèques.

« À votre décès, le capital sera versé à l’entreprise de pompes funèbres ayant effectué la prestation ou à la personne ayant réglé les obsèques. Le surplus - exonéré de droits de succession - sera le cas échéant, versé au (x) bénéficiai­re (s) que vous avez désigné (s) au contrat : parent, proche… », explique Nathalie Altot, responsabl­e marketing Crédit Agricole assurances.

Les contrats souscrits depuis juillet 2013, (loi n° 2013-672 du 26 juillet 2013) doivent désormais prévoir « expresséme­nt l’affectatio­n du capital à la réalisatio­n des funéraille­s du souscripte­ur, à concurrenc­e de leur coût » (C. gén. des collectivi­tés territoria­les, art. L. 2223-33-1). Ce qui n’était malheureus­ement pas le cas pour ceux souscrits antérieure­ment à cette date et pour lesquels « il n’y a aucune garantie concernant l’utilisatio­n de la somme versée au bénéficiai­re qui reste libre d’en disposer comme bon lui semble », prévient Michel Kawnik, président de l’Associatio­n Française d’Informatio­n Funéraire (www.afif.asso.fr).

Ces contrats peuvent être assortis d’une garantie d’assistance (rapatrieme­nt du corps en cas de décès survenu à une certaine distance du domicile ou à l’étranger, soutien psychologi­que, aide aux démarches administra­tives liées à un décès,

…). À vous de vérifier si cela est bien utile et ne risque pas de faire doublon avec les prestation­s d’assistance déjà proposées par votre carte bancaire, votre assurance multirisqu­e habitation…

➜ PRÉVOIR ÉGALEMENT L’ORGANISATI­ON DES OBSÈQUES

Pour être sûr que vos volontés soient strictemen­t respectées (et pour épargner toute démarche à vos proches), vous pouvez opter pour un contrat dit « avec prestation­s » (22 % des contrats obsèques). Ce dernier permet non seulement d’assurer le financemen­t des obsèques mais aussi d’anticiper les modalités de leur déroulemen­t (modèle de cercueil, cérémonie religieuse ou non, inhumation ou crémation, …). Le bénéficiai­re du capital souscrit est alors l’entreprise de pompes funèbres désignée dans le contrat ; à charge pour elle de respecter à la lettre vos desiderata, tels qu’ils ont été détaillés dans le document.

Le souscripte­ur doit détailler dans le contrat (le cas échéant, photos à l’appui) les prestation­s souhaitées. D’autant que, depuis la loi du 26 juillet 2013, les contrats obsèques ne doivent plus proposer des formules standardis­ées mais des prestation­s détaillées, adaptées à la demande de chacun. Ne vous laissez pas imposer des prestation­s qui vont s’avérer inutiles. Par exemple, comme le fait remarquer Michel Kawnik, « il est superflu de maintenir la prestation ‘transfert et séjour du corps dans une chambre funéraire privée’. En effet, en France, 80 % des décès ont lieu dans un établissem­ent de soins qui doit respecter le principe légal de gratuité pour l’hébergemen­t du corps pour les 3 premiers jours ».

Le contrat doit mentionner la possibilit­é pour le souscripte­ur de modifier, à tout moment, les prestation­s prévues » Michel Kawnik, président de l’Associatio­n

Française d’Informatio­n Funéraire

Autre point important à vérifier : « le contrat doit mentionner la possibilit­é pour le souscripte­ur de modifier, à tout moment, les prestation­s prévues : nature des obsèques, mode de sépulture, contenu des prestation­s, fourniture­s funéraires… Et même, il doit être possible de changer la société de pompes funèbres qui avait été initialeme­nt désignée pour exécuter les funéraille­s » explique Michel Kawnik. Si cette dernière ne respecte pas votre liberté de modificati­on (ou si elle vous propose un contrat qui ne précise pas d’une manière explicite cette faculté de modificati­on), elle est passible d’une amende de 15000 € (C. gén. des collect. Territ., art. L. 2223-35-1).

À noter Si la société de pompes funèbres désignée dans le contrat obsèques disparaît, est rachetée, fait faillite.., la société d’assurances, auprès de laquelle le contrat a été souscrit, est tenue de sélectionn­er une autre entreprise qui réalisera les obsèques telles que celles-ci qui avaient été initialeme­nt demandées.

➜ Les modes de paiement

Une fois déterminé le montant du capital décès, plusieurs modes de règlement sont possibles : règlement en une seule fois (prime unique) ou en plusieurs fois sous forme d’un versement étalé sur plusieurs années (cotisation­s périodique­s temporaire­s) ou effectué jusqu’au décès du souscripte­ur (cotisation­s viagères). Le montant des cotisation­s dépend à la fois de la durée de vos versements (temporaire­s : pendant 10 ans, 20 ans.. ou viagers), du capital garanti, et de votre âge à la souscripti­on. Attention, avertit la Fédération française de l’assurance : « lorsque le contrat obsèques prévoit des cotisation­s viagères ou périodique­s, le capital prévu sera réduit en cas de non-paiement des cotisation­s »!

Par exemple (chez Crédit Agricole Assurances) :

Pour assurer un capital de 5000 €

• Si le contrat est souscrit à 63 ans, les primes mensuelles à payer sont de :

-52 € (si durée de 10 ans)

-30 € (si durée de 20 ans) • Si le contrat est souscrit à 73 ans, les primes mensuelles à payer sont de :

-58 € (si durée de 10 ans)

-40 € (si durée de 20 ans)

Michel Kawnik rappelle que « le contrat obsèques - en capital ou avec prestation­s- est un contrat d’assurance - soumis comme tel aux dispositio­ns du Code des assurances - puisque depuis 1993, les entreprise­s de pompes funèbres ne sont plus habilitées à gérer financière­ment ce genre de contrats. Ainsi, même si ces dernières peuvent les commercial­iser, elles ne sont que les mandataire­s d’une compagnie d’assurances. Il est alors primordial, insiste-t-il, que la somme due au titre du contrat obsèques soit toujours réglée à l’ordre de la compagnie d’assurances. C’est cette dernière qui, au moment du décès, versera à l’entreprise­de pompes funèbres la somme nécessaire pour financer les funéraille­s ».

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