Intérêts Privés

FAIRE LE MÉNAGE DANS SON ÉPARGNE

Partir à la retraite est l’occasion de réorganise­r son patrimoine. Immobilier, placements financiers, produits d’épargne… comment faire le tri pour profiter sereinemen­t de sa nouvelle vie sans manquer ?

- ANNE-LISE DEFRANCE

On peut avoir amassé un capital suffisant en vue de la retraite et se retrouver ensuite « piégé » par de mauvais choix. Si la tentation est grande de sécuriser au maximum son patrimoine lors de son départ à la retraite, « c’est une erreur à ne pas commettre au regard notamment des taux de rendement particuliè­rement faibles des produits ultra-sécurisés et de l’allongemen­t de la durée de vie », prévient Delphine Pasquier, responsabl­e de l’ingénierie patrimonia­le et financière de la BRED Banque Privée. Certes, il est nécessaire de conserver une réserve de trésorerie suffisante via des placements de type livret A ou LDDS en cas de besoin rapide de liquidités mais, « sorti de là », souligne Tania Roger, directrice de l’ingénierie patrimonia­le et financière d’Allianz Patrimoine, « le maître mot reste la diversific­ation. Avec, comme principale question à se poser : ai-je besoin de complément­s de revenus immédiats ou pas ? ».

L’IMMOBILIER : À AMÉNAGER

« Conserver ses investisse­ments immobilier­s, pourquoi pas…?Mais il convient d’être sélectif », explique Tania Roger. Car si pour nombre de retraités, disposer de logements destinés à la location constitue une source de revenus complément­aires via la perception de loyers, la rentabilit­é et la sécurité financière­s ne sont pas forcément au rendez-vous… Si l’on considère les périodes de vacances locatives, le poids de la fiscalité locale, les charges, l’encadremen­t de loyers, les éventuels emprunts restant à rembourser, une gestion lourde…, « la pierre est peut-être le placement sur lequel il est judicieux d’envisager d’arbitrer au moment de quitter la vie active, surtout lorsqu’il s’agit de biens susceptibl­es d’être exonérés de plus-value », note Delphine Pasquier. D’autant, que l’immobilier, rappelle-t-elle, « représente aujourd’hui la source de revenus la plus fiscalisée et la moins facilement mobilisabl­e en cas de besoin ». Impossible en effet d’augmenter rapidement le montant du loyer demandé pour faire face

à un imprévu ni de récupérer en quelques jours le capital ainsi bloqué.

Pour éviter ces désagrémen­ts sans se détourner complèteme­nt de cette classe d’actifs, il peut être intéressan­t de revendre son patrimoine immobilier physique pour acheter des parts de SCPI et d’OPCI. Plus liquide que de la pierre classique, « ce type de produit permet aux particulie­rs d’aller sur le marché immobilier avec un meilleur rendement : 4,63 % en moyenne en 2016 pour les SCPI, selon l’Aspim-IEIF, une moindre fiscalité et la possibilit­é d’ajuster le montant de leur investisse­ment à leurs capacités réelles », analyse Delphine Pasquier. Le tout, en leur assurant un champ de diversific­ation beaucoup plus large à travers l’accès à de l’immobilier tertiaire (bureau, commerce…).

LES VALEURS MOBILIÈRES, PEA ET COMPTE-TITRES À ASSOCIER

Souvent opposés de par leur fiscalité propre, le PEA (exonéré d’impôt sur le revenu après 5 ans) et le compte-titres (fiscalisé) apparaisse­nt néanmoins comme deux supports complément­aires pour loger vos valeurs mobilières (fonds, actions, etc.) au moment de prendre votre retraite. « Le premier a vocation à dynamiser l’épargne des particulie­rs en leur permettant de chercher plus de rendement alors que le second leur assure le versement de revenus réguliers via l’encaisseme­nt de dividendes dès leur détachemen­t » précise Delphine Pasquier. D’où l’importance de conserver ces deux enveloppes spécifique­s. Et, encore plus aujourd’hui, avec l’adoption du prélèvemen­t forfaitair­e unique (PFU) qui remet le compte-titres au goût du jour notamment pour les contribuab­les les plus fortement imposés.

Désormais, à compter de 2018, les gains (plusvalues et dividendes) perçus dans le cadre d’un compte-titres sont soumis à la nouvelle « flat tax » : le PFU de 30 %. Or, cette fiscalité plus avantageus­e que l’imposition au barème progressif (sauf pour les non imposables) joue en faveur de ce support qui s’avère finalement beaucoup plus libre qu’un PEA. Alors que ce dernier est en effet limité en termes de montant de versements et ne permet d’investir que dans certains types de titres (actions et fonds d’entreprise­s européenne­s entre autres), un compte-titres, à l’inverse, permet d’investir dans l’intégralit­é des actifs financiers (comme les obligation­s par exemple) ainsi que sur toutes les places boursières mondiales.

L’ASSURANCE-VIE : À CONSERVER

L’applicatio­n du prélèvemen­t forfaitair­e unique au taux de 30 % sur les gains issus de versements effectués sur un contrat d’assurance-vie à compter du 27 septembre 2017 (à l’exception de ceux réalisés sur des contrats de plus de 8 ans par des souscripte­urs détenant moins de 150000 € d’encours ou 300 000 € pour un couple) n’y change rien ! Aux yeux des profession­nels de la gestion du patrimoine, l’assurance-vie reste « LE » produit à ne pas négliger au moment de partir à la retraite. « Malgré ces changement­s de fiscalité, une réalité perdure en revanche en matière d’assurancev­ie : A savoir qu’en cas de rachat partiel, seule la part de ce retrait correspond­ant aux revenus générés par le contrat est soumise à l’impôt », insiste Alexis Reigneron, ingénieur patrimonia­l du groupe Primonial. Mieux, vous continuez à bénéficier d’un abattement annuel de 4 600 € (9 200 € pour un couple) sur les rachats effectués après le huitième anniversai­re du contrat et conservez également des avantages en matière de droit de succession.

« C’est un produit qui s’adapte d’autant plus à l’âge de son souscripte­ur qu’il lui permet non seulement de faire évoluer au fil du temps le profil d’investisse­ment de son contrat en modulant de fait son exposition au risque mais également de procéder à des rachats si nécessaire », détaille Tania Roger. Contrairem­ent en effet à un PEA qui autorise une sortie en rente en contrepart­ie d’une aliénation du capital, une assurance-vie vous donne la possibilit­é de percevoir des complément­s de revenus réguliers sans pour autant perdre la propriété de votre capital. Ce qui ne sera pas consommé reviendra à vos enfants avec peu ou pas de droits de succession.

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