FAIRE LE MÉNAGE DANS SON ÉPARGNE
Partir à la retraite est l’occasion de réorganiser son patrimoine. Immobilier, placements financiers, produits d’épargne… comment faire le tri pour profiter sereinement de sa nouvelle vie sans manquer ?
On peut avoir amassé un capital suffisant en vue de la retraite et se retrouver ensuite « piégé » par de mauvais choix. Si la tentation est grande de sécuriser au maximum son patrimoine lors de son départ à la retraite, « c’est une erreur à ne pas commettre au regard notamment des taux de rendement particulièrement faibles des produits ultra-sécurisés et de l’allongement de la durée de vie », prévient Delphine Pasquier, responsable de l’ingénierie patrimoniale et financière de la BRED Banque Privée. Certes, il est nécessaire de conserver une réserve de trésorerie suffisante via des placements de type livret A ou LDDS en cas de besoin rapide de liquidités mais, « sorti de là », souligne Tania Roger, directrice de l’ingénierie patrimoniale et financière d’Allianz Patrimoine, « le maître mot reste la diversification. Avec, comme principale question à se poser : ai-je besoin de compléments de revenus immédiats ou pas ? ».
L’IMMOBILIER : À AMÉNAGER
« Conserver ses investissements immobiliers, pourquoi pas…?Mais il convient d’être sélectif », explique Tania Roger. Car si pour nombre de retraités, disposer de logements destinés à la location constitue une source de revenus complémentaires via la perception de loyers, la rentabilité et la sécurité financières ne sont pas forcément au rendez-vous… Si l’on considère les périodes de vacances locatives, le poids de la fiscalité locale, les charges, l’encadrement de loyers, les éventuels emprunts restant à rembourser, une gestion lourde…, « la pierre est peut-être le placement sur lequel il est judicieux d’envisager d’arbitrer au moment de quitter la vie active, surtout lorsqu’il s’agit de biens susceptibles d’être exonérés de plus-value », note Delphine Pasquier. D’autant, que l’immobilier, rappelle-t-elle, « représente aujourd’hui la source de revenus la plus fiscalisée et la moins facilement mobilisable en cas de besoin ». Impossible en effet d’augmenter rapidement le montant du loyer demandé pour faire face
à un imprévu ni de récupérer en quelques jours le capital ainsi bloqué.
Pour éviter ces désagréments sans se détourner complètement de cette classe d’actifs, il peut être intéressant de revendre son patrimoine immobilier physique pour acheter des parts de SCPI et d’OPCI. Plus liquide que de la pierre classique, « ce type de produit permet aux particuliers d’aller sur le marché immobilier avec un meilleur rendement : 4,63 % en moyenne en 2016 pour les SCPI, selon l’Aspim-IEIF, une moindre fiscalité et la possibilité d’ajuster le montant de leur investissement à leurs capacités réelles », analyse Delphine Pasquier. Le tout, en leur assurant un champ de diversification beaucoup plus large à travers l’accès à de l’immobilier tertiaire (bureau, commerce…).
LES VALEURS MOBILIÈRES, PEA ET COMPTE-TITRES À ASSOCIER
Souvent opposés de par leur fiscalité propre, le PEA (exonéré d’impôt sur le revenu après 5 ans) et le compte-titres (fiscalisé) apparaissent néanmoins comme deux supports complémentaires pour loger vos valeurs mobilières (fonds, actions, etc.) au moment de prendre votre retraite. « Le premier a vocation à dynamiser l’épargne des particuliers en leur permettant de chercher plus de rendement alors que le second leur assure le versement de revenus réguliers via l’encaissement de dividendes dès leur détachement » précise Delphine Pasquier. D’où l’importance de conserver ces deux enveloppes spécifiques. Et, encore plus aujourd’hui, avec l’adoption du prélèvement forfaitaire unique (PFU) qui remet le compte-titres au goût du jour notamment pour les contribuables les plus fortement imposés.
Désormais, à compter de 2018, les gains (plusvalues et dividendes) perçus dans le cadre d’un compte-titres sont soumis à la nouvelle « flat tax » : le PFU de 30 %. Or, cette fiscalité plus avantageuse que l’imposition au barème progressif (sauf pour les non imposables) joue en faveur de ce support qui s’avère finalement beaucoup plus libre qu’un PEA. Alors que ce dernier est en effet limité en termes de montant de versements et ne permet d’investir que dans certains types de titres (actions et fonds d’entreprises européennes entre autres), un compte-titres, à l’inverse, permet d’investir dans l’intégralité des actifs financiers (comme les obligations par exemple) ainsi que sur toutes les places boursières mondiales.
L’ASSURANCE-VIE : À CONSERVER
L’application du prélèvement forfaitaire unique au taux de 30 % sur les gains issus de versements effectués sur un contrat d’assurance-vie à compter du 27 septembre 2017 (à l’exception de ceux réalisés sur des contrats de plus de 8 ans par des souscripteurs détenant moins de 150000 € d’encours ou 300 000 € pour un couple) n’y change rien ! Aux yeux des professionnels de la gestion du patrimoine, l’assurance-vie reste « LE » produit à ne pas négliger au moment de partir à la retraite. « Malgré ces changements de fiscalité, une réalité perdure en revanche en matière d’assurancevie : A savoir qu’en cas de rachat partiel, seule la part de ce retrait correspondant aux revenus générés par le contrat est soumise à l’impôt », insiste Alexis Reigneron, ingénieur patrimonial du groupe Primonial. Mieux, vous continuez à bénéficier d’un abattement annuel de 4 600 € (9 200 € pour un couple) sur les rachats effectués après le huitième anniversaire du contrat et conservez également des avantages en matière de droit de succession.
« C’est un produit qui s’adapte d’autant plus à l’âge de son souscripteur qu’il lui permet non seulement de faire évoluer au fil du temps le profil d’investissement de son contrat en modulant de fait son exposition au risque mais également de procéder à des rachats si nécessaire », détaille Tania Roger. Contrairement en effet à un PEA qui autorise une sortie en rente en contrepartie d’une aliénation du capital, une assurance-vie vous donne la possibilité de percevoir des compléments de revenus réguliers sans pour autant perdre la propriété de votre capital. Ce qui ne sera pas consommé reviendra à vos enfants avec peu ou pas de droits de succession.