Intérêts Privés

INVESTISSE­MENT LOCATIF PINEL PROLONGÉ 4 ANS MAIS …

RECENTRÉ PRINCIPALE­MENT SUR LES GRANDES VILLES

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Peu de grand changement en 2018 pour les investisse­urs privilégia­nt la pierre et la défiscalis­ation. Le dispositif d’investisse­ment locatif Pinel a été prorogé jusqu’en 2021 par la loi de finances pour 2018 sans retouche concernant les conditions de la réduction d’impôt (RI). Son taux reste inchangé, compris entre 12 % et 21 % du montant investi, RI étalée sur 6 à 12 ans. Un dispositif qui attire les investisse­urs puisqu’ils étaient 60000 à en bénéficier en 2016 et qui génère la moitié des ventes de la promotion immobilièr­e. Néanmoins, un point primordial lors d’une acquisitio­n immobilièr­e a été révisé et pourrait l’être encore davantage dans l’avenir : l’emplacemen­t du bien. Désormais, des zones géographiq­ues (B2 et C) ne peuvent plus bénéficier du dispositif.

INVESTIR DANS LES ZONES TENDUES

Pour éviter des constructi­ons de logements là où l’offre locative est pléthoriqu­e, entraînant des difficulté­s à louer et à revendre, toutes les communes du territoire ne sont pas éligibles au dispositif. Mis en place en 2003 sous le dispositif Robien, le découpage territoria­l a été à plusieurs reprises révisé et recentré au fil des dérives constatées. La dernière modificati­on en date remonte à un arrêté du 1er août 2014 (modifié) classant les communes françaises dans cinq zones allant de la zone Abis la plus tendue (demande locative forte, manque de logements) à la zone C la moins tendue (demande locative faible). À chacune de ces zones, se réfèrent un plafond de loyers à respecter par le bailleur et un plafond de ressources des locataires. Mais, sur ces 5 zones, seules 3 d’entre elles où il existe un fort besoin de logements peuvent prétendre au dispositif Pinel : les zones Abis, A, et B1. En revanche, les zones B2 et C devaient avoir obtenu un agrément préfectora­l pour bénéficier du dispositif en 2017.

DEUX ZONES NON TENDUES EXCLUES

Dans l’objectif de recentrer l’avantage fiscal sur les zones les plus tendues, les communes des zones B2 et C deviennent inéligible­s à la réduction d’impôt Pinel en 2018. Toutefois, pour éviter de fragiliser des programmes immobilier­s en cours, des mesures transitoir­es ont été prévues. L’investisse­ur peut encore acquérir des logements situés dans des communes agréées de la zone B2 ou C jusqu’au 31 décembre 2018. À une

condition : le permis de construire de l’opération doit avoir été déposé au plus tard le 31 décembre 2017. En cas de constructi­on d’un logement par l’investisse­ur dans une commune agréée de la zone B2 ou C, même condition pour profiter encore du dispositif : dépôt de la demande de permis de construire au plus tard le 31 décembre 2017. Hormis ces situations, l’investisse­ur ne pourra plus bénéficier du dispositif Pinel en achetant un logement situé dans une de ces deux zones dès 2018.

Cette suppressio­n de la zone B2 et C suscite des réactions. Sur les 3860 communes de la zone B2, près d’un quart d’entre elles avaient obtenu un agrément (16 pour la zone C à fin septembre 2017). La zone B2 représente 10 % des opérations Pinel en 2016 (5 000 ventes). Un business que défendent les promoteurs mais qui n’est pas toujours réalisé dans l’intérêt des investisse­urs, la pertinence de certains programmes posant questions ! Reste que si l’exclusion de certaines communes du dispositif se justifie au vu du marché locatif, elle se discute pour d’autres. « C’est le cas de l’agglomérat­ion de Brest (B2), une ville dynamique qui manque de constructi­ons de nouveaux biens, son marché immobilier étant caractéris­é par une offre de biens anciens construits aprèsguerr­e inadaptés à la demande des locataires », explique Elena Azria, directrice associée du groupe Océanic, un promoteur breton.

Des plafonDs De loyer inaDaptés

Autre source de controvers­e : si non seulement des communes de la zone B2 présentent un marché saturé, c’est aussi le cas de communes en zone B1 (éligibles sans agrément). Une étude du Laboratoir­e de l’immobilier recense 17 agglomérat­ions à risque en zone B1 et 47 en zone B2 : dont Chartres (B1), Mulhouse (B1), Avignon (B1) ou encore Béziers (B2 agréée). Quant à la zone A, elle n’est pas exempte d’incohérenc­es. « Prenons l’exemple de Montpellie­r (zone A). Ses prix élevés sont certes dignes de la zone A, mais les loyers de marché sont proches de ceux de la zone B1. L’effet est trompeur pour l’investisse­ur car le rendement locatif est par conséquent faible », illustre Franck Vignaud, directeur du Laboratoir­e de l’immobilier.

En effet, si les plafonds de loyer Pinel doivent être inférieurs de 20 % aux loyers de marché, c’est loin d’être le cas dans de nombreuses villes où ils sont plus élevés que les loyers pratiqués comme à Marseille (15e), Toulon ou Limoges. « Exclure toute une zone n’est pas la solution pour empêcher les dérives. En revanche, il y a un manque de données pour appliquer un plafond de loyer intermédia­ire fidèle aux caractéris­tiques du marché local », considère Jean-Michel Ciuch, expert immobilier chez Immo G Consulting.

Dans ce contexte, une remise à plat du découpage territoria­l s’impose. Cela sera l’objet d’un rapport qui est prévu pour le 1er septembre 2018. En attendant, éviter de surpayer un bien pour bénéficier d’un avantage fiscal, reste un credo à respecter pour l’investisse­ur.

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