Intérêts Privés

Départs : un plan social librement consenti ?

Les entreprise­s peuvent désormais se séparer simultaném­ent de plusieurs salariés, sur la base du volontaria­t, avant même de connaître des difficulté­s économique­s. mais les volontaire­s au départ ne sont pas en mesure de négocier grand-chose individuel­lemen

- Thierry Lemaire

Depuis juin 2008, près de 3 millions de ruptures convention­nelles ont été signées, avec un rythme mensuel moyen de 35000 départs. Ce succès s’explique par la possibilit­é, pour le salarié, de partir de l’entreprise en bénéfician­t des allocation­s de chômage et, pour l’employeur, d’éviter un contentieu­x. Le nombre de ces séparation­s par consenteme­nt mutuel va probableme­nt augmenter encore avec l’instaurati­on d’une rupture convention­ne collective (RCC). « Il s’agit de permettre aux entreprise­s de réduire leurs effectifs pour anticiper d’éventuelle­s difficulté­s économique­s » résume Maître Richard Wetzel, avocat à Paris. « En évitant la lourde procédure des licencieme­nts économique­s ».

➜ Négociatio­Ns daNs l’eNtreprise

Contrairem­ent à sa version « individuel­le », qui requiert simplement la volonté commune de l’employeur et du salarié concerné après un ou plusieurs entretiens, la rupture convention­nelle collective (RCC) est beaucoup plus formaliste. Elle nécessite la conclusion préalable d’un accord collectif entre l’employeur et les représenta­nts syndicaux. « Faute de tels représenta­nts dans l’entreprise, un salarié peut notamment être mandaté par une organisati­on syndicale pour mener les négociatio­ns ».

Cet accord doit comporter un certain nombre d’informatio­ns :

- le nombre maximal de départs envisagés ;

- les postes concernés par les suppressio­ns ;

- le profil des salariés susceptibl­es d’en bénéficier ; - les modalités de dépôt des candidatur­es ;

- les critères de départage en cas de surplus de demandes ;

- les mesures visant à faciliter le reclasseme­nt externe des partants.

L’administra­tion (DIRECCTE*) garde un oeil sur l’accord en étant informée de l’ouverture d’une négociatio­n et en réceptionn­ant l’accord finalisé. « L’accord risque d’être retoqué si les mesures de reclasseme­nts – formation, aide à la création d’entreprise, etc. - sont jugées inexistant­es ou insuffisan­tes » rappelle Richard Wetzel.

➜ l’employeur à la maNoeuvre

Alors que l’initiative d’une rupture convention­nelle individuel­le peut émaner aussi bien du salarié que de l’employeur, la version collective résulte uniquement de la volonté de ce dernier. C’est lui qui a la main pour engager le processus avec les représenta­nts des salariés (syndicat, élus du CES, etc.). Une fois les modalités de départ

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