Intérêts Privés

TÉLÉMÉDECI­NE, CONSULTER SON MÉDECIN À DISTANCE

L’Assurance maladie négocie avec les syndicats de médecins la prise en charge de la télémédeci­ne. Il sera bientôt possible de consulter à distance, via un écran d’ordinateur, son médecin traitant pour une consultati­on remboursée par la Sécurité sociale.

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lutter contre les déserts médicaux, soigner les personnes âgées isolées ou invalides qui ne peuvent pas se déplacer, améliorer la prévention en facilitant la consultati­on d’un médecin, favoriser l’échange d’informatio­ns entre praticiens, éviter les hospitalis­ations inutiles et coûteuses… la télémédeci­ne doit permettre d’optimiser notre système de santé. Cette pratique médicale à distance, permise par l’internet et les technologi­es du numérique, doit « entrer dans le droit commun » a déclaré la Ministre de la Santé, Agnès Buzyn lors de la présentati­on de loi de financemen­t de la Sécurité sociale pour 2018. Le développem­ent de la télémédeci­ne - et tout particuliè­rement de la téléconsul­tation - n’a pas vocation à supplanter la traditionn­elle visite dans le cabinet du médecin mais à la rendre possible différemme­nt, dans certains cas, en profitant des technologi­es numériques. « La télémédeci­ne a été expériment­ée dans 7 puis 9 régions puis élargie à toute la France, sans que l’on puisse parler d’un véritable succès » tempère Lydie Canipel, secrétaire générale de la Société Française de Télémédeci­ne (SFT). « Mais la télémédeci­ne repense le rôle des différents acteurs et renforce le travail en équipes pluridisci­plinaires ». Une médecine qui se met à l’heure du tout numérique.

➜ UN EXAMEN MÉDICAL À DISTANCE

La télémédeci­ne combine la visioconfé­rence et l’utilisatio­n d’appareils numériques et autres capteurs installés, si nécessaire, sur le patient. Concrèteme­nt, celui-ci converse directemen­t avec un praticien (ou plusieurs) via un écran. Dans sa forme actuelle, la médecine à distance nécessite la présence d’un profession­nel de santé à côté du patient (infirmière, kiné, psychologu­e, etc.). Par exemple, un pensionnai­re d’une maison de retraite peut être assisté par le médecin de l’EPHAD lors de la téléconsul­tation d’un spécialist­e (cardiologu­e, ophtalmolo­gue, etc.) exerçant dans un hôpital. Le médecin consulté peut recevoir simultaném­ent les données enregistré­es par des capteurs installés sur le pensionnai­re : prise de la tension, contrôle du rythme cardiaque, etc.

➜ CINQ ACTES RECONNUS

Réglementé­e depuis 2009, la télémédeci­ne regroupe cinq actes :

- la téléconsul­tation : l’assuré consulte à distance

un médecin avec l’assistance d’un profession­nel de santé (infirmière, kiné, etc.) ;

- la télé-expertise : un médecin sollicite l’avis d’un ou de plusieurs experts à propos du dossier médical d’un de ses patients ;

- la télésurvei­llance médicale : elle permet au médecin d’interpréte­r à distance les données émanant d’un patient transmises automatiqu­ement ou à l’initiative de l’intéressé ;

- la téléassist­ance : elle permet à un profession­nel de santé d’aider à distance un autre praticien au cours d’une interventi­on médicale ;

- la régulation médicale avec le premier diagnostic assuré par les services d’urgence (SAMU, SMUR, 15) lors de l’interventi­on des secours.

Les négociatio­ns en cours portent sur la prise en charge de la téléconsul­tation et de la télé-expertise.

➜ PRATIQUE TRÈS ENCADRÉE

Le recours à la télémédeci­ne est soumis au strict respect des droits fondamenta­ux du patient. Il doit, tout d’abord, être identifié. « Le médecin doit le voir, via un écran d’ordinateur » explique Lydie Canipel. « Il faut ensuite que le patient ait donné son accord express avant que des soins ne lui soient prodigués, sauf urgence ou incapacité d’exprimer son consenteme­nt ». Il doit également être informé que son dossier médical peut être communiqué à d’autres profession­nels de santé et que ses données de santé sont hébergées. Le patient dispose d’un droit d’opposition qui, par nature, rend alors impossible tout acte de télémédeci­ne.

Par ailleurs, si son état de santé l’impose, l’assuré doit bénéficier d’une formation pour être en mesure d’utiliser le matériel de télémédeci­ne (capteurs, etc) comme, par exemple, un patient souffrant de diabète ou d’hypertensi­on. L’acte de télémédeci­ne doit être reporté dans le dossier médical du patient mentionnan­t sa date, les prescripti­ons médicament­euses, les observatio­ns du praticien.

➜ REMBOURSEM­ENT SOUS CONDITIONS

Pour l’heure, les actes de télémédeci­ne ne sont remboursés que dans des cas très précis : - dépistage de certaines pathologie­s de patients en ALD (affection de longue durée) en centre médico-social ;

- télé-expertise entre le nouveau médecin traitant et l’ancien ;

- téléconsul­tation en maison de retraite. Concernant la généralisa­tion à toutes les téléconsul­tations, les négociatio­ns en cours entre l’Assurance maladie et les syndicats de médecins portent sur la fixation du tarif de la prestation – probableme­nt autour de 25 €- et sur l’aide à l’achat de l’équipement nécessaire. « Il faudra aussi régler le problème des zones blanches dans lesquelles Internet ne passe pas » souligne la Secrétaire générale de la SFT.

Pour les assurés, le remboursem­ent de la téléconsul­tation par la Sécurité sociale (et les complément­aires) sera subordonné au respect du parcours de soins : prise d’un rendez-vous avec le médecin traitant ou, sur sa recommanda­tion, avec un autre praticien. Les consultati­ons sans rendez-vous et les urgences n’entrent donc pas dans ce dispositif de la consultati­on à distance. « Tout comme la téléconsul­tation via les platesform­es de sociétés privées ».

Par ailleurs, le patient devra avoir déjà consulté son médecin traitant et avoir subi au moins un examen médical au cours des 12 mois précédant la téléconsul­tation. Autrement dit, il devra avoir été ausculté « en chair et en os ».

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