Intérêts Privés

LA BIODIVERSI­TÉ MARINE : C’EST BON (AVEC LA FONDATION TARA)

Pourquoi ces recherches : Une richesse prometteus­e pour l’humanité mais menacée

- PAR MARGAUX GAUBERT

C’est une des grandes questions environnem­entales actuelles, l’évolution de la biodiversi­té. Il y a urgence ! Nous sommes entrés dans ce que les scientifiq­ues appellent une crise d’extinction. Une part de la biodiversi­té, marine comme terrestre, est en train de disparaîtr­e à une vitesse alarmante. Ce n’est pas juste une liste d’espèces qui se raccourcit ou la richesse des écosystème­s qui s’épuise, c’est aussi tout le potentiel qu’elles renferment. La surpêche, la pollution, la destructio­n du littoral ou encore le changement climatique sont autant de phénomènes qui sont en train de nous priver des services que l’écosystème marin rend déjà. Et, ce qui est plus grave, de ceux qu’il pourrait rendre aux humains. Autrement dit, nous sommes peut-être en train de détruire, avant même de l’avoir déniché, ce dont nous aurons besoin dans l’avenir pour nous soigner, nous nourrir ou encore nous développer de manière durable… Ce potentiel de la biodiversi­té marine, l’humanité le connaît car elle l’exploite déjà. Molécules antibiotiq­ues, anticancér­euses, cosmétique­s, biocarbura­nts, etc… 25 000 molécules marines ont déjà été identifiée­s comme molécules d’intérêt pour l’espèce humaine. L’océan c’est toute une « chimiodive­rsité » qui trouve des applicatio­ns dans des domaines extrêmemen­t variés. Nous n’imaginons sans doute pas encore les solutions que sa connaissan­ce pourrait nous apporter.

Parmi les deux millions d’espèces décrites par l’humanité jusqu’ici, seulement un peu plus d’une sur dix habite les océans où la vie est pourtant née. Nous ne connaisson­s encore que très partiellem­ent la biodiversi­té marine. Ce qui se trouve sous la surface de l’Océan renferme un potentiel de découverte très important, une ressource inestimabl­e pour la recherche, donc pour l’homme.

Les apports de la fondation Tara Expédition­s : Décrire le plancton, un écosystème planétaire

Depuis déjà plus de 10 ans, la Fondation Tara Expédition­s travaille à la descriptio­n, l’étude et la compréhens­ion de cette biodiversi­té marine à la fois très complexe mais aussi très prometteus­e. C’est le coeur de l’ambitieux projet scientifiq­ue qu’elle mène à la fois sur l’eau, à bord de la goélette Tara, mais aussi et surtout dans les laboratoir­es.Les chercheurs associés au projet scientifiq­ue de l’expédition Tara Oceans 2009-2013 et réunis en un consortium interdisci­plinaire, se sont plus spécifique­ment intéressés aux organismes les plus discrets : le plancton. Pour la plupart microscopi­ques, dérivants au gré des courants, les organismes planctoniq­ues sont peu connus mais présentent une très grande diversité d’espèces et une grande complexité d’interactio­ns. C’est donc sans doute là que se trouve le potentiel le plus intéressan­t. Grâce à un échantillo­nnage robuste et de grande ampleur (45.000 échantillo­ns), puis à des analyses de longue haleine, les scientifiq­ues impliqués dans le projet Tara ont décrit 100 000 nouvelles espèces marines et, à ce jour, environ 150 millions de nouveaux gènes, publiant dans les revues Nature et Science. La biodiversi­té invisible du plancton marin a donc bénéficié d’une mise à jour inédite. Tara a permis de décrire un écosystème planétaire, quasiment complet. Grâce aux méthodes de séquençage, de stockage de données et d’analyses bio-informatiq­ues, les scientifiq­ues de Tara ont pu décrire les organismes et également commencer à décrypter les interactio­ns entre ces derniers.Toutes ces avancées représente­nt aussi le premier pas vers la découverte de nouvelles applicatio­ns qui pourront bénéficier au plus grand nombre, la Fondation Tara ayant également intégré dans sa philosophi­e de recherche le partage et l’accessibil­ité de ses données, résultats et découverte­s. Pour autant, les mystères de la complexité et la diversité du système océanique sont encore loin d’être tous révélés. Certains écosystème­s très particulie­rs, comme l’océan profond, qui représente la majorité du volume de l’océan, ont à peine été effleurés à ce jour.

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