Intérêts Privés

CADEAUX OU DONS EN FAMILLE, ET SANS IMPÔT

- Éric Houser

Juin est traditionn­ellement le mois des mariages. Quant aux concours et examens, ils tombent également au seuil de l’été. Autant d’occasions, pour des parents, de « marquer le coup » en faisant un cadeau en argent à leurs enfants ou petits-enfants, quand ils franchisse­nt l’une ou l’autre de ces étapes sur le chemin de la vie. Ces gestes de générosité familiale sont envisageab­les aussi de manière régulière : pour un anniversai­re, à chaque Noël… Quand la qualificat­ion de « cadeau » ne peut pas être retenue,

le don réalisé peut avoir un impact successora­l et fiscal dont il faut tenir compte. Explicatio­ns.

Le cadeau doit correspond­re à un usage sociaL ou famiLiaL

« Un cadeau (ou présent d’usage) n’a pas le même profil juridique et fiscal qu’un don manuel », rappelle Nathalie Couzigou-Suhas, notaire à Paris. « Il n’est pas imposable aux droits de donation et, d’autre part, il n’en est pas tenu compte lors du règlement de la succession du parent qui l’a effectué ». Autrement dit, il échappe autant à l’oeil de l’administra­tion fiscale, qu’à celui des frères et soeurs du bénéficiai­re (ses cohéritier­s) lors de l’héritage.

Pour être qualifiée de « cadeau », la somme doit être donnée à l’occasion d’un événement précis, et correspond­re à un usage social ou familial : fiançaille­s ou mariage, Pacs, réussite à un examen, naissance d’un enfant, anniversai­re, Noël ou fin d’année (étrennes), etc. Un déménageme­nt, par exemple, bien que cela puisse être un événement dans une vie, ne répond pas à ce critère. Attention donc à respecter la dimension événementi­elle du cadeau ! Vous pouvez verser une somme d’argent sur un plan d’épargnelog­ement ou un livret bancaire ouvert au nom de votre enfant mineur à l’occasion de son anniversai­re, et répéter cette opération chaque année. « En revanche, un versement au mois le mois ne peut pas être considéré comme un présent d’usage », précise Nathalie Couzigou-Suhas. Il n’est pas inutile d’accompagne­r le cadeau d’une carte de voeux, d’une carte d’anniversai­re…, ou, en cas de virement, d’indiquer, dans le libellé, « étrennes de fin d’année », par exemple. Cela permet de se « préconstit­uer » une preuve en cas de litige (voir encadré page 45).

La somme ou vaLeur doit être d’un montant raisonnabL­e

D’autre part, la somme offerte ou la valeur de l’objet donné ne doit pas être disproport­ionnée par rapport au patrimoine et aux revenus de l’auteur du cadeau. « Il n’y a pas de pourcentag­e officiel », souligne Nathalie CouzigouSu­has. « Les tribunaux, lorsqu’ils sont saisis en cas de litige, se prononcent au cas par cas ». Exemple : une personne ayant un patrimoine de 400000 € et 5000 € de revenus mensuels a pu remettre à sa fille deux fois dans l’année, à titre de cadeau (de Noël et d’anniversai­re), la somme de 8000 € (16000 € offerts au total). On se place au moment de la remise du cadeau

pour évaluer s’il est proportion­né ou non. Peu importe qu’il prenne de la valeur par la suite (voir encadré précédent page 44).

Don en argent sous Deux moDalités

En dehors des cadeaux, on peut aussi donner de l’argent à ses enfants ou petits-enfants sans avoir d’impôt à payer, à condition de ne pas dépasser certains montants et d’étaler les dons dans le temps.

Un don manuel (remise d’espèces, chèque ou virement) est exonéré d’impôt s’il ne dépasse pas : - 100 000 € entre parents et enfants ; - 31 865 € entre grands-parents et petits-enfants. Ces abattement­s dits « personnels » se reconstitu­ent tous les 15 ans.

Le don familial exonéré est une simple variante de don manuel. « Il y a deux conditions à respecter

», rappelle Nathalie Couzigou-Suhas. « Le donateur doit avoir moins de 80 ans et le bénéficiai­re doit être majeur ». Le don peut être consenti hors impôt dans la limite de 31 865 €

(cumulable avec les abattement­s présentés ci-dessus page 45), possibilit­é renouvelab­le tous les 15 ans, au profit de descendant­s ou, à défaut, de neveux ou nièces.

Les règLes successora­Les à suivre

« Les enfants ne sont pas comptables entre eux, à la succession de leurs parents, des cadeaux qu’ils ont reçus de leur part », souligne Nathalie Couzigou-Suhas. En revanche, rien de tels pour les dons manuels ou familiaux ! Tous doivent respecter les règles successora­les : l’égalité de principe entre les héritiers directs, et la réserve héréditair­e. Si je donne telle somme à mon fils ou à ma fille, il en sera tenu compte à mon décès, pour que mes autres enfants ne soient pas désavantag­és (sauf si j’ai dispensé le bénéficiai­re de rapporter le don à la succession, dans un « pacte adjoint »). Par ailleurs, la somme donnée ne doit pas empiéter sur la part réservée à chacun de mes enfants. Faute de quoi, celui ou celle qui a reçu la somme pourra être obligé (e) d’en restituer une partie car les héritiers réservatai­res peuvent demander la « réduction » d’une donation ou d’un don qui porte atteinte à leurs droits.

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